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Critique de JLBlecteur


Vivre vite, un concept rock'n'roll pour un livre qui ne l'est pas du tout même si le protagoniste principal, accidentellement décédé, aimait le pas du côté sauvage de Lou Reed.

Le sujet (est-il nécessaire de le rappeler tant la couverture médiatique de l'obtention du Goncourt a permis de l'exprimer dans tous les formats): l'autrice, Brigitte Giraud, dissèque les différents éléments qui ont mené à l'accident mortel de son compagnon comme s'ils étaient écrits par un destin inéluctable qu'aucun échappatoire ne pouvait contrer, (pas de peau, d'échappement), tant leur juxtaposition improbable semble avoir voulu s'articuler dans ce seul et unique but.

Le hasard ne fait pas toujours bien les choses contrairement à ce que laisse penser le dicton populaire, mais, y a-t-il réellement un hasard ?

Une très très belle écriture pour cette auto mise en abîme d'une femme broyée par les mâchoires d'un enchaînement de faits ordinaires, vulgairement banals, insipides même pour certains mais qui, pourtant, vont conduire au drame fatal.

Avec un tourne-vicieux, elle démonte, ensorcelée, le mécanisme d'une horlogerie diabolique dont les roués rouages ont décidé de la déchiqueter, de la broyer, de l'engrener par ce doigt qui tient le stylo d'où sortiront les phrases se répondant du tac au tac avec une mécanique méchamment huilée qui ne risque pas de s'enrayer, huile maudite de vidange.

Sur le mode du ‘si…', elle découpe les tranches du temps qui a immédiatement précédé le funeste accident, se donnant, en grande partie, le rôle de maîtresse de la cérémonie macabre (si JE n'avais pas…). le sablier est retourné, le temps est à la fois compté et conté.

Et elle s'en veut.
Et elle s'en vient à se culpabiliser d'avoir été le bras innocemment armé de cette spirale infernale qui va l'aspirer (avant de l'inspirer), d'être l'oeil du cyclone qui va regarder sa vie se dévaster en prenant celle de Claude, son mari plutôt passif qui lui à laissé les rênes de leur attelage lancé à un train d'enfer sur les pentes bitumées de la lyonnaise croix rousse.

LA maison pas à vendre qui se libère, l'appartement tout juste acheté déjà revendu, les clés remises en avance, le garage emprunté par le frère, la moto japonaise interdite à la vente…au japon…

Le problème, avec les livres hautement médiatisés, c'est que l'essentiel est déjà connu avant même d'en ouvrir la première page. Cela dit, celui-ci tient bien la route (si j'ose écrire) car malgré cela, malgré la virginité envolée, le plaisir de lire reste entier, le style simple et direct faisant mouche combien même le sujet est préalablement dévoilé, défloré.

Vivre vite' se lit vite, parce qu'il est court déjà, mais surtout parce qu'il est construit comme ces kits préfabriqués dont tous les éléments bien usinés s'emboîtent avec aisance, évidence, en toute simplicité, parce que ça DOIT se monter comme cela, la notice le dit, pas de place pour l'improvisation, tout est ECRIT.

 Finalement, ici tout était cris, de rage, de détresse et de désespoir mais raconté sans pathos excessif, avec recul parfois, intensité toujours.

Et SI cet accident était justement écrit dans la destinée de son autrice pour qu'elle puisse, vingt après, jouir de l'obtention d'un prix littéraire diaboliquement prestigieux ?!

VERTIGINEUX, je ne voudrais pas être dans sa tête, devoir ce succès ultime à la mort de son aimé, VERTIGINEUX !
 
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