Journal 1943-1945

Je précise que cette critique concerne les quatre volumes qui constituent le journal de Goebbels.
Ses écrits débutent en 1923 à Rheydt , sa ville natale , pour s'achever en 1945 dans les ruines de Berlin.
Lecture extrêmement intéressante mais également extrêmement perturbante.
L'histoire de la montée du nazisme , de sa prise de pouvoir et finalement de son anéantissement est ici vécut de l'intérieur.
Certes Goebbels écrit pour être lu et de ce fait enjolive et arrange quelque peu les faits mais sans pour autant réellement dénaturé la vérité historique.
C'est aussi la découverte d'un homme complexe qui peut être d'une froideur absolue en début de page et chaleureux quelques lignes plus loin . Un homme bourré de rancoeur envers la société et qui trouve dans le nazisme une place qu'il estime être la sienne et qu'on lui refusait précédemment..
On y découvre son admiration , presque de l'idôlatrie pour Hitler qui éclate littéralement au fil des pages , sa relaion amour/haine avec Magda qui occupe une grande part de son récit et bien sûr tous les arcanes de la politique nazie se dévoilent peu à peu .
Lecture passionnante mais qui fait froid dans le dos tant le contraste entre les déclarations d'amour à sa femme et ses enfants et la haine qui sourde de tout ce qui n'est pas national-socialiste éclate au fil des pages.
Lecture ardue qu'il est préférable de fragmenter si on tient à ne pas perdre l'esprit devant tant d'abominations.

Ce n'est certes pas le talent de l'écrivain qui fait la valeur de ce document Ni sa teneur idéologique que je vomis . Mais la nazisme est un phénomène historique qui sollicite mon attention depuis longtemps pour des raisons familiales (parents résistants ) et philosophiques . La prégnance d'une idéologie aussi démente sur des populations aussi proches de nous dans le temps et dans l'espace ,m'interroge. Et j'ai lu ce journal pour comprendre ce qui gisait dans l'esprit d'un des forgeurs de cette folie . Pas diabolique , pas monstrueux , humain à l'esprit dévoyé , voilà ce qu'est Goebbels , ravagé par sa foi en Hitler au point d'espérer quand tout est perdu car le Chef espère encore. Oui ,l'esprit humain peut se dérégler à ce point sans intervention extérieure , et entraîner des masses. Rien ne nous protège d'un retour (sous d'autres formes) au chaos sinon , peut être la vigilance de tous les instants , y compris vis-à-vis de notre propre esprit.

Indispensable pour comprendre de l'intérieur. Mais uniquement pour les lecteurs avertis qui ont une connaissance de cette période pour savoir lire entre les lignes et resituer les propos. Et surtout connaître la nature de l'idéologie qui supporte tous les écrits. Une source historique mais l'auteur ne dit que ce qu'il veut bien dire. A déconseiller donc pour un "débutant" en histoire de cette période