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Critique de JustAWord


Doit-on encore présenter Laurent Genefort, certainement l'un des auteurs de science-fiction français les plus connus et les plus doués en activité ?
Après Memoria et Points Chauds chez le Bélial', le voici qui débarque dans la fameuse collection Une Heure Lumière avec la novella Opexx qui nous transporte de nouveau dans un futur lointain à la découverte du Blend, une immense communauté extra-terrestre qui a radicalement changé l'existence des hommes…

Sorte d'ONU version extra-terrestre, le Blend a permis à l'humanité d'accomplir de fabuleux progrès technologiques. Bien entendu, tout se paye et en retour les hommes fournissent aux races xenos une compétence très particulière où l'humanité excelle : la guerre.
La force Opexx regroupe des soldats prêts à intervenir un peu partout dans la galaxie moyennant certaines modifications corporelles ou psychiques pour opérer à plein régime dans des environnements parfois radicalement hostiles pour l'homme. Afin d'éviter toute contamination et de ne pas laisser les combattants de retour de mission complètement inaptes à la vie sur Terre, les gars de l'Opexx subissent la DP (pour DéProgrammation) qui efface les souvenirs de leurs diverses opérations. Mais pour notre narrateur, lui aussi soldat de l'Opexx, un drôle de syndrome — le syndrome de Restorff — lui permet d'échapper au moins en partie à cette procédure d'effacement en même temps qu'il lui enlève une capacité pourtant éminemment humaine : l'empathie. Au cours de ses différentes missions et en gardant pour lui les souvenirs de ses nombreuses expéditions, notre narrateur s'interroge sur ce qu'il voit et sur ce qu'il fait mais aussi sur la place réelle de l'homme dans ce petit marchandage intergalactique.
Laurent Genefort, comme à son habitude, parvient rapidement à installer un univers cohérent et fascinant où les races extra-terrestres pullulent.
Sa capacité à inventer d'autres espèces, toutes plus incroyables les unes que les autres, n'a d'égale que son imagination débridée pour créer des mondes exotiques et inattendus. C'est à la fois la plus grande force d'Opexx mais aussi sa plus grande faiblesse tant on sent l'immensité de l'imagination de l'auteur poindre derrière cette histoire finalement très intimiste, donnant à l'ensemble un sentiment frustrant de “trop peu”. Il faut avouer que certaines créations, comme ces créatures géantes qui portent sur eux des peaux recouvertes d'écritures et semblent constituer la mémoire de l'univers, sont d'une poésie et d'une beauté tout à fait saisissantes. Pourtant, Opexx n'est pas qu'un simple voyage touristique et xénobiologique.
C'est aussi un récit sur le manque.

Ce manque, c'est celui ressenti par notre narrateur, un soldat dénué d'empathie et qui doit régulièrement mentir ou jouer la comédie même auprès de sa femme et de sa fille, afin de pouvoir vivre en société.
Paradoxalement, ce soldat d'élite finit par trouver quelque chose qui lui redonne un certain goût pour l'existence : l'ailleurs. C'est la multiplicité des espèces, des planètes, des êtres qui finit par lui redonner cette sensation tant recherchée et si particulière d'être humain. Son manque d'empathie lui donne également un autre avantage inattendu : il arrive bien mieux à prendre du recul sur ses congénères que ses compagnons d'armes… mais aussi sur les xenos pour lesquels il travaille. Peu à peu, on s'interroge avec lui : le Blend traite-t-il réellement les humains comme il le devrait ? S'en servent-ils pour faire le sale travail ? Les considèreront-ils un jour digne de pleinement intégrer la communauté intergalactique ? Tout cela constitue-t-il un test ? Laurent Genefort s'interroge de nouveau sur l'incommunicabilité qui peut exister entre les peuples et plus particulièrement entre des espèces ne partageant pas les mêmes référentiels. Peuvent-ils vraiment se comprendre, s'apprécier, s'estimer ? Peut-on même le savoir ? de nouveau, on reste un tantinet frustré par la brièveté de cette histoire régulièrement traversée par des personnages aussi atypiques que fascinants tel que Mike et ses oeuvres d'arts.
En soi, la novella de Laurent Genefort est un condensé de sense-of-wonder et d'interrogations sur l'altérité et la communication, et, surtout, elle passionne de bout en bout. On espère simplement revoir cet univers un jour prochain pour en apprendre toujours plus sur la vie extraordinaire qui grouille au-delà de notre Voie Lactée…

Dépaysante à souhait, débordant de races étranges et de mondes exotiques, Opexx est le récit d'une humanité qui cherche encore et toujours sa place dans l'univers. Un voyage envoûtant et déroutant qui laisse au lecteur la tête dans les étoiles.
Lien : https://justaword.fr/opexx-7..
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