Mon maquillage est minime — un soupçon de mascara et un peu de gloss à lèvres sont les seules choses que j’ai eu le temps d’appliquer. J’enregistre ma tenue : un jean slim et un tee-shirt blanc moulant, et ma veste fidèle en cuir par-dessus — décontractée, mais pas trop — ou du moins c’est ce que j’espérais. J’ai débattu entre les escarpins à talon qu’Isabelle a essayé de me persuader de porter, mais j’ai choisi de glisser dans des ballerines noires à la place. Je suis suffisamment nerveuse comme ça, la dernière chose dont j’ai besoin, c’est de m’inquiéter de savoir si oui ou non je vais me casser la figure sur mon visage. Comment sommes-nous censées planifier quoi porter pour un rencard lorsqu’on n’a aucune idée d’où nous allons ? Dieu merci, Caerus ne s’est pas pointé en costume, sinon j’aurais été royalement foutue.
Ce n’est pas seulement un mec ; c’est un homme splendide, une superbe pause coca light. Ses cheveux noirs et sa peau mate lui donnent un air exotique et mystérieux et, même de loin, je peux apercevoir sa mâchoire finement ciselée, assombrie par une pointe de barbe de trois jours qui contraste fortement avec les flics rasés de près tout autour. Il est grand, au moins trente centimètres de plus que mon mètre soixante, et il remplit parfaitement le smoking qui coûte probablement plus cher que ma voiture. Ses lèvres pulpeuses arborent un sourire après avoir dit quelque chose à la superbe fille de type asiatique à son bras. Je me surprends à me demander la sensation qu’auraient ces lèvres sur les miennes. Lorsque je parviens à retirer mon regard de sa bouche, je le regrette instantanément.
Cette fois il est plus près de moi, seulement quelques centimètres nous séparent et je sens les battements de mon cœur s’accélérer à son toucher. Je me penche vers lui, mon regard fixé sur sa bouche, la chaleur se rassemblant entre mes cuisses, ayant désespérément besoin, et de façon urgente, qu’il m’embrasse à nouveau. Mon corps entier semble reprendre vie lorsqu’il est près de moi, tout à l’exception mon cerveau. Il lui faut un peu plus de temps pour passer à la vitesse supérieure et le souvenir des mots d’Avery viennent s’abattre sur moi. « C’est une habitude de traîner en dehors des toilettes pour femmes ? »
Il se croit important, il pense pouvoir tout acheter pour s’en sortir. Il s’est tiré d’une plainte pour agression en achetant le seul témoin présent, et c’est seulement la partie émergée de l’iceberg. Les connards comme lui me répugnent. » La colère de Joseph commence à avoir du sens. Lorsque tu grandis dans une famille de classe ouvrière, il est difficile de respecter les hommes comme Caerus qui balancent leur richesse, se sortant de tout grâce à l’argent dans leur poche. « Ce n’est pas le genre de type que tu veux avoir dans ta vie. »
Ce n’était que des façades ; de jolis visages qui n’avaient rien à offrir d’intelligent ou de quoi que ce soit de plus profond qu’une simple baise. C’était le type de femmes sur lesquelles je jetais mon dévolu — celles que je pouvais envoyer balader en m’en battant les couilles. J’ai appris à mes dépens qu’il est préférable de ne pas posséder quoi que ce soit que l’on ne pourrait pas abandonner en un clin d’œil si les choses partaient un jour en vrille.