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Critique de BillDOE


Jérôme vient de perdre son père. Avec sa mère et une amie de celle-ci, Miss Flora Ashburton, ils partent tous les trois passer des vacances en Normandie chez les Bucolin, des parents. Il y fait la connaissance de sa cousine, Alissa, dont il tombe amoureux et lui soumet son projet de l'épouser…
Si l'on connaît un tant soit peu la biographie de Gide, on s'apercevra vite qu'il reprend beaucoup d'éléments de celle-ci dans « La porte étroite ». Ainsi à sa sortie, il ne souhaite pas que l'on qualifie son ouvrage de roman mais plutôt de récit, sans doute afin de lui donner toute la véracité qu'il souhaite et, de facto, satisfaire son égo en embellissant une réalité moins gratifiante. Car l'auteur a bien épousé sa cousine, mais on peut douter de l'aspect passionnel de leur relation qu'il développe amplement au cours de cet ouvrage lorsque l'on sait la vraie nature de Gide. Mais qui sommes-nous pour juger ?
Alissa surprend dans son attitude à refuser l'amour qui lui est offert, et même agace. On pourrait penser que l'ennui, tout comme pour la Bovary, est l'élément déclencheur de cette recherche des situations dramatiques. Mais là où le personnage de Flaubert concrétisera ce goût pour la tragédie dans l'adultère, le personnage de Gide l'argumentera dans une foi vertueuse.
On ne peut lire « La porte étroite » sans penser à Marcel Proust et « à la recherche du temps perdu ». On y trouve les mêmes ambiances, la Normandie et sa campagne, la mer et ses odeurs iodées que l'on devine... Il y a aussi, bien sûr, cette langue française parfaitement maniée et la poésie qu'il émane de chaque phrase. C'est comme une mélodie suave qui ne peut que flatter nos oreilles, exacerber nos sens.
On pourrait penser que Gide s'est inspiré de Proust, il n'en est rien. Gide écrit « La porte étroite » en 1909 et ce n'est qu'en 1913 que Proust présente son manuscrit aux maisons d'édition. Lorsqu'il le propose aux éditions Gallimard, son ami Gaston Gallimard est enthousiasmé, mais n'étant qu'administrateur c'est au comité éditorial que revient la décision. C'est là où Gide intervient en y opposant un veto. Par-là, il entend asseoir son autorité au sein de la prestigieuse maison et peut-être écarter un rival talentueux. Plus tard il le regrettera.
« La porte étroite » est un grand moment de la littérature française, et l'objet du premier succès de Gide auprès des lecteurs. Aussi étroite soit-elle, c'est une remarquable ouverture sur l'oeuvre de Gide, facile d'accès et que l'on devrait conseiller de lire en premier, pour qui n'a jamais rien lu de cet auteur.
Editions Mercure de France, Folio, 186 pages.
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