Un si joli désastre

Un si joli désastre est une lecture mignonne et légère. Ce roman jeunesse nous plonge dans la vie d'Ollie, un jeune homme qui arrive dans un nouveau lycée pour sa terminale, suite au déménagement de sa famille afin d'être proche de sa tante, atteinte d'un cancer. Nous suivons une histoire assez classique d'un adolescent : des histoires de coeur, de famille, de vie. Mais l'histoire d'Ollie n'est pas si ordinaire, car il est ouvertement gay. Il doit donc faire face à l'homophobie et aux remarques souvent maladroites voire novices parfois, reflétant des clichés encore trop présents dans notre société concernant la communauté LGBTQ+.

Dans ce lycée, il retrouve Will, son amour d'été, qui éprouve des difficultés à assumer son homosexualité auprès de sa famille et de ses amis. J'ai apprécié le fait qu'il n'ait pas de difficulté à comprendre et à assumer sa sexualité personnellement, mais qu'il ait simplement peur du regard de ses proches. Son point de vue m'a cependant manqué, il aurait été intéressant à explorer, surtout dans le cadre d'un livre destiné aux jeunes.

La romance n'est pas forcément beaucoup mise en avant, il y a d'ailleurs assez peu de scènes entre eux, et nous débarquons dans l'histoire un peu après la bataille car leur relation est déjà bien entamée. Même si on a des flashbacks de cet été, ils ne sont pas assez présents. C'est globalement ce que je pourrais reprocher à ce livre, son manque d'approfondissement et d'attachement aux personnages.

Olliver dit Ollie di Fiore habite avec ses parents a San José en Californie et il a passé l'été à Collinswood en Caroline du Nord, toute la famille s'est occupée de la tante Linda qui a un cancer et a besoin d'aide avec son mari Roy notamment pour s'occuper des deux enfants, Crista et Dylan. C'est ainsi que Ollie a rencontré Will Tavares et vécu une belle histoire d'amour le temps d'un été. Quand ses parents décident de s'installer à Collinswood afin de soutenir la tante Linda, Ollie comprend qu'il doit quitter pour son année de terminale tout son univers de Californie, son lycée, son petit boulot, son groupe de musique mais au moins, il va pouvoir rester près de Will, même s'il ne l'a plus revu depuis la fin de l'été. Au lycée il est dans la classe de Juliette, une passionnée de clarinette qui veut entrer au conservatoire, Niamh, une jeune femme ronde qui rêve de devenir mannequin et Lara, bisexuelle amoureuse de Renee qui a peur d'être outée ; les trois jeunes filles deviennent ses amies et le soutiennent quand il retrouve Will et qu'il comprend que celui-ci n'a jamais révélé son homosexualité et se conforme aux règles hétéronormées de son groupe de basket. Ollie entre aussi dans un groupe de métalcore comme bassiste, le groupe Absolution of the Chained avec Izzy, Emerson et Sayid.

Sophie Gonzales est psychologue, elle travaille à Melbourne en Australie et elle écrit des romans pour jeunes adultes sur les thématiques LGBTQIA+. Elle a déjà écrit quatre romans, The Law of Inertia, Only mostly devastated traduit par PKJ sous le titre Un si joli désastre, Perfect on Paper qui vient d'être traduit et publié chez Slalom, If This Gets out.

Sophie Anderson propose une bromance, une romance entre deux lycéens, l'un qui assume son homosexualité et l'autre qui cache soigneusement son orientation sexuelle en adoptant tous les codes de la virilité hétérosexuelle d'un lycéen américain d'un état conservateur et d'un membre d'une équipe de basket. Elle ajoute trois personnages féminins, l'une est soucieuse de réussir sa carrière, l'autre, ronde, rêve de devenir mannequin et enfin, la dernière est bisexuelle. Les dialogues dans la cour du lycée et dans les bars sont autant de joutes amusantes pour déconstruire les stéréotypes de genre. L'histoire d'amour est tendre et tend à montrer l'homophobie intériorisée du héros aimé. Celui-ci va bien sûr grandir et assumer sa différence de manière spectaculaire et mélodramatique. L'autrice est australienne et adopte tous les codes du teen-novel avec des techniques d'écriture créative américaines.

J'ai vu deux gars en couverture, j'ai lu "réécriture de Grease" au dos, je n'ai pas hésité une seule seconde, et bien m'en a pris !

Qu'on se le dise tout de suite, ne vous attendez pas à une réécriture fidèle de Grease, ce sont plutôt des clins d'oeil agréables quand on a la référence : la romance de l'été, les retrouvailles lors de la première fête du lycée, le beau gosse qui se la joue bad boy arrogant devant les copains, les blousons noirs, les roses... Bref, des easter eggs bien sympathiques qui, je l'espère, donneront envie aux futurs lecteurs de découvrir le film culte qu'est Grease.

Mais que vous connaissiez Grease ou non, je peux vous assurer que vous aussi, vous vous laisserez séduire par cette histoire.

