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Critique de scob


Je ne lis jamais les pitches sur les quatrièmes de couverture avant de lire un livre. Je ne les lis qu'après coup. J'ai pris l'habitude de choisir les livres dans les librairies sur des critères purement incompréhensibles. J'adore découvrir au fil des premières pages l'endroit où l'auteur a décidé de nous entraîner, les personnages de l'histoire, voire même l'époque sans avoir aucune idée préconçue au départ.

Grand bien m'en a pris pour ce roman !
Si j'avais lu le pitch, j'aurais perdu l'effet de surprise du milieu du bouquin. Je ne dévoilerai donc pas qui s'avère être le principal protagoniste de ce roman. Si l'excitation vous assaille et que vous ne pouvez pas vous retenir de connaître l'identité de ce luthier, vous pouvez retourner le livre (devant/derrière hin, parce que de haut en bas, ça ne vous apportera rien) et vous serez comblés.

Il s'agit donc d'un roman un poil biographique, même si l'auteur indique, en commentaire de fin, que le début de la vie de luthier était assez mal documenté et que ça laissait une certaine latitude dans la fiction.

L'histoire se passe dans le nord de l'Italie, à Crémone, à une époque où celle-ci n'etait pas encore unifiée. On est autour des années 1650. Antonio est donc un jeune homme, un peu tête de mule, un peu impulsif, qui se fait embaucher chez le maître luthier Amati pour fabriquer des violons. Mais, il ne va pas y rester longtemps car il a pris la mauvaise habitude de fracasser les violons qui lui semblaient ne pas sonner comme il faudrait. Donc forcément, ça ne plaisait pas à son patron qui, après un certain nombre de pétages de plomb, lui a fait signe de prendre la porte.

À ce stade, vous pourriez me dire qu'un Luthier qui s'appelle Antonio vers 1650, aurait pu me mettre la puce à l'oreille quant à l'identité de ce drôle de gars. Mais, c'était sans compter sur mon manque flagrant de culture générale en termes de luthiers célèbres. Bref, je n'ai rien vu venir. Et c'est finalement ça qui était cool. L'avantage d'être inculte (mais curieux), c'est qu'on ne peut que s'améliorer. En revanche, être inculte sans être curieux ne présage rien de bon, sauf pour les téléspectateurs des Marseillais contre le reste du monde (et les producteurs de cette "émission" accessoirement).

En tout cas, Antonio, il se retrouve un peu dans la mouise car il n'a plus de boulot. Mais comme il adore faire des violons, il va se lancer tout seul comme un grand, avec l'assentiment de sa femme, qu'il aime plus que tout (ou presque). Son objectif, c'est de faire le violon parfait. Et pour cela, il lui faut des matériaux de qualité optimale, dont en premier lieu, le bois. Il va dont entamer un pèlerinage dans la forêt de Paneveggio. Il va faire la connaissance de Giuseppe, le propriétaire d'une forêt dans laquelle il y a des épicéas censés être parfaits pour la qualité sonore de l'instrument. Mais Antonio n'a pas de thunes. Il passe donc un deal avec Giuseppe : ce dernier lui donnera 5 arbres à condition qu'Antonio lui fabrique sur place 5 violons sur une période d'une vingtaine d'années. La légende raconte que certains traders de Wall Street se seraient reconvertis en bûcherons dans le Montana en apprenant la plus-value réalisée par le forestier.

Mais ce n'est pas la seule personne qu'Antonio rencontrera dans ce petit hameau perdu dans les montagnes. Il sera intrigué par la personnalité étrange de la fille de Giuseppe, sourde et muette, sans prénom donné par ses parents (parce que ça sert à rien vu qu'elle ne pourra ni le prononcer ni l'entendre) mais qui s'est prise de passion pour la lutherie, et aussi pour Antonio accessoirement.

Et Antonio va chercher la formule magique du violon parfait au fil des cinq violons qu'il va fabriquer pour Giuseppe. Et il va évidemment la trouver à un niveau tel qu'il va révolutionner le monde du violon pour des décennies, voire des siècles.

Chaque génie a sa muse. Antonio aura également la sienne, ou les siennes, in fine.

Autre époque, autre lieu, autre ambiance. Il y a des similitudes avec le roman "la jeune fille à la perle" de Tracy Chevalier retraçant une période de la vie du peintre Johannes Vermeer lors de laquelle il peindra ce tableau.

Je ne sais pas pourquoi mais j'ai également eu des images du film "la leçon de piano" de Jane Campion qui me sont venu en tête en lisant ce livre. Les associations d'idées, ça ne s'explique pas. Cela reste tout de même dans le thème de la passion de la musique, il y a quand même une certaine cohérence. J'aurais pu avoir des images de Gozilla ou des bronzés 3 ... on se rassure comme on peut.

Dans tous les cas, ce roman court est très émouvant. Il parle de la passion d'un homme pour la musique, pour son art - la lutherie - (ou quand un artisan se transforme en artiste), de l'amour, de l'amitié et de la recherche de la perfection ultime.
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