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Récit d'un mal-être dont les racines sont bien ancrées dans l'enfance, sans vouloir avancer à découvert, plongeant la narratrice dans un sentiment permanent de trouble et de désarroi.

Et pourtant ce roman est loin d‘être plombant! Il s'en dégage un tel travail sur la langue que le résultat n'incite pas à la mélancolie.

Fantaisie dans les noms de personnages, les parents,Swayze et Novatchok, ou les frères et soeurs, mots valises qui redéfinissent bien les lieux ou les objets, amour des mots rares, posés au gré du texte, comme autant de friandises, juste pour le plaisir.

Une autre originalité réside dans l'utilisation des mathématiques en guise de démonstration dans des situations qui normalement ne réclament pas cette discipline pour trouver des solutions ou des explications . Là encore, ce n'est pas gratuit, puisque la narratrice suit un cursus de maths.

Très réussi également l'évolution du langage, du bain verbal qu'il fait s'approprier jusqu'à la maturité désespérée et avide d'amour.

Ce néolangage, inventif et lacanien a ensoleillé ma lecture. Malgré tout, derrière l'exercice de style, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un cri de détresse et d'une recherche obstinée du pourquoi.

Premier roman très prometteur.

224 pages Verticales 24 août 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Récit à hauteur d'enfant puisqu'il débute lors de l'enfance de la narratrice. Sa famille n'est pas aimante : une mère violente et qui la repousse et un père distant et résigné.
Tous ont des surnoms assez singuliers. Quand le père se nomme, Swayze, la mère est Novatchok, et la maison est une praison, car le foyer prend parfois des allures carcérales. Son grand frère Grandoux ma protège tandis qu'elle rassure le plus jeune appelé Petit Prince.
Les autres, ce sont les Spartiates et leur vie est différente de celle de la narratrice.
« Les spartiates sont des humains comme Novatchok, Swayze, Grandoux, Petit Prince et moi, sauf qu'eux, ils habitent dehors. Ils se déplacent à plusieurs dans un groupe appelé leur famille. »
Elle imagine la vie de ces autres puisqu'elle ne peut aller chez eux.
Son existence à elle tourne autour de ses parents, elle vit au rythme des crises de sa mère. Son mal être est permanent et personne ne peut la protéger de cette « monstre horrifiante » qui sévit dans le blanc de sa tête.
L'originalité de ce roman réside dans le langage, singulier et original, qui invente un vocabulaire très personnel pour raconter cette vie d'enfermement, et cette peur qui lui noue le ventre. Les mots, toujours les mots, comme un mantra contre la violence maternelle
« Novatchok me force à me tordre au-dessus de la chaise, m'emmène par la queue de cheval jusqu'à la porte de ma chambre. Je tente de contrebraquer, elle frappe mes doigts, lâche mes cheveux, je me redresse, elle me cogne violement l'omoplate. On va faire un petit point entre quatre yeux. »
Ce langage inventé et inventif se mêle à l'autre, et on perçoit la singularité de la narratrice qui se sert des mots, les siens, pour exprimer son malaise.
Un jour vient où elle quitte la praison pour vivre sa vie, mais la monstre est toujours là, tapie, et le mal-être persiste.
« Quelque chose de semi-rigide qui dévore tout ce qui traîne, qui engloutit mes globules dans son réservoir comme un bras d'aspirateur infini. »
Pourtant, grâce aux mathématiques, un équilibre précaire se construit et cette « langue faite de symboles essentiels » rassure.
Il y aura l'alcool pour apaise rla souffrance à l'intérieur.
Il y aura des rencontres et des amours, qui se termineront mal. Car la vie en société, la vie avec les autres est rendue difficile avec cette violence vécue dans l'enfance qui surgit sans cesse.
Les chapitres, très courts, déclinent cette existence morcelée, difficile après le traumatisme de l'enfance. Ce n'est jamais triste ou dramatique, non, grâce à l'inventivité de la langue qui garde un pied dans l'enfance jamais terminée.
J'ai beaucoup aimé la première partie du roman, qui décrit l'enfance de la narratrice et ses rapports avec sa mère. Beaucoup moins le passage à l'âge adulte où l'on perd un peu de vue la mère.
Un premier roman surprenant.