Premièrement parce qu'il s'agit d'une histoire jeunesse (PKJ) qui aborde l'homosexualité, la bisexualité et heureusement qu'on en trouve de plus en plus de nos jours.
A travers l'histoire d'Ollie, de Will et de leurs amis, personnages secondaires, on se met à la place de ces jeunes qui doivent lutter contre leur entourage pour cacher/faire accepter leur orientation sexuelle. Lire leurs souffrances, leurs luttes intérieures, les moqueries et discours homophobes ou sexistes est un véritable déchirement émotionnel qui donne envie de hurler contre l'intolérance.

Malgré ces thèmes sérieux, j'ai adoré cette romance aux débuts chaotiques qui a réveillé l'ado qui est en moi : entre messages sans réponse, regards en coin, RDV secrets et baisers volés, il y a de quoi satisfaire tous les romantiques ! Parfois vous n'aurez qu'une envie, être à la place des personnages, et d'autres fois vous serez rongés par la frustration et aurez envie de secouer tout le monde pour leur ouvrir les yeux et leur dire : « Il est devant toi, qu'est-ce que tu attends ?! ». Saupoudrez le tout avec une bonne dose d'humour et d'ironie puis savourez ce doux nectar.

Un autre aspect du livre qui m'a convaincue : le fond de drame familial. Il était totalement inattendu pour ma part mais, très bien traité, m'a beaucoup émue. le cancer de la tante d'Ollie est omniprésent dans l'histoire : du point de vue de l'intrigue, il permet de voir comment Ollie est affecté par cette maladie. Pendant ma lecture, j'ai trouvé que le fait de le voir évoluer dans le cercle familial avait permis de dresser un portrait complet du personnage dont la vie ne se limite pas à celle du lycée. Certains passages qui évoquent la dure réalité du cancer sont véritablement émouvants et ajoutent un aspect réaliste au livre qui apporte beaucoup de crédit à l'histoire.

J'ai également beaucoup apprécié les personnages secondaires dont la présence n'est pas seulement décorative : que cela concerne les lycéens ou les familles d'Ollie et de Will, j'ai trouvé que l'on avait une vision très claire des personnalités de chacun, de leurs peurs, de leurs attentes qui les rendent tout à fait crédibles. Les problématiques personnelles de chacun (sexualité, études, alimentation, famille…) ont, selon moi, permis de compléter les portraits des personnages principaux qui interagissaient avec ces personnages secondaires et de dépasser l'étiquette « romance » qu'on pourrait donner au livre.

Il est temps que j'arrête de m'étendre car vous l'avez compris : j'ai été conquise par ces histoires d'ados qui cherchent comment vivre dans un monde parfois intolérant et exigeant ; conquise par l'humour rafraîchissant de la jeunesse ; conquise par ces personnages imparfaits qui réagissent sous l'effet de l'amour, de la colère, de la jalousie et de la tristesse ; conquise par toutes ces émotions vagues d'émotions qui renversent le coeur.

Ollie et ses parents passent l'été en Caroline du Nord, pour soutenir sa tante atteinte d'un cancer. Là, il rencontre Will - beau, gentil, athlétique - et il ne faut pas longtemps avant que les deux ne tombent amoureux. Mais quand arrive la fin des vacances, Ollie, du jour au lendemain, n'entend plus parler de Will : pas d'appels, de SMS, rien.
Un coup dur n'arrivant jamais seul, sa famille décide de ne pas rentrer en Californie quand la santé de sa tante se dégrade. Obligé de faire sa dernière année dans un nouveau lycée : pire scénario possible. Mais quand il découvre que Will fréquente ce lycée, Ollie croit que le karma se montre enfin un peu clément avec lui. Jusqu'à ce qu'il réalise que personne ne sait que Will est gay, et pire que ça, que cette version de Will – prétentieux, riant des blagues homophobes de ses amis sportifs - n'est pas quelqu'un qu'Ollie aime du tout…

J'ai adoré cette histoire qui est bien plus qu'une rom-com lycéenne. C'est drôle, touchant mais aborde nombre de sujets complexes avec en point central ce qu'est être queer et toute la question du coming-out.

Un si joli désastre est un livre drôle, chaleureux et bouleversant. Il regorge d'amitiés, de représentativité, d'amour familial, de moments mignons, de moments tristes, de scènes qui vous donneront envie de vous arracher les cheveux de frustration, de moments dramatiques et de personnages imparfaits mais authentiques.

Ollie est le genre de narrateur auquel on s'attache immédiatement. Il est doux, ses réflexions sont hilarantes et il a un coeur en or. Pourtant il n'est pas parfait. Si dans son cas, son coming-out s'est fait très naturellement, il en oublie parfois que c'est plus compliqué pour d'autres. On découvre à travers lui que chacun traite les événements et les émotions à son rythme et à sa manière et que tous ces comportements sont valides même si parfois inadaptés.

Ce livre brosse également un tableau émotionnel réel de la lutte contre le cancer et de la douleur de voir des êtres chers qui en sont atteints. Honnêtement, ces passages m'ont fait pleurer plus d'une fois.
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Ce roman est un coup de coeur avec des personnages qui rempliront votre coeur, une écriture drôle et entrainante, autour de thématiques qui résonnent profondément.