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Critique de jcjc352


Fabuleux «Journal d'un fou» et merveilleux conteur que Gogol!
Dans cette nouvelle Gogol narre benoîtement la descente aux enfers de son personnage «Poprichtchine»
De l'anecdote, petite folie douce, au delirium tremens prononcé et définitif il nous entraîne dans la folie avec une progression rigoureuse et dans le récit, et, dans la forme de la narration
Poprichtchine tient son journal et dis souvent « … je me tais... » semblant en avoir trop dit ce qui ne l'empêche pas de délirer beaucoup surtout au début sur les chiennes bavardes et épistolières
Au bout d'un moment il semble effectivement au lecteur qu'il n'y a rien d‘anormal qu'un chien puisse parler et surtout être un fervent épistolier.
Tenez voyez « Kador » de Binet adepte de la « critique de la raison pure » de Kant (comme Cripure de « sang noir » de Louis Guilloux)
Ceci dit après avoir jeter un oeil à mon chien il m'a semblé le voir rigoler mais bon comme il venait de finir son sudoku...
Puis la fantaisie douce et même pas amère cède le pas à un délire puissant et jubilatoire
Dans cette narration il y a un coté sensé et bien vu qui côtoie l'absurde et qui font bon ménage: c'est l'art de Gogol
On relèvera donc :
- Un délicieux petit passage épistolaire très vivant, spontané et drôle du fait de sa canine-touch
- Un personnage capricieux qui prend la mouche tout seul «Tu mens, maudit cabot !» là on ne peut s'empêcher de revoir le commissaire Juve et le journaliste Fandor «Tu Mens tu mens tu mens... Il ment»
- Des leçons de politique, façon ménagère (ou ménager), leçons de géographie originales pour les nuls, leçons d'astronomie pleines de poésie qui fait penser à Méliès
- Des relents de don Quichotte avec ses bastonnades à l'asile
- Des piques aux finnoises qui aiment le propre et aux français mahométans Ah ces ukrainiens !
- Et un aphorisme à la S.Tesson - « Tout le monde sait que, quand l'Angleterre prise, la France éternue. » qui semble tirer de celui de Klemens Wenzel von Metternich-Winneburg (si si c'est vrai)«Quand Paris s'enrhume, l'Europe prend froid. » mais comme Gogol aime chambrer les français il y introduit une petite inversion revancharde
L' intronisation  de Poprichtchine  à l'asile fait penser à « chalet 1 » d' André Bâillon ( à lire absolument) ou/et « force ennemie » John-Antoine Nau
Tout au long du récit on rit car le personnage ne semble pas malheureux : on arrive même à voir la vie à travers ses yeux. Au terme, la société a rattrapé le fou et le traitement qu'on lui inflige semble bien inapproprié.

Ce qui n'empêche pas Gogol, pince sans rire, de faire une ultime pirouette pour nous émerveiller une dernière fois.
Fabuleux !
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