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Là toute de suite, maintenant, à chaud même. On pourrait dire que si j'étais dans un plan à la Wes Anderson, je serai ce ballon de baudruche qui éclate pendant un plan figé.

Pas besoin de maquillage, d'effet spécial, de fioriture, rien.

Léna Ghar tambrouille mélange des êtres vivants, des humains que je sens proche de moi comme si je partageais ma vie avec et en même temps elle révèle les trous dont je suis bardé dans mon dedans, elle mixe mixe mixe le tout et poum. Narratrice existe.

Sans jamais mettre le mot qu'il faut pour désigner, avec des multitudes de subtilités, des violences verbales et de l'humour jeux de maux, ça allège presque chaque brique balancée à la gueule de l'intraego (je sais pas comment on dit autrement).

J'ai lu pas mal de livres de cette rentrée mais si je me sens aussi tranquille que ce ballon de baudruche qui éclate dans un plan à la Wes Anderson c'est que je sais que ça va être dur de retrouver tous mes morceaux qui se sont éparpillés aux quatre coins du monde.

Sauvage, fou, fuck, ta gueule, l'amour pis la colère et les poings la rage, nique le bonheur et retrouve moi quand t'auras lu tout ça.

Deal ?
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Tumeur ou Tutu ( tu meurs ou tu tues) ou de la violence en milieu familial. Pour se sauver de la Monstre qui l'habite, la fillette/narratrice s'invente un langage et essaie en vain de capter celui des adultes. Autour d'elle les parents, père inexistant, mère maltraitante , les enseignants qui ignorent, les voisins qui font comme si, un grand (demi ) frère protecteur mais souvent parti et un petit frère qui subit lui aussi : elle donne à chacun un surnom qui les définit mieux qu'une longue description. Et puis dehors, les spartiates et les paladins.
L'écriture inventive rend compte du réel : ainsi la "praison" ( maison/prison/prairie ?) ou l'intimmensité, l'immanité et autres trouvailles qui montrent une identité qui se construit autour de la parole. Mais c'est le langage mathématiques qui redonnera un peu de stabilité à sa quête (I love You pita gore).
On suit ainsi la narratrice de 3 à 27 ans : comment la violence verbale et physique subie dans l'enfance se retourne contre elle, sa vie sociale et amoureuse.
Un premier roman étonnant construit en de courts chapitres autour de l'essentiel : la langue .
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Tumeur ou tutu = Tu meurs ou tu tues.
Avant d'avoir le livre en main, je m'interrogeais déjà sur le sens à donner à ce titre. Mais quand j'ai compris le jeu de mots, ça m'a achevé. Généralement, je ne suis pas trop enthousiaste quand il s'agit de lire le texte d'un écrivain qui place son récit dans la tête d'un enfant. Il y en a qui réussissent pourtant à me plonger dans leur univers, à décoder leur regard sur ce qui les entoure, à me faire vivre leur bonheur ou leur souffrance comme si c'était la mienne. Tumeur ou tutu -je déteste vraiment ce titre et son côté racoleur- n'en fait pas partie. le choix d'une écriture enfantine, mais que l'on sent travaillée pour faire effet, m'a vite ennuyé, exaspéré même, au point que j'ai abandonné ma lecture au tiers du livre.
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Je, est une petite fille qui nous raconte sa vie de son an 3 à son an 26 dans sa praison auprès de ses parents Novatchok et Swayze et entourée de paladins et de spartiates.
Non je ne buggue pas c'est l'écriture de l'auteur qui nous raconte effectivement la vie de cette enfant maltraitée par sa mère qui regarde le monde autour d'elle et se crée des défenses imaginaires pour survivre.
Un beau travail de création sur les mots maux où elle entremêle oxymore, formule mathématique, polysémie et amniosie.
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Merci pour ce moment passé dans une autre langue, une autre possibilité de voir. Et j'ai été contente de conclure en écoutant la voix de l'auteure dans qqs interviews. C'est drôle parce que je pensais pas continuer puis maintenant je veux le relire. Ce qui est sûr, c'est que je m'en rappelerai, pour tout ce que j'ai aimé et tout ce qui m'a dérangé. Bonne lecture aux prochain.e.s !
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Sur un format court, le parti-pris d'écriture, à la fois enfantin et malaisant, aurait sans doute fonctionné. Sur plus de 200 pages, c'est devenu très vite indigeste pour moi, à la limite de l'écoeurement, à mesure que montait la violence du ton et des actes. Après, c'est Verticales, ça correspond à leur ligne éditoriale à laquelle, à quelques exceptions près, je n'adhère pas.

