AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Deleatur


Un de Baumugnes (1929) est donc le second volet de la Trilogie de Pan, après Colline (1929 également) et avant Regain (1930). Aujourd'hui encore, présenter ces livres sous l'étiquette de trilogie pousse sans doute le lecteur à les lire dans l'ordre, ce qui n'a pas lieu d'être car il n'y a aucun ordre entre ces trois récits distincts. Cela peut aussi en retenir certains de s'y plonger, ce qui serait cette fois absolument regrettable.
Je n'ai pas lu l'introduction séparée que Giono a fait de cette trilogie (Présentation de Pan, 1930). Je finirai très probablement par le faire car je suis quand même assez intrigué par ce titre commun que l'auteur lui-même a accolé à des textes aussi différents (je précise que je n'ai pas encore lu non plus Regain, j'ai décidément de la lecture en retard).
L'histoire d'Un de Baumugnes se déroule de nouveau dans cette Haute-Provence chère à Giono. Et d'une certaine façon, c'est là encore le récit de la relation que les paysans entretiennent à la nature. La langue de Giono y est d'un lyrisme parfois échevelé, avec des pages d'une beauté à couper le souffle, telles par exemple celles qui racontent comment l'orage fond sur la ferme de la Douloire. Les personnages, au premier rang desquels Amédée, le narrateur, y débordent de truculence et de poignante sincérité. On sent à chaque phrase tout l'amour que l'auteur avait pour ces paysans, et toute la connaissance intime de leur parler et de leur pensée. Un grand bonheur de lecture, incontestablement, en même temps qu'un voyage ethnographique, car il faut bien reconnaître que ce monde n'existe plus, même vu de loin.
Pour le reste, qu'est-ce qui permet cependant de rapprocher Colline d'Un de Baumugnes ? C'est la question que je me suis posée tout au long de ma lecture, question qui n'a heureusement pas réussi à ternir le plaisir de celle-ci. Colline est construit tout entier dans l'attente d'une mort (celle de Janet, l'ancien), quand Un de Baumugnes est un hymne à la vie et à la résilience. La nature est au centre des deux romans, certes, mais elle peut être si cruelle et étrangère à l'humain dans Colline, alors qu'elle se montre beaucoup plus bienveillante dans Un de Baumugnes. le premier, enfin, avait l'ampleur d'une tragédie antique, tandis que le second se rattache à la forme du mélodrame, tel que la littérature et le cinéma de l'époque l'avaient popularisé. Il est d'ailleurs très cohérent que Pagnol ait choisi d'adapter celui-là au cinéma plutôt que Colline, nettement plus éloigné de son propre univers. de mon point de vue, Un de Baumugnes gagne en humanité ce qu'il perd en force symbolique. Je ne sais pas du tout de quoi il faudrait se réjouir ou se désoler là-dedans : ce sont tous les deux de grands livres.
Commenter  J’apprécie          264



Ont apprécié cette critique (20)voir plus




{* *}