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Critique de fanfanouche24


En dépit des lignes qui vont suivre, mes sincères remerciements aux éditions du Seuil et à Babelio, pour l'envoi du dernier ouvrage de Patrick Grainville… Roman, où l'art a une nouvelle fois une place prépondérante et dynamique dans la narration.. .

Toutefois, je suis affligée de devoir exprimer « réserves, résistances et exaspération certaines » en dépit de tous les efforts déployés ! Au secours monsieur Pennac … me viennent avec soulagement Les droits imprescriptibles du lecteur que vous avez eu la très bonne idée de nous proposer dans « Comme un roman » … et je m'y accroche, ce jour, avec force, pour tenter d'exprimer au plus près les raisons possibles de mon abandon, aux 3/4 de l'ouvrage !!

« 1. le droit de ne pas lire.

2. le droit de sauter des pages.

3. le droit de ne pas finir un livre. (…) «

Ce n'est pas faute d'avoir désespérément persévéré, car tout semblait réuni pour me passionner : Deux figures mythiques de l'Histoire de l'Art, les couleurs de la méditerranée, certains lieux familiers, l'évocation d'une personnalité érudite et atypique de l'histoire de l'archéologie…Tout cela nous offre des passages flamboyants et des plus enrichissants, pour tous les curieux d'Histoire de l'Art !

Je reviens « au pitch »… et au fil de mon cheminement de lecture, lecture en montagnes russes :

Milos, jeune homme d'une très grande beauté, au regard bleu aussi extraordinaire que perturbant vit sa jeunesse, ses études d'archéologie et ses passions amoureuses sous le ciel de la Méditerranée, à Antibes, avec les figures tutélaires de deux peintres, Pablo Picasso et Nicolas de Staël ; Deux artistes qui ont hanté, vécu, peint dans ces paysages méditerranéens aussi inspirants que destructeurs, pour l'un!

Ainsi dans cette dernière fiction : deux artistes : Picasso et Nicolas de Staël, à Antibes, deux destins aux antipodes … Ces créateurs mythiques, vus, appréhendés par des personnages du présent. Milos, notre personnage central se forme pour devenir archéologue…Il aime Marine, entretient une passion charnelle avec Samantha, femme plus âgée, obsédée par l'oeuvre et la personnalité de Picasso…Mais « le bellâtre » est dans le mal-être, l'indécision, une sorte d'incapacité à vivre…dans une frénésie sexuelle, sensuelle, qui à contrario, finissent par le rendre mortifère…et de plus en plus désincarné ( par excès, justement de carnation !!)

Les scènes sexuelles surabondent… s'intégrant parfaitement dans un premier temps : sensualité aussi torride que cette ambiance méditerranéenne, que cet ogre amoureux, Picasso. le sexe et la mort, se mêlant… à juste raison…

La réticence , l'ennui exaspéré, ne tiennent pas à une censure primaire mais à une sur-sur abondance de ces descriptions, finissant par lasser, affadir , nous coupant brusquement et trop souvent dans le récit, lui , dynamique et enrichissant des existences de « nos artistes », dont le troisième larron : l' archéologue, l'abbé Breuil et ses innombrables aventures, pérégrinations…ayant capté, eux, toute ma curiosité !

Des multiples éléments lucides et finement analysés comme cette idolâtrie générale et obsessionnelle envers Picasso, dont notre auteur n'est pas totalement exempté, lui-même, même si il apporte de nombreuses analyses de cette idolâtrie universelle, « horripilante » :
« Elle avait vu, à Arles, le vieux photographe, Lucien Clergue, qui ne parlait que de son ami Picasso, des photos qu'il avait prises de lui, des conférences qu'il donnait sur lui. Sans citer tous les autres biographes, historiens de l'art, conservateurs de tous les pays captés, scotchés, engloutis et digérés dans l'oeil du cyclone, ses arcanes cannibalesques. (...) Vénérer ou décapiter le Totem. Etre ou ne pas être, à travers lui. l'Ogre de vie. (p. 45) »

Remarques acides et lucides sur le monde mercantile de l'art, l'obséquiosité ou l'indifférence des marchands, selon les modes…la création artistique et ses affres, les questions existentielles, la sensibilité exacerbée des créateurs, des chercheurs…L'omniprésence de la mort, du mal de vivre, du « Pourquoi vivre »…peindre, inventer, imaginer, pour conjurer les doutes, la peur, le désespoir, le vide…

.« - L'Etreinte- [Picasso ] de 1972, la dernière. Car il nous faut tous mourir, prolétaires et milliardaires. Amoureux. Névrosés ou pas . Pfft ! La dimension métaphysique des chefs-d'oeuvre est la plus essentielle. (p. 329)”

Des passages flamboyants, magnifiques pour camper ces artistes aux personnalités si contrastées… Picasso et Nicolas de Staël : le Jour et la Nuit ; la Lumière et les ténèbres, etc.

« N'empêche que sa peinture "dégénérée", selon les canons de l'esthétique hitlérienne, fait de Picasso l'artiste de la liberté, il rafle la mise. L'éternel embusqué de génie à résisté dans sa peinture. Pas de vagues dans sa destinée politique. L'art exige de la tranquillité... Calme et volupté. Qui lui jetterait la pierre, qui oserait ? Il ne sera jamais un héros, un Thésée, mais le Minotaure, la star de son dédale. Un monstre de flamboyance noire, de gaieté égoïste et cannibale. le roi des étés de Mougins et de Juan-les-Pins. Une gargouille discrète de Paris occupé. Un vampire en retrait, collé au plafond de son grenier. Un ogre planqué dans sa caverne, attendant que ça passe. « (p. 190)

Un aveu: j'ai , depuis bien longtemps, et malgré moi, des résistances quant au style et à l'atmosphère de l'univers de cet écrivain. En fait, j'ai éprouvé à chaque essai de lecture, des résistances aussi fortes que les éloges majoritaires de son lectorat, totalement justifiées pour un style foisonnant, prodigue, flamboyant… Ce qui , justement, me bloque pour ma part. L'impression de manquer d'air, de m'asphyxier, au fur et à mesure de la lecture !
J'espérais dépasser, avec ce nouveau roman, aux abords et thématiques des plus attractifs, cette difficulté. Un style magnifique, exubérant, en feu d'artifice…qui au fil, dévore de façon difficilement explicable mon espace de « lecteur »… Comme une raréfaction progressive de l'air !...

Appréciation des plus subjectives, arbitraires, que je me dois d'exprimer, au vu de ma lecture , qui fut d'une lenteur incompréhensible, inhabituelle. Je « tente » d'assumer cette appréciation à contre-courant, mais le regrette cependant ; j'aurais préféré être emportée sans réserve par ce roman, qui a plus d'un titre, regorge de qualités ,d'érudition.. et d'attraits!!

Le positif de cette lecture fut que je me suis plongée plus avant dans l'oeuvre et le parcours de Nicolas de Staël (que je méconnaissais) ainsi qu'une curiosité éveillée pour des recherches complémentaires sur l'abbé-archéologue, Breuil , dont je ne connaissais les prospections que dans les grandes lignes!
Un enrichissement certain pour tout passionné d'Histoire de l'Art, comme d'archéologie et questionnements sur les débuts de l'espèce humaine.....
Je ne résiste pas à citer cette phrase magnifique qui clôt le roman et remet au centre, l'esprit créatif de l'Humain :
"J'aime quand tu inventes. Inventer nous revêt de pourpre et d'or". (p. 342)

Alors ne vous focalisez surtout pas sur ces lignes, et l'aléatoire de toute « critique » et faites-vous votre opinion par vous-même !.
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