Mademoiselle de Clermont est une nouvelle historique se déroulant entre 1717 et 1719, à la cour du jeune Louis XV (du moins si le roman est fidèle à la vérité historique). Mademoiselle est une princesse et, à ce titre, ne peut épouser qui elle veut, surtout pas monsieur de Melun qui lui est d'un rang inférieur. J'ai pris plaisir à lire cette histoire très bien écrite et à me plonger dans le style de l'auteur. Les dialogues sont vivants et empreints de sensibilité, les descriptions sont justes. En revanche, je ne dirais pas, comme le suggère la quatrième de couverture, que les amants « méritent une place au panthéon des couples mythiques de la Littérature »… car ce qui sépare ces personnages est avant tout leur propension à se conformer à l'étiquette. Pour moi, le véritable amour combat tous les obstacles, ou du moins il essaie ! Une véritable amoureuse ne va pas attendre dans son appartement toute une nuit alors que son amoureux a eu un accident ; ici,
mademoiselle de Clermont envoie sa femme de chambre prendre des nouvelles plutôt que de se déplacer elle-même, et se présente à la cour simplement parce que son frère le lui demande. L'étiquette et les conventions sont bien entendu un obstacle non négligeable, surtout à la cour du roi de France, mais pour deux amants qui ont pour eux la jeunesse, la richesse, la beauté et la santé, ce n'est rien !
le cachet « Oeuvre du Matrimoine » m'a fait lever les yeux au ciel : je reste persuadée que les éditeurs surfent sur le féminisme comme une mode pour mieux vendre. Je trouve que rééditer des textes est admirable, mais que le but dans lequel cela a été fait est manqué. L'avant-propos souhaite « donner à ces autrices la visibilité et la légitimité qu'elles méritent ». Pour la visibilité, c'est à peu près réussi, dans la mesure où autrement je n'aurais peut-être pas eu ce livre entre les mains ; cependant, pour rendre l'oeuvre de madame de Genlis légitime, j'aurais préféré que le livre contienne une biographie, une bibliographie, un contexte historique, une étude, ou au moins le contexte dans lequel cette histoire a été écrite. Mais non. À la place, la particularité de cette réédition est d'arborer une couverture rose bien niaise avec un portrait enfantin, des fleurs et des flèches de Cupidon… Bref, on voit bien que c'est quand même un livre destiné à un public féminin, parce que je doute qu'un homme, surtout un adolescent comme j'en ai tellement en classe, souhaite être vu avec ça entre les mains ! Pour moi, il aurait été bien plus judicieux de faire une couverture sobre et non genrée, (comme la précédente chez Folio) histoire que cette oeuvre puisse être lue par le plus grand nombre. La visibilité en aurait été améliorée.