Mis à part le néant

Mis à part le néant de @Loren Gonzalez
Paru aux éditions Thot
Merci Elodie pour cette belle découverte

Premières phrases : » Trop de temps à passer.
Trop de temps à porter des souvenirs comme un fardeau, un boulet au pied du condamné. Comme un pyjama rayé rongé par les mites et par les années. »

Lauren Gonzalez, nous invite à pousser les portes d'un chalet, isolé dans un village de montagne.
Deux couples cohabitent dans cette belle bâtisse, l'un vivant au-dessus de l'autre. Passé les présentations officielles et les sourires bien élevés, viens le temps de la vraie vie, celle qui qui bouscule et chahute, celle qui malmène et déçoit et celle qui fait voler les masques en éclats.
Et si les uns se rapprochent, les autres s'éloignent inexorablement, les uns baissant les yeux et le regard afin de se protéger de la vérité, les autres se rapprochent en toute lucidité du précipice, dansant sur les lignes de crête en équilibre instable. Et rapidement, la tension monte, oppressante et palpable, qui des quatre, résistera à ce « huis clos » étouffant et révélateur de la nature profonde de chacun, qui succombera et tombera …

Une fois de plus les Editions Thot me permettent de découvrir un roman de belle qualité.
Ces couples qui s'aiment, s'éloignent, se déçoivent et se déchirent, cette tension qui attise et pique notre curiosité et nous pousse à lire encore et encore.
L'auteur donne également, à la montagne, personnage à part entière, un rôle prépondérant rajoutant à l'atmosphère tantôt le calme et la sérénité, tantôt l'isolement et la solitude.
L'écriture est des plus agréables les dialogues m'ont séduit et emporté… bref vous l'aurez compris j'ai adoré cette lecture et je vous la recommande.

Emma aime
-Décidemment cette maison d'édition.
-La gamme de tensions
-Voir le sommet de la montagne


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Tout d'abord, je dois dire que l'édition que j'ai reçue de "Mis à part le néant" (dans le cadre de l'opération Masse Critique) est très belle. La couverture est très réussie, le papier est de qualité et c'est un plaisir de tourner les pages d'un si bel objet.

Quant au contenu, j'ai été quelque peu déstabilisé par ce livre.
Le style de l'autrice est très marqué : poétique, un vocabulaire riche, de belles envolées lyriques. La plume de Loren Gonzales est tout simplement remarquable.

Le scénario en lui même n'est pas très original (une histoire d'amour interdite) mais Mme Gonzales parvient à en faire une histoire complexe, torturée et elle donne un relief absolument incroyable à ses personnages. La psychologie et la profondeur des 2 protagonistes principaux est particulièrement bien travaillée.

Pour autant, cette relation plutôt malsaine et complétement toxique m'a parfois mis mal à l'aise. Les personnages sont tourmentés au possible et l'histoire d'amour est intellectualisée comme jamais. le passé des personnages explique en partie tout cela, mais tous deux auraient besoin d'un suivi psychologique ++ avant d'entamer une relation de couple constructive et sereine.

Je me suis parfois perdu dans les "dialogues" en raison de la narration alternant entre le "je" et le "tu" qui rend, bien souvent, peu clair les échanges entre les personnages, si bien que je ne savais pas toujours qui s'exprimait. Parfois aussi les phrases ne se terminent pas et le lecteur doit lire entre les lignes pour comprendre ce qu'il se passe.

Enfin, le personnage de la jeune fille fragile, victime de troubles alimentaires, ayant peu confiance et elle et se faisant manipuler par les hommes, comme le personnage du voisin : homme bourru, secret, au profil du pervers narcissique, m'ont paru quelque peu clichés et pas vraiment modernes. Inverser les rôles aurait peut être apporté un peu plus de modernité au récit ?

La plume de l'auteur et la profondeur des émotions sauvent le texte, mais le récit est tout de même assez lent, il ne se passe finalement pas grand chose en dehors de ces deux âmes torturées se faisant plus de mal que de bien. le tout manque malheureusement de rythme et de consistance.

Un avis en demi teinte donc, pour ce roman qui m'a tout de même tenu en haleine grâce à une ambiance particulièrement travaillée qui fait appel à l'affect du lecteur.

