AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de karmax211


Bon, c'est parti... pour un avis de lecteur qui va bien à l'encontre de tout ce que j'ai pu lire comme critiques ( toutes plus laudatives les unes que les autres...) jusqu'à présent.
Voici donc ce que je qualifie ( dans ce roman ) de MYSTÈRE Giebel , et qui se traduit par cette interrogation... comment ai-je pu lire, sans jamais me lasser, avec un plaisir morbide (?), 990 pages où coulent en surabondance le sang et les larmes immergés dans l'univers du polar-thriller le plus invraisemblable qui puisse être édité par une maison sérieuse et devenir un best-seller international ?
Quelques mots d'abord sur l'histoire.
Marianne, une jeune fille à peine majeure qu'une violence intérieure "inexpliquée" pousse à la violence, bascule avec son petit copain Thomas dans la délinquance. Lors de l'un de leurs cambriolages, la jeune femme mue par cette rage que ne parviennent pas à canaliser des années de pratique des arts martiaux ( elle a été championne de France juniors de Karaté ), tue un vieil homme sans défense. Un contrôle de police, qui vire en poursuite, lui fait gravir un échelon de plus dans l'échelle du crime : elle tue un policier et condamne une femme flic au fauteuil roulant à vie. Thomas, lui, est occis par les agents de la force publique.
S'ensuivent une condamnation à perpétuité et une plongée dans l'enfer de l'univers carcéral.
Nul espoir ne s'offre plus désormais à cette gamine enfermée à vie... jusqu'au jour où trois flics se présentent au parloir et lui proposent un marché : sa liberté en échange d'une mission, d'un "contrat"...
Bon, le pitch, l'intrigue paraissent tentants, et ils le sont.
Sauf que Karine Giebel franchit allègrement la ligne rouge de l'outrance.
Elle va faire de Marianne, petit bout de femme de 1,65m pour 55 kg, un personnage égidien indestructible... donc totalement incroyable... et le pire, c'est que bien que sachant qu'on est dans la démesure des démesures, on s'étonne d'avoir très vite envie de tourner la page pour voir ce que la suivante nous réserve.. Vous avez dit bizarre ?
Car qui à part nous pourrait lire en bavant 1000 pages dans lesquelles ladite Marianne survit à plus de dix séances de torture(s) à côté desquelles celle que Klaus Barbie infligea à Jean Moulin se trouve remisée au rang des chamailleries de cours de récré pour enfants taquins ?
Qui pourrait lire en bavant 1000 pages dans lesquelles l'héroïne est tour à tour assommée ( une bonne quinzaine de traumas crâniens et autant de pertes de connaissance ou de comas), "défigurée" : arcades et paupières ouvertes, nez cassé, lèvres explosées, pommettes éclatées... le tout accompagné de plaies, de sutures et de cicatrices dont on ne peut même plus faire le compte tant elles sont innombrables ? Au point que pour étayer à ce stade mon propos, il me faut faire appel à l'auteure en personne.
"Elle s'en tirait à bon compte. À la main gauche, un doigt fracturé et immobilisé par une magnifique attelle. À la droite, un bandage pour dissimuler les chairs explosées par les impacts. Au front, deux points de suture. Une cicatrice de plus à son étonnante collection." Et nous n'en sommes qu'à la page 379... !!!
Parce que plus on avance et plus Karine Giebel décide de surpasser Dante, Sade, Höss, Dorfman... bref, tous les enfers, tous les bourreaux.
Marianne sera donc violée, mutilée, à demi excisée, polyfracturée, bouffée par des insectes, empalée sur une branche d'arbre, trouée par les balles des flics, vidée des "55 litres" de sang que renferme son corps, fera un arrêt cardiaque... J'en oublie ? Bien sûr, il y en a tellement ... trop !
Mais cela ne l'empêche pas de faire tomber le coeur des hommes comme des mouches, car défigurée toutes les 10 pages, elle reste belle ! ?... Ils ne peuvent rester insensibles à ses magnifiques yeux noirs... que par coquetterie, elle dissimule la plupart du temps derrière des cocards de circonstance(s)... !!!
Si l'on ajoute à ce tableau surréaliste le fait qu'en plus de rester belle comme une noisette sur laquelle un rouleau compresseur s'acharne à passer dessus tout au long de ce roman-fleuve, elle demeure une arme de destruction massive... même dans un état proche de l'extrême onction. Sa recette ? Peu et mal manger, fumer comme une cheminée jamais éteinte ( des Camel extra fortes de préférence ), et alterner des fixes d'héro ( quasi pure ) à des crises de manque auxquelles Hendrix, Charles, Joplin, Winehouse, Jones, Morrison et Cobain réunis, n'auraient pas résisté 5 minutes.
Alors, pourquoi lire un millier de pages de cet acabit en piaffant d'impatience ? Je me suis posé la question et me la pose encore.
La qualité de l'écriture ? Exemple : " il lui manquait comme la pluie manque au désert..." Il y a mieux, vous en conviendrez...
Sans mentionner les trop fréquentes métaphores utilisant la boue... et une qui revient plusieurs fois : "elle a de la boue jusqu'au menton " ( traduisez, elle est dans la panade...), le virage mal négocié (au sens figuré ! ), l'adjectif cristallin, le verbe s'embroncher, le substantif strate(s), et souvent l'expression "couler dans les veines " ( au propre et au figuré). Donc a priori ce ne serait pas l'écriture... quoique, le rythme, les sonorités... il faudrait que je creuse la question peut-être sous cet angle ?
Y aurait-il un ou des messages dont ce livre serait porteur et qui élargirait notre champ de vision du monde et nous sustenterait de réflexions jusqu'alors ignorées ou trop peu abordées ?
La délinquance qui touche toutes "les strates" de nos sociétés ? Les prisons surpeuplées, crasseuses, rongées par la promiscuité, les trafics, les gangs, la violence, et qui au contraire de réinsérer, recrachent sur le corps social des fauves asociaux ? Les politiciens pourris ? le système vérolé par tous les vices dont l'homme est porteur ? Non, ça... je l'ai vu mille fois au cinoche, et lu tout autant depuis que je maîtrise les 26 lettres de notre alphabet.
L'idée centrale du bouquin qui est que la rédemption de l'homme vient d'un travail de purification de l'intérieur davantage que de cet illusoire extérieur dont nous nous sentons viscéralement dépendants ?
Là aussi, un petit livre du Dalaï Lama, d'alexandre Jollien, de Matthieu Ricard ou de Christophe André... suffira ou suffiront largement.
Des personnages stéréotypés aux situations caricaturales et au suspense éventé qui nous tient pourtant en haleine jusqu'à la fin, laquelle ne fait que confirmer ce que nous avions depuis longtemps pressenti... telle est la recette d'un mille feuilles gras, bourratif et empli d'ersatz... dont on ne veut pas perdre une miette.
Désolé, mais je n'ai pas résolu L'ÉNIGME Karine Giebel... ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé.
J'ai lu ce bouquin comme un gogo qui assiste à un mauvais tour de magie, qui le sait, mais qui en ressort avec des étoiles plein les yeux et se demande : pourquoi ?
Commenter  J’apprécie          468



Ont apprécié cette critique (46)voir plus




{* *}