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Critique de Pris


Une critique ? Sûrement pas. Un avis, à la rigueur.

J'ai entendu parler de ce livre au siècle dernier, au cours de mes études, alors qu'on travaillait sur l'historiographie. Je savais qu'au mot microhistoire, il fallait répondre Ginzburg.

Je me suis enfin décidée à pallier cette lacune et j'en suis ravie. La préface de Patrick Boucheron est brillante (comme toujours ai-je envie de dire à propos de cet historien) et remet bien cet ouvrage en perspective des querelles historiographiques qu'il a provoquées. J'avoue que lire l'avant-propos de la première édition de 1976 de Ginzburg où il agresse allègrement les historiens français m'a fait sourire. J'ai toujours trouvé agaçante et même gamine cette façon de faire des universitaires qui, pour montrer qu'ils ont raison, tirent à boulets rouges sur les travaux des autres... J'ai l'impression que ces caricatures d'eux-mêmes leur permettent de faire entendre leurs voix respectives. Je ne pense pas qu'un François Furet ait tort ou raison contre un Carlo Ginzburg. Ce serait ridicule.

Dans ce récit, Ginzburg nous raconte Menocchio, ce meunier qui a interprété à sa façon les Evangiles, au fil de ses lectures, de ce qu'il en a compris et de sa propre grille de lecture, pragmatique, paysanne. Ses propos l'ont donc conduit à subir deux procès pour hérésie par l'Inquisition – je vous laisse deviner l'issue du second.

Il est intéressant de voir à quel point l 'imprimerie et les idées de la Réforme ont pu toucher les classes dites populaires , « subalternes » comme le dit Ginzburg avec Gramsci et à quel point ces idées ont connu des réappropriations bien différentes de ce qu'on en connaît dans la culture dite savante. Ginzburg s'approprie à son tour les dires de Menocchio et les travaille, couche après couche, pour les interroger, les expliquer à nouveau. Il montre aussi l'impossibilité pour les inquisiteurs et Menocchio de se comprendre : ils n'utilisent pas les mêmes références, le même vocabulaire, les mêmes codes.

Cela ne se lit pas comme un roman mais la lecture de ce classique est assez facile avec une soixantaine de chapitres extrêmement courts.
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