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Citations sur Histoires d'aberrations (4)

Extrait de « Auto-Escamotage » de Richard Matheson :

Je ne sais pas quoi faire. J'ai passé la journée assis à la fenêtre observer la rue. Je guettais le moindre visage connu. Mais il n'y avait rien que des étrangers.
Je n'ose pas quitter la maison. Elle est tout ce qui me reste. Avec nos meubles et nos vêtements.
Je veux dire mes vêtements. Son placard à elle est vide. Je l'ai ouvert ce matin à mon réveil et il n'y avait pas un mouchoir. C'est comme un tour de prestidigitation, un escamotage – comme...
Je me suis contenté de rire. Je dois être....
J'ai appelé le magasin de meubles. Il est ouvert le dimanche après-midi. On m'a dit qu'il n'y avait aucune commande de lit à mon nom. Si je voulais venir vérifier ?
Je suis revenu à la fenêtre.
J'ai pensé à appeler ma tante de Detroit. Mais je suis incapable de me rappeler le numéro. Et il n'est plus dans le répertoire. Le répertoire entier est vide. Il ne reste plus que mon nom en lettre d'or sur la couverture.
Mon nom. Rien que mon nom. Que dire ? Que faire ? Facile. Rien à faire.
J'ai feuilleté l'album de photos. Presque toutes les photos ont changé. Elles ne représentent plus personne.
Mary n'y est plus, ni nos parents, ni nos amis.
De quoi rire.
Sur la photo de mariage je suis assis, tout seul, à une immense table couverte de mets. Mon bras gauche est étendu et courbé pour enlacer une mariée fantôme. Et, autour de la table, il y a des verres qui flottent dans le vide.
Qui me portent un toast.
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Extrait de « La Ruelle ténébreuse » de Jean Ray :

Trois petites portes jaunes dans le mur blanc...
Au-delà du coude de la ruelle, les viornes continuaient à mettre du vert et du noir parmi les pavés, puis les trois petites portes parurent, se coudoyant presque et donnant, à ce qui aurait dû être singulier et terrible, l'aspect puéril d'une rue de béguinage flamand.
Mes pas sonnaient très clairs dans le silence.
Je frappai à la première des portes; seule la vie vaine de l'écho s'éveilla derrière elle.
La ruelle s'allongeait de cinquante pas vers un nouveau coude.
L'inconnu ne se découvrait qu'avec parcimonie, et ma part de découverte d'aujourd'hui n'était que deux murs pauvrement blanchis au lait de chaux et ces trois portes. Mais toute porte close n'est-elle pas en elle-même un mystère puissant ?
Je frappai, de coups plus forts, le triple huis. Les échos partaient à grand bruit et bouleversaient, le confuses rumeurs, les silences tapis au fond de prodigieux corridors. Parfois, ils semblaient imiter des pas très légers, mais ce furent les seules réponses du monde enfermé.
Il y avait des serrures comme à toutes les portes que j'ai l'habitude de voir. Le soir de l'avant-veille, j'avais passé une heure à ouvrir celle de mon appartement avec un fil de fer tordu, et c'était aisé comme un jeu.
J'avais un peu de sueur sur les tempes, un peu de honte au coeur. Je sortis de ma poche le même crochet et le glissait dans la serrure de la première petite porte.
Et, comme celle de ma chambre, très simplement, elle s'ouvrit.
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Quand je parvins à sa hauteur je vis ses yeux, vides sauf les deux minuscules reflets de lune. Je savais qu'il ne faut pas réveiller un somnambule et la pris doucement par les épaules, malgré le tremblement de mes mains, essayant de la détourner de l'étang.

Ramsey Campbell : L'essayage
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Après un court prélude, spasmodique et tumultueux, il entama ce qui me parut être une symphonie de souvenirs. Sombre et funèbre, toute frissonnante d'une profonde souffrance, elle semblait évoquer une nuit noire et lugubre, sur un écueil glacé, autour duquel un océan invisible, à la voix terrifiante, se brisait dans une éternelle fureur.

Fitz James O'Brien : La chambre perdue
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