AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782330039714
249 pages
Actes Sud (07/01/2015)
  Existe en édition audio
3.9/5   830 notes
Résumé :
Une jeune femme revient à Port-au-Prince où elle veut désormais inventer sa vie, et pourrait même se laisser aller à aimer. Mais la terre qui tremble redistribue les cartes de toute existence.
D’une plume tendre et fervente, Laurent Gaudé trace au milieu des décombres une cartographie de la fraternité qui seule peut sauver les hommes de la peur et les morts de l’oubli.

En ce matin de janvier, la jeune Lucine arrive de Jacmel à Port-au-Prince p... >Voir plus
Que lire après Danser les ombresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (165) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 830 notes
Sarabande macabre.

Laurent Gaudé est un voyageur littéraire, en lieux et époques.
Apres l'Antiquité, l'Italie, la Sicile, la Nouvelle Orleans, c'est dans Port-au-Prince, "ville puante, grouillante et frénétique" qu'il a posé sa plume, dans la chaleur, le bruit et la foule, à travers les pages d'un remarquable roman humaniste.

Comme un échiquier aux pièces bien ordonnées, quelques beaux personnages vivent leur vie terrestre entre amitié, amour, nostalgie et haine, miroirs des soubresauts politiques de Haïti, sur plusieurs décennies.
Saul, le médecin raté, à l'enthousiasme de liberté brisée par les émeutes sous présidence Aristide,
Lucine la belle, à la jeunesse étudiante sacrifiée aux responsabilités familiales.
Le vieux Matrak, planqué dans son taxi, cherchant à faire oublier son passé de tortionnaire du temps des Duvallier,
Et la petite colonie d'amitié gravitant dans l'ancien bordel du vieux Tess, entre jeux de dominos, poésie, souvenirs et discussions politiques.
Le décor est en place...

Et la terre trembla et dansa, un 12 janvier...
Tourneboulant les morts et les vivants, en ronde frénétique et macabre.

Après quelques pages impressionnantes d'effroi en instantanés du séisme, l'auteur place ses personnages sur la frontière fragile entre vie et mort, dans une culture où les superstitions vaudou, aux signes mystérieux, entremêlent terreurs et fatalisme.
Qui est mort et qui est vivant? Chacun se cherche, se retrouve mais pour combien de temps?

Une écriture lyrique, un requiem qui s'emballe au rythme de la vie, de la mort, du danger et de la peur, une atmosphère mystérieuse chargée de fantaisie, de couleurs, de gaité, de poussière et de douleur.
Et la fraternité partout, toujours, entre tous, qu'elle soit dans le plaisir des soirées d'amitié ou dans la fouille frénétique des décombres.

Laurent Gaudé fait danser dans une dernière ronde mystique les disparus et les survivants, comme un devoir de mémoire pour les premiers et une reconnaissance au courage des seconds. C'est un message d'espoir à la reconstruction et à la vie renaissante.
Commenter  J’apprécie          900
Avec plein de finesse et de talent, Laurent Gaudé raconte Haïti : la pauvreté, la dictature, les tontons macoutes, la vie qui aura le dessus malgré la torture…
La vengeance est un plat qui se mange froid. Et le pardon, est l'instrument qui permettra aux survivants de vivre et à la peur de s'effacer.
Mais la terre s'en mêle aussi… Il faudra accepter. Accepter que des personnes que l'on aime, disparaissent du jour au lendemain, sans distinction de sexe, de condition, d'âge, d'avoir été bons ou mauvais, de classe, d'origine, de couleur… Et surtout, il faudra en faire son deuil, dans une communion totale de toute la population, à travers toute la ville, afin d'éloigner les morts.
Que d'émotion dans ce livre. Laurent Gaudé réussit à nous faire partager le drame qui s'est produit à Haïti. Comme à chacun de ses ouvrages, c'est une véritable réussite.
Je m'étais dit que je ne lirais pas ce livre, car encore un drame, un moment de désespoir. Mais s'est sans compter sur l'énergie de Laurent Gaudé, qui nous emmène et nous emporte avec lui, par la puissance de son écriture. C'est fabuleux d'atrocité, de peur, de mort, de joie, d'espoir. Et ce qu'il nous dit, c'est que la Vie est plus forte que tout.
Commenter  J’apprécie          765
Nine la bancale, Nine la voluptueuse, Nine la grande soeur venait de mourir. Dans une chaleur étouffante qui fait transpirer les voyageurs de ce bus, Lucine appréhende de descendre. Un voyage éprouvant de Jacmel à Port-au-Prince et pourtant, une fois le pied à terre, c'est toute sa ville qu'elle retrouve, colorée, puante, grouillante, bruyante mais aussi toute son existence. Une ville qu'elle a abandonnée il y a 5 ans mais qu'aujourd'hui, elle ne veut plus quitter. Tant pis pour les enfants de Nine, tant pis pour son autre soeur Thérèse, elle sent qu'elle est à nouveau chez elle. Elle prend la route vers Pétion-ville, le quartier des riches, là où habite Armand Calé, le père du premier enfant de Nine...
Autour de Lucine, dansent Firmin, un chauffeur de taxi qui semble cacher un passé douteux; Saul, un médecin raté, le bâtard de la famille Kénol; Lily, une jeune fille de 16 ans qui est venue ici finir ses jours; le vieux Tess, propriétaire d'un ancien bordel, le Fessou, devenu le lieu de rendez-vous des amis ou encore Jasmin, le séducteur de ces dames mariées...
Et la terre, bientôt le théâtre d'une tragédie humaine...

