Dans la ville de Coventry, on a peur des blizzards depuis que l'un d'eux a causé la mort de plusieurs personnes, laissant les familles brisées et éplorées. Mais à l'approche d'une nouvelle tempête de neige, certains des habitants commencent à se comporter de manière étrange. Comme s'ils n'étaient plus vraiment eux-mêmes.
L'histoire se déroule en deux parties : d'abord, on fait connaissance avec les personnages. Ils sont tous membres d'une petite ville, certains sont proches, d'autres ne se connaissent même pas, mais tous on en commun d'avoir vécu le même drame. le blizzard va en effet leur prendre quelqu'un, un de leur proche qui va mourir dans des circonstances étranges durant cette nuit glaciale.
Nous sommes ensuite transportés une dizaine d'années plus tard, et l'on retrouve les personnages survivants pour voir comment ils ont surmonté leur deuil (ou pas). J'ai bien aimé cette construction un peu double, ce contraste entre la première partie où tout s'enchaîne très vite, où les morts se succèdent sans nous laisser le temps de souffler, et la seconde, où l'on se retrouve sans trop s'y attendre douze ans plus tard.
La seconde partie est racontée de manière bien plus lente, l'auteur prend son temps avec chaque personnage ou groupe de personnages. le tout est pris dans cette atmosphère glaciale et paralysante, très pesante, d'hiver et de début de blizzard.
Snowblind présente une sorte de surnaturel soft, insidieux, qui reste invisible une bonne partie de l'histoire. En effet, on se concentre énormément sur la vie des personnages en eux-mêmes, et j'ai beaucoup aimé ça. Cette idée que, même après avoir vécu l'horreur, il faut bien continuer à avancer. Que même lorsque l'incompréhensible arrive, il faut trouver des moyens de rationaliser et de continuer sa vie.
J'ai aimé aussi la manière dont les choses se développent sans empressement, nous faisant nous poser de plus en plus de questions. On nous laisse le temps de nous interroger avant de tout expliquer. le rythme du récit pourra en rebuter certains, mais pour moi, c'est bien ce qui fait toute la saveur et l'originalité de cette histoire. On ne ressent pas vraiment de peur, juste une atmosphère pesante, provoquée par le froid qui enveloppe le récit et par la sensation de danger qui entoure la ville.
Ce roman parle beaucoup du deuil, de la manière de surmonter la mort d'un proche et de continuer à vivre avec cette blessure. Il y a Jake, qui a perdu son petit frère dans le blizzard et qui croit avoir vu une créature le saisir par la fenêtre pour le faire tomber.
Joe Keenan, le flic qui s'en veut de n'avoir pu sauver les deux garçons morts durant la tempête. Doug, qui ne s'est jamais remis de la mort de sa femme. TJ, qui culpabilise d'avoir laissé sa mère seule cette nuit-là. Et beaucoup d'autres personnages, entre lesquels on ne cesse de basculer.
La dernière partie, sorte de course-poursuite au ralenti, blizzard et neige oblige, donne un grand coup d'accélérateur à l'intrigue et est très prenante. Une très forte tension se dégage de ce moment où un certain nombre des personnages se retrouve en danger, et où l'on sent que n'importe lequel d'entre eux peut y rester. La scène dure et ne cesse de gagner en tension, parce que la neige et la tempête paralysent les personnages et les empêchent d'avancer pour se mettre à l'abri des créatures de glace.
C'est le genre de livre qui se lit bien au chaud chez soi, pendant que dehors l'hiver bat son plein et que le vent siffle tout autour de nous. Sensations garanties.