Mis à part le néant

Sauf que du coup, je ne suis plus très sûre de rien, de la tournure que vont prendre les choses, de la solidité de ce fil sur lequel j'ai posé un pied et sur lequel je poserai peut-être le second. Bientôt, je n'aurai peut-être plus que mes bras pour me retenir, ou les tiens ; plus que mon coeur pour me prier de ne pas tomber ; plus que mes yeux, pour savoir où je vais ou seulement pour pleurer.
Et ce gouffre terrible, là, sous la pointe des pieds.
Et l'envie de sauter, peut-être, à condition que tu sautes avec moi, qu'on marche ensemble au-dessus du vide, ou en dessous, pour voir ce qui se cache au-delà.

Dans la montagne, jamais de solitude mais l'achèvement rêvé, fragile et persistant. Peu à peu, la nature cesse d'être l'espace de nos inviolables solitudes et nous commençons à y rassembler nos égarements existentiels, ces souffrances innommables dont on ne parle jamais. Nous y partageons nos propres immensités et nos quelques ennuis. Nous n'aimons pas la pêche, nous aimons la beauté. Nous avons des maux de tête, ce mail qu'on ne sait guère soigner.
Le mal d'être ou de n'être pas.