Antonia Scott, tome 2 : Louve noire

Paradoxalement, il est parfois plus facile de repérer les traces de sang dans l’obscurité. Notamment grâce au Luminol – une substance miraculeuse qui, répandue sur une scène de crime, permet de faire briller le sang et d’autres substances organiques sous un rayonnement ultraviolet.

Il se contente des ponts qui supportent son poids – non pas qu’il soit gros. Mais il apprécie la luminosité, suffisante pour une opération à cœur ouvert. Ajoutée au bruit de ses pas sur les lames de bois, elle annoncera son arrivée.

Il faut plusieurs secondes et pas mal de litres d’oxygène pour remplir cette énorme cage thoracique. Le temps nécessaire pour se calmer et ne pas balancer à son chef une torgnole qui l’enverrait valser au fond de l’eau.

Les spécialistes de tout ont commenté le sujet sans rien savoir, avant de passer au suivant. La vie a continué, comme toutes les choses qui n’ont pas vraiment de sens.Le monde a tourné la page.Mais pas Antonia.Antonia ne tourne JAMAIS la page.

Il n’est pas de meilleur réconfort à sa propre disgrâce que de voir un autre être humain tomber encore plus bas.

Le corps humain est composé à plus de soixante-dix pour cent d’eau. L’eau ne flotte pas, donc dans un premier temps, il coule. Dans les conditions de température adéquates, les bactéries se mettent à décomposer le corps dans les heures qui suivent le décès. Il fait quatre degrés et l’eau est à environ six degrés, donc… ça se compte plutôt en jours. Les gaz remplissent l’estomac et l’intestin, et paf. Le revoilà.

Les pièces sont blanches et rouges, à l’anglaise. L’un des fous d’Antonia pourrait faire échec et mat.
Les rouges jouent et gagnent.
Une décision simple.