Citations sur Antonia Scott, tome 2 : Louve noire (37)
Il est au courant des coups de filet hebdomadaires ou presque. Des millions d’euros et des quantités saisies. Des morts par dizaines, dont le nombre ne cesse d’augmenter et dont la presse ne parle pas. Parce que l’essentiel est de préserver ce qui vous fait vivre. Et ce qui fait vivre ce pays, c’est de vendre du soleil et du sable.
Elle ne peut pas voir le tueur, elle ne peut pas courir jusqu’à la voiture suivante, qui est trop loin. La seule issue est de ramper sous la Prius. Elle se tracte, notant sur ses mains et ses coudes la consistance visqueuse de l’huile de moteur, qui s’insinue sous les mailles de son pull à mille deux cents euros.
Ils sont toujours deux, ils sont toujours deux. Quand ils veulent tuer quelqu’un, ils sont toujours deux.
Que tu trahis ton mari. Que tu es une enquêtrice médiocre, parce que tu ne trouves pas un type que personne n’a jamais pu approcher jusque-là. Tu resteras bloquée et morte de trouille. Tu finiras dans un royaume de solitude, pour l’éternité. Si tu veux éviter ça, une seule solution : libérée, délivrée.
Nous commettons toujours des erreurs, ma petite. Quoi que tu fasses, tu auras tort. Et quand ton fils grandira, il te rendra responsable de tous ses maux et de tous ses défauts. C’est ainsi. Nous sommes ainsi.
Elle est experte dans l’art de se mentir à elle-même, profane dans celui d’exprimer sa propre réalité.
L’empathie à l’égard du malheur d’autrui a ses limites, au-delà desquelles son infortune commence à vous apparaître comme une forme de malveillance dont vous êtes la victime.Cela, elle ne le dit pas non plus. Antonia Scott est peut-être l’être le plus intelligent de la planète, mais ça ne lui donne pas la sagesse pour savoir quoi faire ni la force d’affronter ça.
Quand notre cerveau est confronté à une menace imminente, la médullosurrénale libère aussitôt une décharge de catécholamines dans la circulation sanguine, nous donnant instantanément l’énergie de lutter ou de fuir. Lola a déjà lutté – ces pauvres crochets du coude en sont le résultat. Maintenant, la terreur exige de fuir.
Quand les jalouses croisent Lola à la sortie des restaurants chic et des boutiques de luxe, elles se donnent des coups de coude. Coups de coude qui signifient « potiche » pour les Espagnoles. « Épouse trophée » pour les Anglaises et les Russes.
La joie du pauvre est éphémère, lui dit toujours sa mère. Lola Moreno, qui porte des jeans Balmain, un doux pull en cachemire et un sac Prada, n’est pas pauvre, pauvre.
L’argent, elle n’en manque pas.
Le temps, en revanche, c’est une autre affaire.