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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Mavoungou est le personnage central de ce roman. On ne sait pas trop dans quelle ville on est. Ce pourrait être Pointe-Noire. le lecteur n'a pas vraiment de repères temporels. du moins, je ne les ai pas clairement identifiés. Donc, il y a plusieurs manières d'aborder ce roman. En supposant que la pratique du Tchikoumbi soit obsolète et qu'elle n'aurait pas survécu à la période coloniale. C'est mon hypothèse de départ en abordant le roman de Mambou Aimée Gnali. Une approche serait celle d'une pratique encore développée, comme je viens de l'apprendre après ma lecture, en discutant avec mon épouse qui a longtemps vécu à Pointe-Noire. Bon, le tchikoumbi, puisque je perçois l'agacement de certains lecteurs est une pratique d'initiation des femmes à la vie maritale. Pendant plusieurs mois, des classes d'âge femmes pubères sont mises en quarantaine.

C'est le cas d'une jeune fille de bonne famille, Bouhoussou. Mavoungou a longtemps protégé, durant son enfance, cette jeune femme et il s'en est finalement épris.


Ce roman est une remarquable occasion pour l'écrivaine congolaise de sonder tous les contours des alliances matrimoniales en Afrique centrale et particulièrement chez les Vili. Alors que Mavoungou, jeune travailleur veut faire valoir ses prétentions auprès de la famille de Bouhoussou, cependant la jeune femme a déjà été promise à un notable dans le cadre d'une alliance familiale. Quelle va être la réaction des protagonistes ? La question du mariage arrangé a déjà été traitée, ressassée en littérature. Il me paraissait captivant de voir son traitement dans un contexte congolais où les femmes ont vu de nombreuses pratiques du même acabit être renversées, laissant à la femme congolaise de nombreuses libertés. Il y a donc une forme d'anachronisme dans le traitement de ce sujet, comme si l'auteure souhaitait ré-explorer des pratiques aujourd'hui désuètes.

En analysant le propos de l'auteur, on est en droit de remettre en cause certaines certitudes.
« Dans nos us et coutumes, il s'agit d'un acte visant à perpétuer la famille, à travers une alliance entre familles qui se connaissent et s'apprécient. Il s'agit de pérenniser des liens. C'est d'ailleurs pourquoi nombre d'entre nous ont plusieurs, que nous ne connaissions même pas avant de nous engager. Mais nous connaissons leurs familles et savons d'où elles viennent. Ce qu'elles valent. C'est cela qui est important. Qui donne du poids à une union. » P.57 L'or des femmes - Ed. Gallimard
Parole délicieuse d'un père à son fils. En soi, rien d'exceptionnel. Cela s'est vu ailleurs. Juste rappel que dans ces sociétés africaines, le groupe, le clan prime sur les élans individuels.
« L'honneur de la femme ne tient qu'au bon vouloir de l'homme » P.80 L'or des femmes - Ed. Gallimard
Propos cinglants. Mais à la lecture du récit de Joseph Mwantuali*, Tu le diras à ma mère, il reflète une triste réalité : une phallocratie qui file de beaux jours en Afrique centrale. En tout cas dans cette société coloniale, les femmes existent par et pour les hommes. Il n'y a d'ailleurs pas dans le propos de Mambou Aimée Gnali une volonté de déconstruire un modèle établi. Même Mavoungou, personnage central de cette romance possède une femme refuge et défouloir en laquelle il déverse l'expression de sa frustration. Nzinga.

La figure de Mavoungou est intéressante par le fait que celui-ci est assez commun et basique dans ces choix d'homme. Il est un homme bantou dépossédé du fruit de sa passion. Cependant, il ne se sent pas investi du devoir de déconstruire un modèle social. Il veut juste de profiter du fruit défendu dès que l'opportunité se présente.

Je suis quelque peu indécis quant à ce que je dois retenir de ce roman. Pour plusieurs raisons : La première est que je ressors de cette lecture sans en savoir plus sur le tchikoumbi. La seconde se situe au niveau des nombreuses pistes ouvertes par l'auteure comme la question de la traite négrière et de l'enrichissement d'une certaine élite Vili et son impact sur l'évolution des moeurs. Ces points sont abordés sans vraiment être approfondis. Une troisième raison réside surtout dans l'ambiguïté du positionnement de Mambou Aimée Gnali sur la question des alliances matrimoniales.

Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
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