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Amande met en scène un héros atteint d’une pathologie très rare dont j’ignorais jusqu’ici l’existence : l’alexithymie, qui est l’incapacité à identifier ou exprimer ses émotions. Dès le début d’Amande, on ressent la singularité de la voix de Yunjae alors qu’il égrène ses souvenirs d’enfance avec un détachement surprenant. L’autrice a, selon moi, parfaitement réussi à traduire l’absence d’émotion de son personnage principal. Son écriture est déstabilisante mais elle est parfaitement adaptée à l’histoire. C’est un style très sobre, très efficace que la succession de courts chapitres vient renforcer. Les deux personnages principaux sont complètement à l’opposé. Yunjae ne ressent rien alors que Gon semble habité par une colère immense et dévorante. Leur amitié, improbable autant qu’explosive et brutale, se construit au fil du roman et j’ai aimé le lien qui se tisse entre ces deux garçons peu à peu. J'ai aussi beaucoup aimé vivre l'évolution de Yunjae. Entre l’enfant du début et le jeune homme de la fin, le lecteur aura accompagné la transformation de ses rapports aux autres et sa découverte (et appropriation) de certains sentiments : empathie, colère, tristesse, amitié, amour … le tout de sa manière si singulière bien sûr !

Un avion s'écrase en mer et deux jeunes filles qu'un océan sépare voit leurs destins se lier par cet événement... Ce roman peut dérouter au départ par sa forme puisqu’il est écrit en vers libres. Le charme a néanmoins vite opéré car j’ai trouvé que cette écriture à minima dans laquelle chaque mot est choisi, pesé, donne à ce texte, qui parle de deuil et de secret de famille, une plus grande intensité. L’histoire de Camino et Yahaira, les deux héroïnes, est touchante. Ces deux jeunes filles vont être réunies par le drame d’un crash aérien. Le roman aborde plusieurs thématiques : la relation fille-père, l’absence, le deuil, les secrets, les difficultés de la pauvreté, la reconstruction après la perte d’un être cher... L’écriture poétique d’Elizabeth Acevedo exacerbe l’intensité des émotions.

Six autrices, six histoires indépendantes mais qui se répondent et s’unissent autour d'un moment particulier : une coupure électrique générale. Un roman choral pour parler d’amour avec la particularité que tous les personnages sont noirs. Au-delà de ça, les histoires de Blackout à New-York mettent chacune en scène des histoires d’amour très différentes dans lesquelles les héros sont très variés (hétéro, homo, bisexuel, non-binaire, …) et sont aussi confrontés à des questions différentes (dire adieu à un ex, avoir le courage de déclarer sa flamme, décider de rompre avec celui qui était son petit ami depuis longtemps, …) dans laquelle tout un chacun pourra s’identifier. Sans jugement ni préjugé, avec bienveillance, ces six histoires sont riches et passionnantes. Chacune amène le lecteur à réfléchir sur l’amour à travers les situations vécues par les personnages. Le message de ce roman est lui commun pour les six autrices : apprendre à s’aimer soi-même, accepter que ses sentiments peuvent changer, savoir s’écouter, partir pour parfois revenir…

Le roman met en scène un duo assez inattendu : un flic qui doit se racheter une conduite (Ruben) et un ado sur le fil (Gaspard). Réunis pour une expérimentation, contre toute attente, les deux vont s’entendre et se lancer dans la résolution d’un cold case, ces affaires un peu oubliées dont on recherche encore les coupables. Pour cette première mission (et on espère pas la dernière), Gaspard et Ruben s’intéressent à des mutilations perpétrés sur plus de 127 chevaux ! Une affaire qui pourrait bien toucher Gaspard plus personnellement qu’il ne le croit… Christophe Guillaumot offre un polar passionnant porté par un duo insolite et attachant. Ruben, le flic taciturne et brut de décoffrage, Gaspard, l’adolescent paumé mais déterminé et touchant. Les deux sont diamétralement opposés mais le duo fonctionne bien et j’ai apprécié leurs échanges, fins et très justes. L’histoire est bien ficelée et le suspense est savamment entretenu sur l’identité du coupable. J’ai trouvé la manière dont l’enquête est menée crédible même si l’affaire est un peu sordide...

Au départ, il y a un fait divers bien réel dont la presse nationale s’est fait l’écho : deux ados qui provoquent la mort d’un troisième. Ensuite, il y a la volonté de Patrick Bard de chercher à comprendre comment l’impensable a pu se produire et comment on devient, à seulement 15 ans, un meurtrier. Dopamine pointe les dérives, les excès de l’usage de certaines applications et les raisons qui font que certains tombent dans l’addiction avec tous les risques que cela comporte : la perte des repères, de la distinction entre le bien et le mal, entre le réel et le virtuel, entre les sentiments et les chimères du numérique. Patrick Bard montre avec finesse comment chacun a pu basculer, sournoisement, de l’amitié au harcèlement et à la violence, de l’amour à la volonté de tuer.

