AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,54

sur 83 notes
5
6 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Récit d'un mal-être dont les racines sont bien ancrées dans l'enfance, sans vouloir avancer à découvert, plongeant la narratrice dans un sentiment permanent de trouble et de désarroi.

Et pourtant ce roman est loin d‘être plombant! Il s'en dégage un tel travail sur la langue que le résultat n'incite pas à la mélancolie.

Fantaisie dans les noms de personnages, les parents,Swayze et Novatchok, ou les frères et soeurs, mots valises qui redéfinissent bien les lieux ou les objets, amour des mots rares, posés au gré du texte, comme autant de friandises, juste pour le plaisir.

Une autre originalité réside dans l'utilisation des mathématiques en guise de démonstration dans des situations qui normalement ne réclament pas cette discipline pour trouver des solutions ou des explications . Là encore, ce n'est pas gratuit, puisque la narratrice suit un cursus de maths.

Très réussi également l'évolution du langage, du bain verbal qu'il fait s'approprier jusqu'à la maturité désespérée et avide d'amour.

Ce néolangage, inventif et lacanien a ensoleillé ma lecture. Malgré tout, derrière l'exercice de style, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'un cri de détresse et d'une recherche obstinée du pourquoi.

Premier roman très prometteur.

224 pages Verticales 24 août 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          560
Là toute de suite, maintenant, à chaud même. On pourrait dire que si j'étais dans un plan à la Wes Anderson, je serai ce ballon de baudruche qui éclate pendant un plan figé.

Pas besoin de maquillage, d'effet spécial, de fioriture, rien.

Léna Ghar tambrouille mélange des êtres vivants, des humains que je sens proche de moi comme si je partageais ma vie avec et en même temps elle révèle les trous dont je suis bardé dans mon dedans, elle mixe mixe mixe le tout et poum. Narratrice existe.

Sans jamais mettre le mot qu'il faut pour désigner, avec des multitudes de subtilités, des violences verbales et de l'humour jeux de maux, ça allège presque chaque brique balancée à la gueule de l'intraego (je sais pas comment on dit autrement).

J'ai lu pas mal de livres de cette rentrée mais si je me sens aussi tranquille que ce ballon de baudruche qui éclate dans un plan à la Wes Anderson c'est que je sais que ça va être dur de retrouver tous mes morceaux qui se sont éparpillés aux quatre coins du monde.

Sauvage, fou, fuck, ta gueule, l'amour pis la colère et les poings la rage, nique le bonheur et retrouve moi quand t'auras lu tout ça.

Deal ?
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          140
Je, est une petite fille qui nous raconte sa vie de son an 3 à son an 26 dans sa praison auprès de ses parents Novatchok et Swayze et entourée de paladins et de spartiates.
Non je ne buggue pas c'est l'écriture de l'auteur qui nous raconte effectivement la vie de cette enfant maltraitée par sa mère qui regarde le monde autour d'elle et se crée des défenses imaginaires pour survivre.
Un beau travail de création sur les mots maux où elle entremêle oxymore, formule mathématique, polysémie et amniosie.
Commenter  J’apprécie          80
« Je » souffre d'un mal intérieur qu'elle appelle « la monstre » faute de trouver un autre qualificatif.
Nous la suivons de ses trois ans à ses vingt-sept ans dans ses relations avec sa famille : Novatchok (clin d'oeil au novitchok, un poison d'origine russe ?), la mère violente qui ne s'exprime qu'en hurlant sauf quand elle s'adresse à ses élèves ; Swayze, le père fuyant ; Grandoux, le grand frère protecteur mais de plus en souvent absent ; Petit Prince, le cadet victime de cauchemars.
« Tumeur ou tutu » (Tu meurs ou tu tues) retrace la quête de la narratrice pour donner un nom à sa souffrance invisible aux yeux des autres pour mieux s'en débarrasser.
En triturant les mots et en inventant des néologismes, Léna Ghar, qui signe ainsi son premier roman, a fait un travail saisissant sur la langue, sur ce qu'elle dit du monde qui nous entoure, sur la manière formatée dont elle se transmet, sur son incapacité parfois à exprimer nos pensées et à communiquer avec l'autre.
C'est le cas de « Je » qui se réfugie dans les mathématiques pour toucher la vérité et trouver une réponse à son supplice. À moins que ce ne soit l'amour qui la libère...
Même si je n'ai pas tout compris, j'ai aimé l'écriture rageuse qui vous happe, l'humour féroce et la manière dont l'autrice sonde avec singularité l'enfance maltraitée.

EXTRAIT
- Comment ils font pour consacrer autant de salive au néant ?
Lien : https://papivore.net/littera..
Commenter  J’apprécie          40
"tumeur ou tutu". Quel livre étonnant et même détonnant ! Lu dans le cadre du prix première paroles 2024, ce premier livre de Léna Ghar est extrêmement dense et nous immerge dans une création linguistique, originale, déstabilisante, puissante, parfois irritante mais qui ne peut laisser indifférent. La construction en très courts chapitres crée aussi une tension, une urgence chez le lecteur.

