Et il était devenu tellement étranger à son propre point de vue qu'il se contentait de répéter la phrase, presque mot pour mot. Tellement étranger à lui-même qu'il n'effectuait plus la simple rectification nécessaire pour voir le monde par ses propres yeux.
Bon Dieu, mais comment la poésie va-t-elle nous aider à gagner la guerre si elle n'est pas épique ?
Être mort, ça veut dire ne plus jamais devoir s'essuyer le cul, ne plus jamais être déconcentré par nos divers besoins corporels ni par un collègue venu bavasser dans vos oreilles pour du vent. Ça veut dire qu'on peut ne plus jamais s'arrêter si on veut.
Bien sûr, jamais c'est long. C'est un putain de long, long, long moment.
- Salut Danny. Tu vois l'écran qui apparaît quand on perd au jeu Pac-Man ?
- Ouais.
- Eh bien, entre nous c'est Game Over.
Les rumeurs vont bon train, mais le gouvernement nie avoir créé un virus engendrant des zombies dans le but de se débarrasser des populations gênantes. Il est grotesque de... Non mais, on se fout bien de notre gueule, moi je dis !
- Il est mort, Jack. Quelle importance ?
- Mais il était vivant, avant !
Les yeux brûlants, Jack fit un pas vers Charlie, qui recula comme sous l'effet d'une gifle.
- Ben il est mort, maintenant !
Il n'avait pas encore fini de manger son gâteau d'anniversaire, chez lui, que Tom lui avait lancé :
- S'il me prenait l'envie de te proposer de t'apprendre mon métier, tu m'arracherais la tête ?
Benny lui avait décoché un regard meurtrier et avait répondu très clairement et distinctement :
- Je. Ne. Veux. Pas. Apprendre. Ton. Métier.
- Je prends ça pour un non, alors.
- Tu ne crois pas qu'il est un petit peu trop tard pour essayer de m'attirer là-dedans ? Je t'ai demandé des millions de fois de...
- Tu m'as demandé de t'emmener pour assister aux exécutions.
- Exact ! Et à chaque fois, tu...
- Mon boulot ne se limite pas à ça, Benny. C'est bien plus que ça.
- Ouais, c'est possible, et peut-être que j'aurais estimé que le reste était dans mes cordes, mais tu ne m'as jamais laissé aborder le côté cool.
- Il n'y a rien de "cool" dans le fait de tuer, objecta Tom avec sévérité.
- Si, quand il s'agit de tuer des zom's !
Pourquoi sommes-nous fascinés par les zombies ? Peut-être parce que rien n'est plus terrifiant que la mort venant frapper à notre porte, sous quelque forme que ce soit. Voici donc l'armée des morts.