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« Je » souffre d'un mal intérieur qu'elle appelle « la monstre » faute de trouver un autre qualificatif.
Nous la suivons de ses trois ans à ses vingt-sept ans dans ses relations avec sa famille : Novatchok (clin d'oeil au novitchok, un poison d'origine russe ?), la mère violente qui ne s'exprime qu'en hurlant sauf quand elle s'adresse à ses élèves ; Swayze, le père fuyant ; Grandoux, le grand frère protecteur mais de plus en souvent absent ; Petit Prince, le cadet victime de cauchemars.
« Tumeur ou tutu » (Tu meurs ou tu tues) retrace la quête de la narratrice pour donner un nom à sa souffrance invisible aux yeux des autres pour mieux s'en débarrasser.
En triturant les mots et en inventant des néologismes, Léna Ghar, qui signe ainsi son premier roman, a fait un travail saisissant sur la langue, sur ce qu'elle dit du monde qui nous entoure, sur la manière formatée dont elle se transmet, sur son incapacité parfois à exprimer nos pensées et à communiquer avec l'autre.
C'est le cas de « Je » qui se réfugie dans les mathématiques pour toucher la vérité et trouver une réponse à son supplice. À moins que ce ne soit l'amour qui la libère...
Même si je n'ai pas tout compris, j'ai aimé l'écriture rageuse qui vous happe, l'humour féroce et la manière dont l'autrice sonde avec singularité l'enfance maltraitée.

EXTRAIT
- Comment ils font pour consacrer autant de salive au néant ?
Lien : https://papivore.net/littera..
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C'est assez compliqué, car j'ai été immédiatement attirée par les premières pages, séduite par la forme. Seulement, si le fond m'a fait tenir jusqu'au bout, j'avoue que la forme qui m'avait tant séduite, est devenue de plus en plus indigeste. J'ai aimé les surnoms pour chaque personnage qui nous dit tout ce qu'il y a à savoir, sans avoir besoin de longues descriptions, j'ai aimé l'écriture créative, le fait que rien ne soit jamais nommé explicitement et que le récit soit pourtant extrêmement brutal. Mais il y a de nombreux moments où j'ai décroché, incapable de me concentrer sur le récit à cause de la narration, me demandant si j'allais aller au bout. Toute la dimension mathématique est majoritairement mon plus gros problème, vu qu'elle me sortait tout le temps du récit, comme de longs moments qui m'isolaient de toute émotion ou attachement et que je devais subir pour avoir la suite. Je comprends que ça fait partie du personnage et que ce soit donc essentiel au récit, mais ça ne l'a pas fait du tout pour moi. Et hélas, cette indigestion a pris le dessus sur ce que j'ai apprécié. Je finis le récit fatiguée et heureuse d'en être enfin venu à bout, ce que je trouve vraiment dommage, car malgré tout, je pense que le récit mérite mieux comme sentiment final.
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