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Troisième lecture de Louise Glück à mon actif, après le complexe Iris Sauvage, et le plus émouvant Nuit de foi et de vertu.
Cette fois-ci, Louise Glück dissèque le couple, passant de celui, mythique, d'Ulysse et Pénélope à celui plus trivial d'un couple vieillissant au bord de l'implosion. Par la voix des autres, Télémaque le fils, Circé l'amante, la relation entre Ulysse le voyageur infidèle et Pénélope l'épouse patiente et fière est interrogée, analysée, sublimée ou encore critiquée et banalisée avec un certain humour sous-jacent parfois. J'ai aimé cette manière de revisiter ce récit à travers le double prisme du regard extérieur et de la poésie.
En parallèle, un couple se lance des piques d'exaspération autour de sujets aussi banals que l'entretien du jardin, l'achat de meubles ou l'organisation d'une fête.
Dit comme ça, ça n'incite peut-être pas à la lecture et pourtant, l'entrelacement de l'histoire de ces deux couples crée une nouvelle dimension autour nos histoires personnelles, si peu importantes au regard des autres mais faisant part d'une mythologie personnelle pour les protagonistes.
Une nouvelle belle découverte de Louise Glück toujours grâce aux traductions de Gallimard qui les présente en version bilingue; le Prix Nobel a eu ça de bon, nous faire connaître cette poétesse.
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D'un côté l'Odyssée, avec en exergue Télémaque, Pénélope et Circé, dans l'attente du retour du "héros" ou regrettant son départ ; de l'autre, un couple sur le déclin ; entre les deux, des paraboles sur la nature, les animaux... qui semblent paradoxalement lier l'épopée, à l'aspect banal d'un quotidien peu conté, et la vie quotidienne, à l'aspect plus poétique, et peut-être plus épique, qu'il n'y paraît.

Une poésie qui m'a touchée, que j'ai trouvé très délicate à certains moments, peut-être même plus en version originale, et tellement prosaïque, parfois comique, à d'autres, renforçant le paradoxe thématique voulu par Louise Glück par la rencontre entre mythe et réalité.

Une poésie que j'ai appréciée, et qui me donne envie de découvrir davantage la Nobel 2020 : ce sera, je pense, avec L'Iris sauvage.
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Louise Glück, comme dans L'iris sauvage, écrit sur le couple. Si dans le premier elle utilisait la métaphore du jardin, ici elle en appelle à Homère et à son couple mythique : Pénélope et Ulysse.
Tous deux interviennent à plusieurs reprises, ainsi que leur fils Télémaque, pour explorer les liens qui font un couple ; et la façon dont le lien se défait.
Car ce recueil parle de désamour, d'éloignement, de rupture. Beaucoup de ces poèmes sont des dialogues entre l'homme et la femme qui ne se comprennent plus, qui s'agacent l'un de l'autre, qui ont pourtant de beaux souvenirs en commun et une certaine nostalgie de l'amour.
Louise Glück dépeint ce thème avec des mots simples, des mots du quotidien, qui parviennent pourtant à nous briser le coeur.
"Tu sais pourquoi ils sont heureux ? Ils prennent
les enfants avec eux. Et tu sais pourquoi ils peuvent aller
se promener avec les enfants ? Parce qu'ils
ONT des enfants."
C'est très beau.
Édition bilingue, traduction de Marie Olivier.
Challenge Nobel
Challenge Poévie
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Je n'aurais jamais cru il y a encore peu de temps que non seulement j'allais revenir une deuxième fois vers un recueil de poésie, mais qu'en plus cette redécouverte m'aurait donné le sentiment de retrouver une vieille copine à la voix percutante et à l'oeil malicieux.
C'est cela que je trouve merveilleux avec Louise Gluck : la profondeur de sa vision qui va fouiller la complexité des choses, alliée à une manière de la dire de manière incroyablement simple (même voire surtout en anglais), et qui plus est humble.
Ici, elle parle de couples, celui que forment des amants désunis, celui que portent des parents séparés, avant, pendant et après la crise, et cela n exploitant une audacieuse faille spatio-temporelle en les reliant par des paraboles entre un homme et une femme d'aujourd'hui reliés en écho à rien moins que Pénélope, la femme d'Ulysse, Circé son amante et Télémaque son fils. Aussi improbable que cela puisse paraître, cela fonctionne merveilleusement bien.
Une telle épure de mots pour exprimer des choses si essentielles, c'est un vrai bonheur.
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Ce recueil contient 46 poèmes, dont certains sont tellement narratifs qu'ils se rapprochent parfois d'un texte en prose, assez explicatif voire même à la limite du dialogue.

