Le manuscrit perdu de Saint-Riquier

Un polar très sympathique, qui alterne à chaque chapitre une enquête sur le meurtre d'un professeur d'histoire médiévale et une intrigue se déroulant autour de l'abbaye de Saint-Riquier au IXe s. Bien sûr, ces deux histoires finissent par se rejoindre...
Si le duo entre un policier aux manières peu orthodoxes et une Docteure en histoire médiévale reste assez classique, l'intrigue permet de visiter de chez soi une partie de la Côte d'Opale et même l'Allemagne. J'ai surtout apprécié l'histoire d'Odon et la description de la vie à Centule : l'autrice a très bien su profiter des interstices de l'histoire pour inventer ce personnage.

Alice Lepelletier, docteure en Histoire, doit donner une conférence à l'Abbaye de St Riquier, dans la Baie de Somme. Elle a d'ailleurs rendez-vous avec son mentor, le professeur Sylvain Declercq, qui pourtant, ne se montre pas… Inquiète, elle se rend chez lui, et découvre son corps sans vie. Alertée par différentes anomalies démontrant un décès non naturel, elle prévient la police.
Intriguée aussi par des indices laissés par son ancien professeur, Alice va se lancer dans un jeu de piste, accompagnée du capitaine Max Schneider… Tous deux vont être confrontés à des secrets enfouis depuis des siècles, que certains souhaitent s'approprier, à tout prix…
Un polar historique bien construit, sur deux temporalités : aujourd'hui, retraçant l'enquête d'Alice et Max, et en l'an 844, durant lequel on suit le moine Odon, et le petit-fils de Charlemagne, Nithard. Les deux intrigues alternent, et le rapport entre elles se révèle progressivement. L'aspect historique est bien documenté, et Céline Ghys réussit à le rendre hyper intéressant : j'ai déjà dit, sur l'une de mes lectures précédentes, le peu de goût que l'étudiante en histoire que j'étais avait pour cette période (hormis le XIVème siècle). Je dois dire que je (re)découvre avec bonheur cette partie du Haut Moyen-Age, grâce à ce roman, et au réel talent de conteuse de l'auteure... Quant à la partie contemporaine du récit, je dois dire que l'enquête tient la route que les personnages forment un duo crédible et attachant. Bref, une très bonne surprise, due au hasard de mon cheminement dans les allées de PolarLens.

Son ancien professeur d'Histoire et mentor retrouvé mort chez lui, Alice Lepelletier ne doute pas un instant que celui-ci a été assassiné. Elle tente alors de convaincre la police d'enquêter avec pour seule preuve tangible une hypothétique trace d'un symbole saxon.

Pour son premier roman, Céline Ghys utilise à merveille sa fonction de professeure d'Histoire pour nous proposer un polar historique, alternant chapitres actuels et moyenâgeux. L'intitulé des chapitres comporte une indication de temps qui permet au liseur de ne pas se perdre dans les époques.

Pour ne rien vous cacher, j'ai préféré la partie historique liée à l'histoire d'Odon. En effet, l'investigation policière souffre à mon sens d'un manque de recherches dans ce milieu, l'intrigue nous tient certes en haleine mais ne masque pas certains soucis de procédures et actions policières.

La force de cet ouvrage réside dans son enquête médiévale. le lecteur apprend de nombreuses choses, les détails sont fouillés et précis, l'imaginaire insufflé est tout à fait plausible. On y découvre d'abord Saint Riquier et son abbaye (que je vous invite à visiter), à quelques kilomètres d'Abbeville. Céline évoque ensuite Nithard, petit fils de Charlemagne ainsi que les us et coutumes de ces temps quelque peu barbares. On entre alors dans un monde de mythes et de légendes où la beauté de l'âme peut réaliser des miracles.
Autre point positif, la description détaillée actuelle de Saint Riquier (hôtel, boulangère, etc.) Pour y être passé, tout est vrai.

En conclusion, j'ai apprécié l'écriture fluide et la structure alternée du livre. Il me tarde de lire une autre production, peut-être uniquement historique, car on sent que l'auteure en a sous la pédale dans ce domaine.

Si vous pensez que l'Histoire est une matière soporifique et si, à l'évocation de Charlemagne, outre à cette ritournelle pourrie que vous allez maintenant garder en tête (c'est cadeau !), vous ne pensez qu'à celui qui a gâché l'enfance de milliers d'enfants en inventant l'école, alors ce livre est fait pour vous, car il vous prouvera tout le contraire !

Personnellement, je n'ai jamais été intéressée par l'histoire de notre vieux continent, et je ne connais du Moyen-Âge que ce que Jean Reno et Christian Clavier m'en ont conté ! Pourtant, avec légèreté, Céline Ghys parvient à nous y entraîner et à nous apprendre un tas de choses, sous couvert d'une intrigue policière. En effet, alors qu'Alice venait donner une conférence à l'Abbaye de Saint-Riquier qui devait se solder par des retrouvailles avec son mentor, celui-ci est retrouvé mort chez lui. Tout porte à croire au suicide, mais Alice a vu quelque chose d'important qui contredit la théorie : un symbole, qui ne peut que mener à un assassin ! Cet indice est le seul moyen qu'a trouvé la victime pour alerter Alice. Elle arrive à convaincre Max, policier, d'enquêter avec elle. Ensemble, ils se lancent donc sur les traces d'un manuscrit perdu, mais ils ne sont pas les seuls à vouloir le trouver !

Expliqué comme ça, ça peut ressembler à du Dan Brown, mais on est ici sur quelque chose de beaucoup plus léger, laissant ainsi aux amateurs de cosy crime une possibilité d'apprécier ce livre. le ton est sémillant, l'intrigue policière relativement survolée, l'accent étant plutôt mis sur la résolution d'un mystère ancestral. C'est dynamique et didactique, et l'on sent bien l'empreinte de la prof d'histoire cachée derrière l'auteure ! L'alternance entre passé et présent permet de garder un rythme constant, avec une grande envie de comprendre.

Un polar léger et dynamique, que j'ai trouvé pétillant, à l'image de son auteure !
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