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Critique de afriqueah



Franz Olivier Giesbert nous prévient : ne pas se fier à son titre ( s'il en avait trouvé un autre, cela aurait sans doute été plus simple ?) il ne va pas nous abreuver d'un discours théologique. Il n'est pas question de religion, mais de ce sentiment océanique dont parlait Freud, de ce panthéisme qui nous fait nous extasier ( eh oui , l'extase, le ravissement, être hors de soi, sortir de notre petit moi pour faire partie du grand univers).
Il commence par un plaidoyer en défense de ces pauvres animaux que nous mangeons après les avoir humiliés, parqués et dévalués. Rares sont les animaux bipèdes, et donc ils ne voient pas le ciel et les nuages au dessus de leur tête. A part ça, ils ne méritent pas l'opprobre et la torture dont ils sont l'objet.

Nous, nous avons ce privilège de pouvoir regarder le ciel, les étoiles et les merveilleux nuages. Car ce ciel rempli d'étoiles est une des splendeurs que chacun a au dessus de sa tête. Laissons donc Dieu avec sa barbe et sa grande indifférence, car apparemment il a lâché les affaires courantes, mais apparaît cependant à travers la beauté du monde ( Kant en a fait l'unique preuve de l'existence de Dieu, « le ciel au dessus de moi, la loi morale en moi »).

A l'appui de quoi FOG évoque Epicure, pas du tout épicurien débauché et partouzard (vous le saviez bien entendu) mais bien plutôt ascète, assez proche de Bouddha en ce que les plaisirs sont bons à condition de ne pas nous faire souffrir ensuite ( ah, les lendemains de cuites !) végétarien , frugal, nous dirions prônant la décroissance.
Pour lui, Dieu est passif, démissionnaire, presque inexistant, et en ce sens il a fasciné Nietzsche. le bonheur pour Epicure c'est regarder palpiter la mer, éclore une fleur, danser un papillon, suivre les nuages. Et c'est exactement ce que veut dire FOG en parlant de Dieu.

Puis FOG continue à travers l'histoire en nous présentant Saint François d'Assise, roublard qui a su manipuler l'Eglise et ne pas terminer sur le bûcher, bien que panthéiste lui aussi.
Puis la figure de Galilée, prudent lui aussi. Enfin, Giordano Bruno, philosophe, apatride, poursuivi, trahi, ne voulant pas se renier lui même… et brûlé vif avec la langue clouée. Avait il dit quoi que ce soit contre l'Eglise toute puissante ? Non, il pensait, tout simplement, crime majeur que l'inquisition ne pouvait supporter. Il n'a pas fait école, et c'est dommage, car sa pensée est proche du panthéisme, elle aussi. L'âme n'est pas éternelle, dit il , elle se fond dans l'âme du monde.

Spinoza, lui, est athée et s'il parle constamment de Dieu, c'est pour mieux tromper son monde, car il a été renié par la communauté juive d'Amsterdam, n'est admis ni chez les luthériens, ni chez les calvinistes ni chez les catholiques. En fait, il parle de la nature, car la conception pour lui d'un Dieu vengeur, méchant, ou tout puissant est le résultat d'une projection humaine, qui crée Dieu à son image, et pas le contraire. La nature nous donne la béatitude, pas les religions ni leurs morales à la noix. Pour Spinoza la philosophie consiste à être heureux, à ne pas céder aux passions tristes, à nous remplir de la joie du monde. « Seule, dit il, une superstition farouche et triste peut interdire qu'on se réjouisse ». Panthéiste lui aussi.

FOG continue en appelant à la barre Emerson, Thoreau, son jardinier, tous ces penseurs de l'ouest américain, proches de la nature, panthéistes et ancêtres des hippies.
Et Darwin, naturellement, pour un amoureux des animaux dont il connaît les sentiments : car les animaux rient ( oui, je confirme, mon perroquet rit et seulement quand c'est drôle), font l'amour, aiment, dit FOG . de même, pour Giono, les rivières et les sources sont des petites femmes, qui, coquettes, s'habillent de joncs et de mousses, aiment, trompent, mentent, trahissent.

Dieu se rencontre, dans cette nature foisonnante, multiple, surabondante pour FOG ainsi que pour Epicure, Spinoza et Giono, pour ne citer qu'eux. Ce panthéisme et son amour de la flore, de la faune et du cosmos lui semble cependant à ras de terre, il manquerait l'essentiel : le sacré, le spirituel, la communion. Réapparait le Dieu que FOG a rencontré.

Ce petit livre m'a été prêté, la lecture en est divertissante, aisée, comme si le message optimiste et réjouissant bien qu'évoquant des philosophes, se répercutait dans le style aéré et facile.



( les phrases entre parenthèses sont mes réflexions personnelles. J'ajoute : Comme Spinoza nous est utile en ce moment ! Et quand FOG parle de la marche comme indispensable à sa vie, cela semble pourtant un peu compliqué actuellement)
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