Il avait des manières parfaites ; un comportement calme et digne ; ses désirs le déchiraient au-delà du supportable.
Ses appétits étaient insatiables, sa bouche avide se tendait vers le désir comme celle d'un homme en train de mourir de soif dans le désert.
C'était l'histoire de gens qui ne faisaient le choix de la vie contre la mort que lorsqu'il était trop tard pour faire la différence entre les deux.
Catherine était tout. Ce n'était pas une femme ; c'était tout un monde. [...] Elle lui sourit, et il sut alors qu'il mourrait pour elle.
Apprendre lui plaisait. Elle aimait l'odeur des livres sur les étagères, les caractères sur les pages, ce sentiment que le monde était un endroit infini mais qu'elle pouvait découvrir.
Elle passa près de lui dans une voiture rayonnante, exquise jeune fille de 16 ans vêtue d'une robe de mousseline blanche, la chevelure noire habilement entremêlée de fleurs de glycine. Ralph ne retourna plus jamais à l'officine. Il ne joua plus jamais aux cartes et il fit déménager Edward, les putains, les tricheurs et les ivrognes dans de grandes pièces sombres de l'autre côté du fleuve. Il était amoureux.
Elle comprit que son corps était sa banque. C'était tout l'argent dont elle disposait. Tout ce dont elle aurait jamais besoin.
Sa propre intelligence ne cessait de la stupéfaire et de la ravir. Nul plan qu'elle ne sût percer à jour. Nulle issue qu'elle ne pût façonner selon son bon vouloir. En faisant de Truitt son complice, elle devenait du même coup l'héroïne de ses propres tromperies, et elle en éprouvait une liberté et une voracité qu'elle n'avait jamais expérimentées auparavant. Au départ, elle n'était pas assurée de son emprise sur Truitt. A présent, elle savait qu'elle le tenait.
Ils progressaient en flottant à travers la neige, le halo lointain des maisons, et dans chacune se trouvait un foyer, une série de vies entremêlées, tandis qu'eux étaient assis là, totalement seuls et séparés.
Il est des choses qui attendent, se dit-elle. Tout ne meurt pas. Vivre prend du temps. (p. 411)