Laurent Gaudé nous offre un vibrant hommage à Haïti, île qui subit un terrible tremblement de terre en janvier 2010 et qui fit 300000 victimes.
L'auteur marche sur les pas des vivants mais aussi des morts, dans cette ville habitée par les esprits, les croyances et les morts. Il fait la part belle à la fraternité, la solidarité qui anime les hommes et dresse un portrait touchant de cette population qui fourmille, pleinement vivante et qui, toujours, se relèvera mais aussi hantée par son passé dictatorial et son histoire. Il raconte avec son coeur cet événement qui l'a secoué, le chaos qui régna, l'incompréhension et plus que tout la volonté d'aller de l'avant et d'enterrer les morts. Dans cette capitale blessée, l'on est soufflé par la force des mots, l'écriture lyrique, passionnelle et saccadée. Un roman intense, mystique et vibrant...

Danser les ombres... danser les morts...
Commenter  J’apprécie          620
Ils sont nombreux à déambuler dans les rues de Port-au-Prince en ce 11 janvier 2010.
Lucine est revenue en ville après cinq années d'absence. Elle avait été de toutes les luttes contre la dictature d'Aristide, elle rêvait de justice et de liberté. Elle avait laissé derrière elle sa jeunesse pleine d'espoir pour retourner à Jacmel et élever les enfants de sa soeur Nine, éternelle amoureuse, éternelle blessée par les hommes. Mais Nine est morte et Lucine vient demander des comptes au lâche qui a engrossé sa soeur.
Saul, brisé par son enfance de bâtard, brisé par les coups infligés par les partisans d'Aristide. Saul se rêvait médecin mais il n'a jamais obtenu son diplôme. Saul soigne quand même. Il apporte un peu de réconfort, soulage un peu de la douleur des plus défavorisés dans les quartiers pauvres de Port-au-Prince.
D'autres encore vont se croiser en ce dernier jour d'insouciance : Firmin, Tess, Pabava, Sénèque, Jasmin, Lily, Mam' Viviane, Ti Sourire. Et tant d'autres anonymes, peuple de Port-au-Prince, riches ou pauvres, morts ou vivants, qui font vibrer, tourbillonner cette ville grouillante de vie.
Ils ne savent pas de quoi sera fait demain…Le 12 janvier, jour funeste où la terre va trembler pendant trente-cinq secondes.