L'entourage familial est présenté avec des surnoms évocateurs : Grandoux, le demi-frère protecteur mais de plus en plus absent,  Petit prince le plus jeune frère, maltraité, Swayze le père fragile et Novatchok, la mère qui "n'arrive pas toujours à l'aimer gentiment". Je l'ai aussitôt associé à novitchok, le poisson mortel, qui fait de graves dégâts et provoque des douleurs épouvantables...comme cette mère dysfonctionnelle. Je, la narratrice vit dans une "praison" et côtoient à l'extérieur les "paladiens et les spartiates ". Elle  recherche désespérément son identité.

Les oxymores et  l'invention d'un vocabulaire  par association de mots aux sonorités et sens évocateurs comme "amniosie"   "polentasse"     "cloatre" "l'intimmensité", "l'immanité" ... tout cela crée un univers particulier, déstabilisant qui exprime bien l'enfermement et l'angoisse ressentis par la narratrice.

J'ai relevé quelques paroles de chansons "prouves que tu existe", " à faire trembler les murs de Jéricho ", " elle me  dit que je suis belle" "fais comme l'oiseau" comme des rengaines qui s'insinuent dans la tête sans y penser.  le recours aux mathématiques pour trouver une logique à son raisonnement est compliqué à suivre mais se tient. Dans un esprit autant fragilisé les étais viennent parfois de mécanismes rigides rassurants. 
Certains ont souligné un sens caché du titre a lire aussi comme  "tu meurs ou tu tue". C'est aussi la tumeur qui grandit dans la tête de la narratrice, faite de la violence subie et emmagasinée pendant des années qui altère sa perception ou l'aiguise à l'extrême. 
Ses Tocs, ses obsessions, ses troubles comportementaux traduisent ce mal-être, ce trou béant qui l'obsède, pas celui du canapé jaune, mais celui qu'elle à au fond de ses tripes. On suit la narratrice devenue jeune adulte dans ses errements, sa destruction avec l'alcool, ses relations sociales et amoureuses chaotiques et la violence inouïe qui monte en elle comme un raz de marée. 
De ses 3 ans à ses 27 ans elle recherche désespérément ce mot qui la constitue et lui fait défaut. La pièce manquante d'un puzzle éparpillé, qui lui donnera cohésion et la fera tenir debout. Un anagramme nous donnera la clé.  Malgré tout, comprendre que "je", est un être sain, lui permettra de se dissocier de sa mère toxique.
Pour se sauver de la Monstre qui l'habite, la narratrice devra symboliquement tuer la mère, l'ogre. "si je continue à me taire je meurs mais si je parle je la tue".
Un livre qui mériterait d' être relu pour en comprendre toutes les subtilités mais pour autant sa densité rebute un peu.

 




 

Commenter  J’apprécie          30
Dans un récit qui restitue le langage d'une enfant de trois ans puis d'une enfant qui grandit jusqu'à ses vingt-cinq ans, Léna Ghar travaille la langue et la forme de manière singulière. On découvre une narratrice qui à travers des inventions langagières tente de comprendre le monde qui l'entoure, sa famille proche. Et elle y parvient avec précision et en même temps a un regard désabusé. On sent qu'elle traine un traumatisme au fond d'elle-même, qu'il est là tout au long du texte, mais qu'il n'est jamais dit. Les questions du corps et des sensations sont aussi essentielles dans le travail de la romancière et dans les différentes expériences que traverse sa narratrice. C'est toute une vision de la vie qui transparait derrière la parole de l'enfant. Une parole en construction qui est souvent mise en opposition à celle de l'adulte. "Tumeur ou tutu" est un premier roman à découvrir, pas forcément évident d'entrer dans la langue au début, mais ça vaut le coup de se laisser porter.

extrait : "La meute obscène me salit tout à l'intérieur, comme si des loups s'entretuaient jour et nuit dans ma rivière de vase. Ma nuque se gorge de boue en plein milieu de n'importe quoi, n'importe quand, surtout quand je m'amuse et que pour une fois je ne pense pas à elle, comme le jour où Grandoux est revenu nous chercher avec Petit Prince pour qu'on aille se baigner."
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
Commenter  J’apprécie          20
L'on se croit d'abord dans un conte d'ogre et de sorcière narré par une petite Gretel avec des mots d'enfant. L'on commence assez vite qu'il s'agit d'écrire la réalité d'une famille dysfonctionnelle avec une langue inventive qui retire toute complaisance à ce témoignage.
On suit Je de l'enfance au jeune âge adulte, une petite fille particulièrement éprouvée par l'attitude dévalorisante et violente de la mère, tandis que le père s'efface.
Le salut pourrait venir du grand frère, qui s'échappe dès qu'il le peut. Ou bien de l'école, là où la mère devient une maîtresse respectée. Là où Je apprends la lecture et les mathématiques, loin de la praison.
Les mathématiques lui permettent de s'évader dans un monde logique, où causes et conséquences sont liées, un monde de raisonnement qu'elle va essayer d'utiliser pour guider sa vie.

Cette lecture est tout aussi expérimentale que ce texte incroyable. La prouesse éloigne parfois du propos, mais le plaisir de la découverte d'une plume est là. Je suis très curieuse de savoir ce que Léna Ghar nous réserve pour la suite !
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (198) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1432 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}