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Critique de oiseaulire


"Lettres aux jeunes poétesses" est un volume de conseils adressés par vingt et une poétesses à une apprentie en poésie, novice désireuse de prononcer ses voeux perpétuels (en poésie).

Parmi les noms on trouve Chloé Delaume, Liliane Giraudon, Sandra Moussempès, Nathalie Quintane... (je retranscris les noms que je connaissais, j'ai rencontré les autres dans ce livre).

Je suis un peu déçue : je m'attendais à l'examen de ce qui fait la spécificité de poésie au féminin, du travail des créatrices sur la langue française, langue très masculiniste où, comme le dit Marie Darrieussecq :" si toutes les femmes du monde venaient en compagnie d'un chien, ils seraient contraints, les femmes et le chien, de se soumettre au masculin : les femmes et le chien étaient bien obéissaNTS".

Il y a bien un peu de cela, mais je suis restée sur ma faim, l'étude sur le langage n'est qu'effleurée. C'est vrai que le titre, ne le promettait pas ni le format de l'ouvrage ne le permettait.
Il n'y a pas de miracle : les ouvrages traitant de poésie sont ardus, je pensais m'en tirer à bon compte, tout connaître sans effort...

Toutes les participantes du recueil, quand même, soulignent un monde où elles pénètrent comme par effraction, sans la légitimité des poètes masculins : Sophie Lucas exprime son désarroi quand elle a atteint la petite dose de notoriété suffante pour qu'on la convie à des débats sur la poésie :

"C'est advenu. J'ai pris corps par l'écriture. Dans l'écriture.
Et puis.
Il a fallu faire lectures publiques, tables rondes, rencontres.
Il a fallu exister par la parole.
Ce n'était plus l'écriture. C'était le monde. le corps social.
La violence. le bruit.
Il a fallu s'exprimer. Je n'ai pas su.
Il a fallu argumenter. Je n'ai pas su.
Des hommes depuis des siècles assis là.
Satisfaits. Ambitieux.
Habitués.
Il a fallu s'imposer. Je n'ai pas su.
Il a fallu faire sa place. Je n'ai pas su.
La déception d'être soi. de n'être que soi.
Rétrécir."

Toutes sans exception, formulent cette souffrance d'une légitimité toute neuve, à peine acquise, prête à être gommée par les hommes sachant, aux écrits plus "vendeurs", lourdement assis, comme dans le métro, jambes largement écartés, tout littérateurs à l'exquise sensibilité qu'ils soient.

Et pour conclure ce billet, je cite le collectif RER Q : "Ecrire au féminin vaut mieux que le neutre. Sois radicale pour être entendue.
Je suis toujours vivante. Justice nulle part, que mon écriture te hante pour toujours."

C'est pas mal quand même. Allons, il s'agit là d'une bonne initiation au sujet, libre à la lectrice, au lecteur, d'approfondir.
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