Superbe plume de Laurent Gaudé qui en quelques portraits bien brossés nous invite à découvrir l'histoire du peuple haïtien, de ses luttes contre la dictature et la misère, de ses croyances. Des tontons macoutes des Duvalier père et fils à la répression sanglante d'Aristide, ils ont connu la torture, voire la mort, pour avoir contesté un pouvoir autoritaire et inégalitaire. Mais ils restent profondément attachés à la vie, à leur pays, à leur ville. Port-au-Prince, faite de bric et de broc, de bruit et de fureur, de taudis et de maisons de maître. Port-au-Prince qui va s'effondrer comme un château de cartes, laissant sur le pavé les riches et les pauvres, les vivants et les morts.
Laurent Gaudé convoque toute la mythologie vaudou pour nous entraîner dans une folle sarabande à travers la ville meurtrie, la ‘'ville tremblée''. Une danse débridée durant laquelle les ombres doivent laisser la place à la lumière d'un avenir à reconstruire.
Magnifique roman d'amour… pour Haïti, pour l'être humain, pour la fraternité, pour la liberté, pour la révolte, Danser les ombres mêle poésie et violence, réalisme brut et onirisme vaudou.
A lire.
Commenter  J’apprécie          556
On dit souvent que la musique est le langage de l'âme. Et c'est tellement vrai !
Qui n'a jamais été transporté par une voix ? Qui n'a jamais eu la chair de poule et le poil qui se dresse au son d'une mélodie ?
Peut-on en dire autant des mots ?
Oui, sans doute, la poésie est capable de faire naître en nous des émotions aussi profondes. C'est aussi le cas, au théâtre, lorsque les mots sont portés, transfigurés par un comédien qui y met toute son âme.

Y a-t-il des romans capables de cela, aussi ? Des romans qui font naître en nous une émotion si intense, impossible à expliquer, impossible à traduire en mots, parce que justement c'est à notre âme qu'ils s'adressent.
Il en existe sûrement des tonnes et pourtant, il me semble bien n'en avoir jamais lu.
Jusqu'à aujourd'hui.

Danser les ombres a fait naître en moi cet émoi que seule la musique de Mozart ou encore de Muse parvient à susciter. C'est comme s'oublier soi-même, perdre pied avec la réalité, rendre les armes de la raison.

Platon dit : « La musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée. »
J'ai vraiment envie de dire la même chose pour Danser les ombres.

Parce que c'est un roman fort qui nous parle de la souffrance d'un peuple maudit, souvent frappé par le destin, souvent meurtri dans sa quête de liberté, et blessé à nouveau par les tremblements de terre.
Mais c'est aussi un roman qui crie les silences, l'hébétude, la solidarité …
Laurent Gaudé prête sa plume sublime à ce peuple d'Haïti qui nous entraîne dans les méandres profonds de l'âme.

Et c'est à cet instant que le lecteur se met lui aussi à danser les ombres porté par ce cortège macabre qui est loin d'être aussi sinistre que ne laisse présager sa qualification.


C'était mon premier Gaudé. Ce ne sera certainement pas le dernier.
Commenter  J’apprécie          5212


