Il ne servait donc à rien de tout avoir et de tout réussir. Il fallait seulement trouver le juste milieu.
C'est ainsi qu'elle avait repris la route,le cœur lourd mais quand même empli de fierté.Elle était toujours libre.
Dans cette maison de campagne,au confluent de deux rivières qui s’éveillaient après un long hiver de glace,le temps s'écoulait au rythme des saisons.
Quand on arrive à un certain âge ,ma fille,on aime bien voir le monde à travers le regard des autres.Ça nous permet de confirmer ou d'infirmer certaines de nos conclusions.
C'était une vraie haie. Verte, dense et vigoureuse, [...] Sophie resta sur place, subjuguée devant ce prodige de la nature. […] Tout avait l'air harmonieux, uni. Mais quand, au bout d'un moment, elle se pencha pour ramasser les feuilles qui s'entassaient autour des troncs elle fit une découverte qui la troubla.
A l'intérieur, derrière le rideau de verdure, se trouvaient des branches sèches et brunes. Des branches qui en servaient à rien, qui s'emmêlaient, nues, dans un vide habilement dissimulé. Cette haie que Sophie avait crue belle et fournie ne l'était finalement qu'en apparence Il s'agissait d'une façade, d'une beauté superficielle. Et alors qu'elle s'interrogeait sur la relation entre l'apparence somptueuse et le vide intérieur, une comparaison lui vint à l'esprit avec brutalité. Sa vie ressemblait à cette haie ; une beauté de surface, une intimité creuse et sèche. Sans l'avoir cherché, Sophie venait de mettre le doigt sur ce qui la tourmentait depuis des mois.