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Critique de afriqueah


Le style de Gaudé , fait de longues phrases lyriques, puis ponctué de petites phrases courtes, a ceci de particulier qu'il ignore les ponctuations : les dialogues sont intégrés au récit, sans apostrophes ni tirets, ce qui donne au texte une vie spéciale. Ce que pensent les héros du roman, de même, et ce qu'ils prévoient de dire et de faire, est intégré au texte. En fait, nous passons beaucoup de temps à préparer ce que nous allons dire, c'est donc très vivant d'écrire ce futur qui n'existe pas encore.
Ensuite, les mots tellement forts de créole haitien, , « Lavi pa facil »ainsi que les noms de personnes, , Mam'Popo, Jasmin Mangecul le dragueur, de rues, de quartiers , (Solidarité, Cité soleil ou Jalousie, ça ne s'invente pas) donnent vie au roman.
Allers retours entre le passé et le futur projeté, entre les quartiers pauvres de Port au Prince et les riches propriétés basées sur les hauteurs, entre l'amitié qui a uni les opposants au régime Duvalier père et fils, et la figure de leur tortionnaire, entre la mort de Nine et le désir de vie de sa soeur, entre les vivants et les esprits des morts.
Ce roman, débuté comme un chemin, un devoir de donner une nouvelle, semble bifurquer au moment du tremblement de terre. Par delà les questions sur la malédiction qui semble frapper Haïti (les années de dictature, la pauvreté, puis le tremblement de terre, réflexion que nous nous sommes tous fait) Gaudé semble s'enliser dans des descriptions sans fin, entre le vaudou qu'il cite abondamment, le surgissement des corps des morts depuis les entrailles de la terre entrouverte, la vengeance de ces morts sur les tontons macoutes. Croit il vraiment à cette invraisemblable revenue des morts sur terre, ou essaie t il de nous expliquer des croyances vaudous ? le fait est que le roman se perd dans des répétitions sans fin, avec des descriptions certes des ravages du tremblement de terre, qui nous rappellent le très bon « Ouragan »mais surtout les errements de certains protagonistes et une histoire d'amour peu crédible.
Dernière réflexion intéressante : si les morts reviennent sous forme d'esprits, et de corps dans le cas du livre, il nous faut les raccompagner, car vouloir les garder près de soi c'est avoir peur du deuil.
Cependant, les longues, interminables digressions autour de ce sujet, pendant des pages et des pages, ainsi que l'évocation constante de la peur, de la sueur, m'a, je l'avoue, fatiguée un peu. Et c'est avec soulagement que j'ai terminé ce livre, commencé pourtant dans le plaisir de lire.

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