critiques presse (16)
LeMonde
27 mars 2015
L’écrivain dramaturge joue autant de sa faculté d’empathie que de sa maestria à animer les ombres. Indispensable au pays de l’esprit Ravage et des cérémonies vaudoues.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
16 février 2015
Autour de cette tragédie sismique, de ces quelques secondes d'éternité qui constituent l'épicentre du roman, établissant de manière assez convenue qu'un événement de cette ampleur nécessite un avant et un après, on ne perçoit guère l'atrocité des corps disloqués ou écrasés, l'urgence de vivre. Les rivages de l'émotion nous restent inaccessibles.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
16 février 2015
Avec une plume exercée et poétique, Laurent Gaudé offre une histoire qui se tient, sur un sujet touchant, mêlant souvenirs et réalité, les morts et les vivants, l'espoir et le désespoir. Bref, un livre qui se veut un hommage émouvant et bouleversant. Mais pour moi, Laurent Gaudé en fait beaucoup trop.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
12 février 2015
L'intrigue délaisse assez vite l'opposition entre les riches et les pauvres au profit de celle entre vivants et morts : " Les morts doivent être semés sur le chemin et ne plus jamais savoir comment revenir dans le monde des vivants ". Que deviendront-ils ? Peu importe au final, mais comme le dirait Nine, la soeur de Lucine : " c'était magnifique ".
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
11 février 2015
Avec en toile de fond l'esprit des ombres, celui du vaudou, et cette inflexion grave des voix chères qui se sont tues, Laurent Gaudé brosse là un vibrant hommage au peuple haïtien, celui de tous les combats. Avec pour seule arme, l'intarissable amour de la vie.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesEchos
11 février 2015
L’écrivain sorcier invente un sortilège vaudou pour remettre finalement la mort à sa place et permettre aux vivants de faire leur deuil. « Danser les ombres » atteint des sommets de poésie et de lyrisme dans cette procession finale macabre et magnifique qui sert au tri des hommes et des âmes.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Lexpress
09 février 2015
Des vies qui gesticulent mais articulent "l'immobilité vague du bonheur" car c'est de cela dont il s'agit dans ce petit livre sans emphase. De la vie de ces êtres qui n'ont rien mais donnent tout malgré les Duvalier et leurs tontons-macoutes, la faim mortifère de la Terre, la désespérance de la subsistance au jour le jour.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
06 février 2015
Pour raconter l'indicible, Laurent Gaudé tisse un lien entre le passé et l'instant, les vivants et les morts, les corps et les esprits. Tout au long du récit, j'ai senti la pulsation vitale animer ses lignes et éprouvé la vibration intense des rires et des larmes.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
06 février 2015
Une véritable ode à la fraternité avec un grand "F", à l'amitié et une très belle histoire d'amour entre Saul et Lucine. Une découverte également des contrastes révoltants entre richesse et pauvreté sur cette île avec pourtant une dignité dans la pauvreté à méditer par nous, occidentaux!
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeFigaro
06 février 2015
Roman de vie et de mort, Danser les ombres est un chant d'amour à Haïti, découverte récemment par l'auteur du Soleil des Scorta. Néophyte ne veut pas dire ignorant. Une multitude de détails tirés de l'observation scrupuleuse de la vie en Haïti en composent le plus authentique des portraits.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Lexpress
03 février 2015
Extrêmement bien documenté, vivant, émouvant, sachant mettre en scène des personnages attachants, Danser les ombres est une réussite fort bien maîtrisée, qu'il s'agisse de la narration ou du style, par moments poétique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
03 février 2015
Danser les ombres de Laurent Gaudé de par son écriture sensuelle et tout en retenue délivre un roman empreint d'humanisme et imprégné de traditions Vaudou.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
28 janvier 2015
Il y a du Hugo là dedans, mais oui ! Même empathie pour les petites gens soumis à la force des éléments, même volonté de dénoncer le contraste insupportable entre la misère des uns et la richesse des autres, même veine mystique qui ici s'affranchit des limites en abolissant la frontière entre le monde des morts et celui des vivants.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lexpress
28 janvier 2015
Tour à tour naturaliste et surréaliste, Danser les Ombres, nous émeut, dès les premières lignes, puis nous envoûte. Laurent Gaudé possède ce rare talent de conduire le lecteur vers un véritable état d'extase littéraire.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Culturebox
13 janvier 2015
"Danser les ombres" est un grand roman lyrique, qui emporte le lecteur dans sa danse. Un très bel hommage au peuple et à la terre Haïtienne, cinq ans après le séisme qui l'a ravagé.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
12 janvier 2015
Du sang haïtien coulerait-il dans les veines du Parisien Laurent Gaudé? A découvrir l'authenticité de sa pléiade de protagonistes caribéens, ses frères de plume (Lyonel Trouillot, Dany Laferrière...) ne devraient pas le renier.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (149) Voir plus Ajouter une citation
Mais d'un coup, sans que rien ne l'annonce, d'un coup, la terre, subitement, refusa d'être terre, immobile, et se mît à bouger ...

Durant trente-cinq secondes qui sont trente-cinq années ...

À danser, la terre ...

À trembler.

Ce n'est d'abord qu'un grondement, l'oscillation anormale des murs. Les hommes regardent les plafonds sans comprendre. Que se passe-t-il ? ... Qui peut mettre un nom sur cela ? Les bouches s'ouvrent grandes, les yeux aussi. Ils suspendent leur phrase, leur main, leurs pensées. Ils regardent partout pour essayer de saisir ce qu'il se passe. Est ce que ce vrombissement des murs, du sol, ne se produit qu'ici, ou dans tout le quartier ? ... Est ce que cela va durer ? ... Les secondes passent mais elles semblent être dilatées à l'infini. Des bruits résonnent partout, etranges, et les hommes sont stupéfaits. Que se passe-t-il ? ...

Et puis, la peur monte. Parce qu'ils comprennent. Partout où ils sont, les hommes n'ont pas encore nommé ce qui se produit mais ils comprennent le danger. La terre n'est plus terre mais bouche qui mange. Elle n'est plus sol mais gueule qui s'ouvre. A 16h53, les rues se lézardent, les murs ondulent. Toute la ville s'immobilise. Les hommes sont bouchés bées colle si la parole avait été chassée du monde.
Trente-cinq secondes où les murs se gondolent, où les pierres font un bruit jamais entendu, jamais ressenti, de mâchoire qui grince.