Gamine est un roman efficace et percutant sur le thème de l’emprise amoureuse. Emmanuelle Rey décortique les mécanismes à l’œuvre dans l’emprise amoureuse à travers la relation entre Colin et Judith. La jeune fille rêveuse, amoureuse, encore très jeune, se laisse berner par cet homme séduisant. On la sent qui s’éloigne de son entourage, consent à des situations absurdes. Elle se rend compte, parfois, que la relation n’est pas saine entre eux, mais pardonne et a du mal à le quitter. Judith est touchante dans sa sensibilité. L’auteure n’élude rien, n’est jamais dans le jugement.

Sol, garçon solitaire et renfermé voit son rêve se réaliser (avoir un cheval) à la suite d'un drame. Peu à peu le garçon va être transformé. Avec une plume sensible et beaucoup de tendresse, Cécile Alix raconte comment Sol reprend goût à la vie, s’ouvre aux autres et découvre l’amour grâce à la concrétisation de son rêve d’enfant : avoir un cheval. On assiste de façon touchante à la métamorphose du jeune homme. J’ai été souvent émue par les relations qui se créent. L'autrice offre une galerie de personnages sincères et réalistes, qui nous touchent chacun par leur histoire. Empreint d’espoir et d’optimisme, le roman invite le lecteur à croire en ses rêves et à voir surtout comment leur concrétisation peut tout bouleverser.

Un groupe d'adolescents provoque accidentellement un feu de forêt...mais ensemble, ils décident de le cacher pour échapper à la justice. À quel prix ? Ce que j’ai particulièrement apprécié dans L’Incendie de Jennifer Lynn Alvarez, c’est le climat de tension et l’ambiance anxiogène que l’autrice parvient à maintenir sur toute la longueur de son récit. 480 pages qui filent et qui nous maintiennent dans un suspense constant, d’abord sur la manière dont le groupe va gérer sa culpabilité vis-à-vis de l’incendie et ensuite jusqu’à la survenance d’un autre événement, plus dramatique encore, qui relance la dynamique du récit et entraîne l’apparition d’une nouvelle enquête. L’Incendie explore le thème de la culpabilité mais aussi ceux du mensonge et de la loyauté. L’Incendie est un très bon page-turner, sa construction est maîtrisée. L’intrigue est bien menée de sorte que la fin est une vraie surprise. Les personnages sont aussi très aboutis avec pour chacun une personnalité riche et complexe. Son ambiance est sombre et les derniers chapitres, tout comme la tournure finale de L’Incendie m’ont tout simplement glacée d’effroi…je vous laisse découvrir pourquoi !

Trois personnes ont gravi la montagne ; une seule est redescendue. Que s'est-il passé ? Où sont Kat et Jesse ? Claire détient la clé mais a tout oublié de cette nuit-là... Kara Thomas offre avec Last weekend un thriller très addictif. Dès le début, le roman entretient le suspense car l’enquête piétine, le couple est introuvable et Claire ne se souvient de rien ou presque. Les hypothèses se succèdent et elles sont toutes plus glaçantes les unes que les autres. J’ai bien aimé le rythme soutenu de l’histoire, le récit évolue entre passé et présent mais aussi sur plusieurs mois. L’ensemble est fluide et surtout très bien ficelé.

Après un été à s'aimer, Ollie et Will pensent ne plus se revoir mais se retrouvent finalement dans le même lycée. Sauf que ce n'était pas du tout prévu... Un si joli désastre met en scène une histoire d’amour gay avec toute la problématique qu’engendre le fait qu’un des deux amoureux n’assume pas aux yeux de ses amis et famille son homosexualité. Dès lors, tout se complique et nombreux quiproquos ou déceptions vont survenir comme Ollie va malheureusement en faire l’amer expérience auprès de Will. Pour autant, Un si joli désastre garde son esprit de comédie romantique plutôt que de tragédie amoureuse. Sur un ton léger et frais, chargé d’humour, Sophie Gonzales raconte à travers le point de vue d’Ollie les différentes évolutions de cette histoire d’amour chaotique. La romance se construit au fur et à mesure et le lecteur se laisse séduire par la personnalité des différents personnages mis en scène. D'ailleurs, je les ai trouvés très attachants et réalistes. Surtout, ils sont d’une grande variété. J’ai aussi trouvé que c’était une lecture facile, fluide et très rafraichissante. J’ai passé un très bon moment avec cette romance, pas trop clichée qui plus est !