Louise Glück alterne des poèmes mythologiques avec Pénélope, Ithaque, Télémaque et Circé (aucun poème ne s'intitule Ulysse, qui est le sujet principal, l'absent autour de qui toutes les pensées convergent), des paraboles, et des poèmes sur la vie actuelle.

Les poèmes contemporains, sur la vie quotidienne, les frictions de couple, les discussions sont très concrets, voire autobiographiques. Louise Glück cite par exemple différents noms, comme celui de son second mari (John) ou de son fils (Noah). On a l'impression d'entrer par la petite porte dans l'intimité d'un couple ou d'une famille.

Si le mélange des genres m'a un peu déstabilisée au départ, j'ai trouvé qu'au fil des pages, les textes sur le couple mythologique et intemporel (avec l'attente et l'entêtement de la femme, le fantasme du fils, le chagrin de l'amante) permettait de mettre en lumière avec pertinence celui du couple moderne.

Une nouvelle fois, je suis touchée par la simplicité de Louise Glück, par ses références récurrentes à la nature, aux animaux, aux plantes, mais aussi par ce côté mélancolique, intime et mystérieux (qui l'est encore plus dans d'autres recueils, plus implicites).




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Un recueil pénétrant et alerte dévoilant parfaitement les facettes rusées de l'écriture poétique de la prix Nobel 2020.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/04/17/note-de-lecture-meadowlands-louise-gluck/

Prix Nobel de littérature 2020, l'Américaine Louise Glück fait partie de ces autrices ou auteurs que la France, pourtant l'un des pays les plus actifs au monde en matière de traduction des littératures étrangères dans sa propre langue, semble ignorer jusqu'à la consécration finale (on se souvient, et sans hasard, il s'agissait alors également de poésie, de la quasi invisibilité du Suédois Tomas Tranströmer chez nous jusqu'en 2011). Mettant les bouchées doubles, tardives mais efficaces, pour combler ce manque, les éditions Gallimard nous ont offert depuis lors la traduction de quatre recueils. Confié à Marie Olivier, « Meadowlands », publié à l'origine en 1996, est le dernier en date, apparu chez nous en février 2022.

Mêlant les motifs mythologiques lancinants de Pénélope, d'Ulysse, de Télémaque (le véritable héros secret, peut-être, de ces pays de prairie figurés), ou de Circé (au point de résonner étrangement avec le si incisif « Troie » de luvan) et les sursauts intimes, les saillies subtilement politiques (souvent paraboliques) et les surgissements d'humour froid, sophistiqué et éventuellement noir, Louise Glück parvient à la fois à inventer un univers faussement familier et authentiquement déstabilisant (« Nuit sans lune » ou « Matin pluvieux », par exemple), à désarçonner les attentes imprudemment avancées (« Parabole du treillis » ou « Ce que le coeur désire »), à construire une vraie-fausse nostalgie à géométrie éminemment variable (les trois « Meadowlands ») et à renouveler en profondeur certaines métaphores au long cours que l'on aurait pu d'abord jurer fatiguées (« Marina » ou « le papillon », tout particulièrement). Et tout cela sous le couvert délicieux d'une langue très particulière, superbement rendue par la traductrice (prenant le risque d'être lue et relue dans cette édition bilingue), qui associe des ancrages extrêmement profonds à un maniement primesautier des anachronismes chaque fois que nécessaire ou judicieux.

Une très belle découverte poétique, qui appelle donc à toujours davantage de curiosité de notre part et de celle de nos éditeurs, sans attendre les nobélisations si possible.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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