Un si joli désastre

Cette romance tout juste mignonne aurait pu être touchante si elle n'était pas tombé dans les écueils classiques de la romance gay pour ado : tout est dit dans le résumé, "l'un est out, l'autre pas". Quand on voit comment Alice Oseman est capable de traiter le sujet avec finesse et authenticité dans Heartstopper, c'est difficile de laisser passer ce genre de "désastre" sans réagir vivement. Toutes les conversations autour du fait que Will n'est pas out sont d'une lourdeur affligeante, sans nuance aucune, et perçues par le prisme d'un narrateur sans personnalité. L'entourage de lycéen-nes stéréotypé-es est agaçant, les adultes sont à côté de leurs pompes, et tout ce qui pourrait donner du corps aux personnages (leurs passions, leurs objectifs de vie, leurs traumas) est fade.
Pourtant, cette romance a une grande qualité qui me fera stopper ici ma critique amère : son traitement de la thématique de la maladie, de la mort et du deuil. Un sujet peu ou mal traité dans la fiction jeunesse, qui ici est amené de façon touchante, et même glaçante de réalisme. Je ne m'attendais pas (vu que le roman me déplaisait) à être pris-e de cours à ce point par l'aspect dramatique des évènements qui entourent le personnage de Tante Linda.
Les autres thématiques sérieuses (grossophobie, troubles alimentaires, harcèlement) sont malheureusement abordées avec un point de vue d'adulte qui s'imagine des ados avec un langage daté.
En bref : si vous avez envie d'une romance à la Glee, de bisous aux bords de l'eau et de petites querelles d'ado, vous serez servi, mais n'en attendez pas plus sur l'aspect queer. Si vous cherchez un roman qui aborde le deuil sans en faire l'intrigue principale je vous le conseille vivement. Mais pour satisfaire vos envies de romance queer bien écrite, allez voir ailleurs.