Hommes, ce qui est sous vos pieds vit, se réveille, se tord, souffre peut-être , ou s'ébroue. La terre tremble d'un long silence retenu, d'un cri jamais poussé.
Commenter  J’apprécie          160
Les efforts lents d'un peuple vers la liberté, un peuple qui se secoue le dos pour faire tomber les sangsues du pouvoir, qui se bat pour que ses fils fassent des études et vivent mieux que ses aînés, pour qu'il n'y ait plus de Bourik Travay qui, dès l'âge de douze ans, porte toute la journée des poids harassants, sans jamais souffler et puis finalement, le néant...En quelques secondes...A quoi cela a-t-il servi ? ...Qui se joue d'eux ?...Un dieu mauvais ? Ou le hasard simplement, qui s'obstine comme il le fait parfois lorsque le dé a décidé de ne plus donner qu'un seul chiffre, toujours le même, celui qui porte la poisse ? 
Commenter  J’apprécie          200
Hommes, ce qui est sous vos pieds vit, se réveille, se tord, souffre peut-être ou s'ébroue. La terre tremble d'un long silence retenu, d'un cri jamais poussé.

Hommes, trente-cinq secondes, c'est un temps infini et vos yeux s'ouvrent autant que les crevasses qui lézardent vos routes et les murs des maisons. En ce jour, à cet instant, tous les oiseaux de Port-au-Prince s'envolent en même temps, heureux d'avoir des ailes, sentant que rien ne tiendra plus sous leurs pattes, et que, pour les minutes à venir, l'air est plus solide que le sol.
Commenter  J’apprécie          190
Le temps avait déserté cet endroit. Il s'y était d'abord précipité avec ardeur, déposant mille clameurs, bris de verres, cris de jouissance, rires d'amis, larmes de filles usées par le dégoût de soi, le temps était passé ici, avec ces dictatures, ces rêves de liberté, ces complots murmurés et maintenant, il était définitivement parti et il ne restait plus que les murs et le Vieux Tess, plongés dans un calme étrange, avec simplement le coq de cette arrière-cour devenue jardin pour rappeler qu'il était encore des jours et des nuits et que le monde, au-dehors, courait toujours avec la même impatience.
Commenter  J’apprécie          160
"Suffit les morts. Vous voulez les garder près de vous parce que vous avez peur du deuil. Mais les morts ne peuvent rester ici simplement pour éviter aux vivants de pleurer. Ils vont attendre. Errer. Devenir fous. Je le dis, moi qui ne parle jamais, il n'y a pas de vie sans désir et les morts n'en ont plus. Ni projet, ni impatience. Ils seront là comme des arbres morts, contemplant la vie qu'ils n'ont pas. Suffit les morts! Que ceux qui veulent les retrouver cessent de vivre! Pour les autres, il est temps de les raccompagner. ... Nous allons danser les ombres. Et le monde se refermera. ... Pour que les vivants puissent vivre, il faut que nous semions les morts."
Commenter  J’apprécie          140

Videos de Laurent Gaudé (100) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laurent Gaudé
Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles s'apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s'autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n'annonce encore l'horreur imminente. Laurent Gaudé signe avec *Terrasses* un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l'humanité qui éclot au coeur d'une nuit déchirée par l'impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
le nouveau livre de Laurent Gaudé est en librairie. Lire les premières pages : https://www.actes-sud.fr/terrasses #litterature
--- Retrouvez-nous aussi sur les réseaux sociaux ! • Facebook : https://www.facebook.com/actessud/ • Instagram : https://www.instagram.com/actessud/ • Twitter : https://twitter.com/ActesSud
Suivez nos actualités en vous abonnant à notre newsletter : https://share-eu1.hsforms.com/1_fVdYaQZT-2oDIeGtNS41wf4a19
+ Lire la suite
autres livres classés : haïtiVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (1624) Voir plus



Quiz Voir plus

Laurent Gaudé

En quelle année est né Laurent Gaudé?

1965
1967
1970
1972

10 questions
175 lecteurs ont répondu
Thème : Laurent GaudéCréer un quiz sur ce livre

{* *}