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Critique de Merik


Merik
05 novembre 2022
Le Goncourt 2022 a été attribué à Vivre vite suite à une séance interminable de tirs au but, 15 à 14 face au mage du Kremlin, le coup de pied du président comptant double. Et si le mage n'avait pas obtenu le prix de l'académie, s'il n'était pas question d'égalité et de femmes si peu souvent primées, si et si et encore si. Justement il est question de si dans ce récit, une litanie de si enchaînée en structure qui cache surtout un gros pourquoi plein de détresse éternelle. Pourquoi le malheur peut-il frapper comme ça, sans prévenir, briser une existence si heureuse. Ce récit est terrible, poignant, construit habilement en chapitres qui revisitent le passé, de la météo aux évènements familiers en passant par ceux mondiaux - si Stephen King était mort lors de son accident quelques jours avant, Claude aurait-il enfourché la Honda du diable -, plein de si rétroactifs qui nous plongent dans l'espoir momentané de prolonger avec eux leur vie heureuse dans ces années 90, bercée de musique et de vie urbaine branchée. Mais à chaque fin de chapitre d'un si particulier, le couperet de la réalité est là, imperturbable. Non Stephen King n'est pas mort quelques jours avant, oui il a fait beau en ce 22 Juin 1999, oui Claude on ne sait trop pourquoi a enfourché la moto du diable, oui c'est bien Brigitte qui a dit à sa mère qu'il y avait une place dans leur garage, oui cette honda 900 CBR était bien interdite au Japon, trop légère pour sa puissance infernale, oui c'est bien Brigitte qui a absolument voulu déménager, Brigitte l'a voulue cette maison du bonheur avec garage au lieu d'un appartement dans Lyon, elle s'est même démenée pour l'avoir. Un fil terrible et bouleversant de ressassements lancinants dans un cerveau si humain, naturellement habilité à recenser les relations de cause à effet, enchaîné dans une succession dramatique de faits pourtant si anodins en les scrutant à la loupe, marqué à jamais, par le sceau du destin résumeraient certains.
Un beau Goncourt en tout cas, un récit de l'intime haletant et poignant qui se lit d'une traite le coeur serré, aussi bon que le mage du Kremlin il m'a semblé, même si bien différents et sans être les chefs-d'oeuvre du siècle..
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