Pour la libido, le vieux célibataire que j'étais n'avait besoin d'aucun aiguillon supplémentaire et, quant aux calories, mon organisme avait trouvé depuis longtemps sa propre régulation. Le stress, les excès d'alcool, les nuits d'insomnie ou une rage intérieure, je n'aurais su dire ce qui était le plus efficace, mais je parvenais à conserver, en dépit d'une alimentation anarchique et aléatoire, la silhouette décharnée et déprimante d'un Iggy Pop neurasthénique. Sec comme un coup de trique, j'avais des muscles fins, saillants sous une peau tendue, et des flancs creux pouvant, selon l'éclairage, donner l'illusion d'une ceinture abdominale d'athlète.
« Si loin que nous portent nos pas, ils nous ramènent toujours à nous-même. »
La vieillesse ressemblait à l'escalade d'une montagne : plus on montait, plus on était fatigué mais plus notre vision s'élargissait.
Pétra… Sa dernière passion. De loin la plus belle. Le mariage du génie de la nature et du talent des hommes. D'immenses remparts de grès sculptés de gorges étroites et creusés de façades étonnantes. Bâtie à partir du IIIe siècle avant Jésus-Christ par les Nabatéens, redécouverte au début du XIXe par un aventurier suisse, la cité n'avait pas encore livré tous ses secrets
« Chaque hiver abrite en son cœur un printemps qui frissonne. »
Khalil Gibran, poète libanais (1883 - 1931).
Doushara est le dieu suprême du panthéon nabatéen. Il est assimilé souvent au grec Dionysos et au romain Bacchus. Notre texte date -a priori- du IVe siècle après notre ère. A cette époque, Pétra était devenue province romaine et avait perdu, non seulement son indépendance, mais également le monopole des routes commerciales. (p.158/159)