C'est une fausse rumeur de dire que les libraires s'occupent de livres. Ils s'occupent des êtres humains.
Les livres ne cesseraient jamais de donner de l'amour à un lecteur ou une lectrice. Ils étaient un pôle sécurisant dans tout ce qu'il y avait d'imprévisible. Dans la vie. Dans l'amour. Dans la mort.
Souvent, ce ne sont pas nous qui influençons les mots que nous utilisons mais les mots que nous utilisons qui nous influencent.
Les livres protègent de la bêtise. Des faux espoirs. Des mauvais hommes. Ils vous revêtent d'amour, de force, de savoir. C'est la vie depuis l'intérieur.
Il appelle ses livres des libertés. Et aussi des havres, car c'est également ce qu'ils sont. (p.189)
Je suis la fille du grand arbre, d'un arbre fort. Mon bois se fait bateau mais il n'a ni ancrage, ni bannière. Je m'en vais chercher l'ombre et la lumière; je bois le vent et j'oublie tous les ports. Condamnée à la liberté, qu'on me l'offre ou que je me l'octroie moi-même. Dans le doute, je la porterai seule. (p.120)
Oui. L'être abandonné devait répondre par le silence. Il ne devait rien donner de plus à celui qui lui tournait le dos, il devait se fermer exactement comme l'autre se fermait à un avenir commun. (p.70-71)
Le mal du pays n'est qu'une forme de chagrin d'amour, mais plus grave.
- Pourquoi est-ce que tu l'épouse, ce viticulteur, en fin de compte ? (…)
- J'aime Luc. Et puis ce sera merveilleux quand nous seront mariés. Il me prend comme je suis. Il ne pose aucune condition. Je faisais déjà partie de l'avenir de Luc à une époque où tu ne savais même pas que tu te trouverais dans le même train que moi.
- Et tu ne veux pas lui faire de mal, c'est ça ? Tu ne veux pas l'obliger à changer ses plans ?
- Non, Jean. Non. C'est à moi que je ne veux pas faire de mal. Luc me manquerait. Sa générosité sans conditions. Je le veux. Je veux le nord et le sud. Je veux vivre avec tout ce qui est vivant ! Je fais le choix du Et, pas du Ou. Luc me laisse la liberté de tous les Et. Est-ce que tu en serais capable, toi, si nous étions mari et femme ? S'il y avait quelqu'un d'autre dans ma vie, un deuxième Jean, un Luc, ou deux, ou …
- Je préférerai t'avoir pour moi seul.
- Ah, Jean. Ce que je souhaite est égoïste. Je le sais. Je ne peux rien faire d'autre que te demander de rester auprès de moi. J'ai besoin de toi pour survivre.
- Toute ta vie, Manon ?
- Toute ma vie, Jean.
- Ça me suffit tout juste.
Tout le monde dispose d'une alcôve intérieure, un recoin où se cachent ses démons. Ce n'est qu'à condition de l'ouvrir et de les affronter que l'homme devient libre.