-- Maman, tu es encore en train de travailler? demande Florence, qui s’apprête à aller se coucher après son bain.
(…)
-- Oui, ma chouette.
-- Pourquoi tu ne veux pas arrêter? Moi, quand j’ai fini l’école, j’arrête.
-- C’est parce que j’aime beaucoup ce que je fais, tu sais. J’ai tellement de plaisir que c‘est presque comme si je ne travaillais pas, en fait.
-- Ça se peut, ça? grimace Florence, sceptique.
(…) les autres devraient être des compagnons qui marchent à côté de toi. Pas des béquilles sans lesquelles tu ne puisses pas marcher.
Mélissa croyait avoir touché le fond du baril quelques jours plus tôt, mais elle se figure qu’elle devait manquer d’imagination. Sa vie est encore pire à présent.
(…) à quoi ça me sert, d’avoir un plancher si propre qu’on pourrait manger dessus si je n’ai personne avec qui partager ce plancher? De toute façon, lécher les planchers ne figure nulle part dans ma liste de passe-temps.
La culpabilité est un poison pour l’âme. Ne la laisse pas envahir ta vie, où elle finira par te tuer à petit feu.
« Mylène descend de sa voiture. Elle s’immobilise sur le trottoir,
lève la tête et voit la fine neige tomber du ciel. Elle est
certes du genre cynique et parfois brusque, mais il y a
encore de ces petites choses qui lui rappellent les doux plaisirs
de l’enfance. Comme laisser les flocons de neige se poser
doucement sur ses cheveux. Puis rentrer à l’intérieur avec sa
parure blanche et scintillante sur la tête, qui fondra aussitôt
en gouttelettes. »
« Melissa rit comme une fillette, elle qui adore ce moment
où tout est encore intact, avant que les invités se servent :
une véritable symphonie pour les yeux. C’est à cet instant
qu’elle ressent le plus de fierté et de satisfaction dans son
travail. »
« Encore une fois, Melissa se plaît à se faire croire que c’est un signe, qu’on s’adresse à elle. Même si elle sait qu’elle se fait des idées. Qu’elle pourrait bien essayer de lire l’avenir dans un plat de jujubes, ça ne changerait rien. Grand-maman Carabella aimait tellement voir des signes partout, des bonnes ou des mauvaises choses pour savoir comment se déroulerait le reste de la journée ou quelle décision prendre. Au fond, Melissa s’est toujours douté qu’elle ne faisait que chercher une vague confirmation de ce qu’elle savait déjà sans se l’avouer. Veronica a gardé cet aspect marginal de sa mère, avec le même esprit. Après tout, prendre des décisions uniquement avec sa tête et les faits, c’est ennuyeux, non? »