Un huis-clos en pleine nature: le ciel et la montagne, deux couples qui battent de l'aile dans un même chalet et surtout deux amants qui voudraient bien se soigner un peu l'un l'autre, mais qui s'abiment encore un peu plus.
On ne saura pas leur nom, il y 'aura "je" et il y a aura "tu". Les cocus, eux, on les connait par leur prénom, mais de leurs vies on ne sait pas grand chose, et sans doutes grouillent elles autant de souffrances enfouies. Loren Gonzalez réussit le tour de force de nous tenir en haleine avec une histoire banale à première vue, qui aurait amusé le quartier et fait parler au marché, car les souffrances de la narratrice et de son amant nous font presque oublier l'adultère. Et ces deux amoureux, au-delà de leur complicité fusionnelle, au delà de l'erotisme bouillant de leur inéluctable union, passent leur temps à mentir, aux autres, et sans doute à eux-mêmes. Ils illustrent à merveille ce que Véronique Sanson chante dans "Le Maudit": "Tu es prisonnier de ton secret, mais ta douleur efface ta faute" et qui résumait par anticipation en onze mots, mieux que n'importe quelle chronique ce livre envoutant, de surcroit très bien écrit.

Masse Critique - Janvier 2022

Loren Gonzalez nous prend par la main et nous entraîne au bord du précipice. Dans la chaleur d'un thé partagé, dans le tressaillement de deux mains qui se frôlent, dans l'attente d'une grossesse qui ne vient pas, dans la détestation d'un corps trop maigre et infertile, dans l'interdit de lèvres qui se touchent malgré la règle. L'usage du « tu » pour désigner ce voisin, ce double, cet amant de fantasme, nous force malgré nous à regarder la narratrice avec ses yeux. Nous voici claustrés dans le chalet, puis crapahutant dans la neige, puis désarticulés à un concert de métal, marchant entre les sapins dans le blizzard hurlant.
Un premier roman à lire absolument, près de la cheminée qui crépite, ou dans les ténèbres d'une gorge, ou la tête nonchalamment appuyée sur le pelage d'un loup, ou assis au bord d'une falaise.
Ou ailleurs, partout en somme, mis à part le néant.

Quand nous voyons la couverture du livre, on se dit " tiens allons faire une petite randonnée, allons voir quelques pages", mais sans s'en rendre compte et presque sans le vouloir nous nous enfonçons dans ces montagnes de solitude et de danger et nous devenons le "je". Loren GONZALEZ nous fait vivre la vie d'une autre personne comme si c'était la notre. Nous suivons le "je" au gré de ses émotions et de ses pensées comme si nous arpentions plusieurs reliefs : la joie, la passion et l'âpreté des rapports charnels, la solitude, la tristesse, l'amertume, un élégant voyeurisme, une découverte du monde de la montagne, un petit côté thriller et un humour rebelle. le gros point négatif est l'attente pour lire le prochain roman car quand on vient de fermer ce livre l'auteur nous manque déjà.

Un livre déroutant et captivant où l auteur se livre sans réserve et avec audace
Un amour, une histoire qui nous emmène à travers le mélange des doutes et des certitudes, des douleurs et des plaisirs, de la légèreté et du poids du vécu
Une écriture ou le "je" et le "tu" se mêlent . Mais qu importe si ceci laisse le lecteur interrogatif, ce n est que le reflet de la sumbiose de ces deux etres
L'audace du risque est la veritable liberté!

En plein coeur des solitudes sauvages, là où rien n'est dit mais où tout se sait, deux couples pris au piège d'une promiscuité étouffante vont devoir affronter, au miroir l'un de l'autre, leurs propres failles, leurs anciennes blessures, leurs désirs impossibles. Au rythme des saisons et des caprices de la nature, dans un chalet de montagne isolé du monde, ils seront confrontés à des vérités qui les dépassent. Contrariant leur présent, disputant le passé, jusqu'où leurs secrets les protègeront-ils des autres et d'eux-mêmes ?

"Parce que c'est le jeu, parce que tu es joueur et que c'est tellement excitant, de simplement se regarder, moi à peine éveillée et toi juste au-dessus, comme si tu étais mon ciel, sans nuage et sans crainte, sans espoir pourtant, avec rien d'autre à l'horizon que cet instant, là, et puis rien après, qu'un morceau de néant."
Lien : https://editionsthot.com/cat..

« On est trois potes. On ne sait pas encore qu'on va devenir amis. Tous un peu éclopés et sans âge, étourdis par la vie qui nous a bastonnés. Écorchés nous sommes, si bien, si profond qu'on passe notre temps à se chercher du sens. On réfléchit trop, quand j'y pense. Passe notre temps à chercher du sens. Un peu moins peut-être depuis qu'on s'est trouvés. Un peu moins lourd, le poids des secrets.
C'est comme ça que ça commence, quand j'y pense. On est là, autour d'un verre.... »

Loren Gonzalez ce début de livre… tes mots… ces quelques phrases qui résonnent… au plus profond de la montagne… de nos êtres… de cette grange… plus rien ni personne ne brisera ça … mis à part le néant …