Citations sur Pour des usagers de la psychiatrie acteurs de leur pr.. (38)
les obstacles à l’accès à la formation, à l’emploi et à l’inclusion sociale peuvent surgir et être résolus aux niveaux individuel, institutionnel et macrosocial.
On sait à présent – bien que cela ait été assez évident depuis des années – que l’un des moyens de lutte les plus efficaces contre la discrimination consiste à mettre les discriminateurs en présence de l’objet de leur discrimination, dans un contexte positif. On sait également que ce sont les membres du corps médical en général, et le personnel de psychiatrie en particulier qui, dans bien des cas, opérèrent la plus grande discrimination.
Avant tout, il faut un changement fondamental dans la qualité des interactions quotidiennes. Toute interaction de quelque membre du personnel que ce soit doit réaffirmer les principes du rétablissement et promouvoir les valeurs de celui-ci. Cela signifie mettre en place des programmes d’éducation et de formation sous la direction des usagers pour tout le personnel, dans tous les domaines et à tous les niveaux.
Le rétablissement et l’empowerment sont intimement liés. Le rétablissement n’est possible qu’avec l’empowerment et constitue en soi un processus qui dote d’empowerment. L’empowerment consiste à développer sa capacité à lutter pour se dégager de situations désespérées et trouver un nouveau mode de vie. C’est en faisant cela que l’on apprend par soi-même à choisir les moyens de faire face à de nouveaux défis et à décider de quelle sorte d’appui on a besoin.
L’employabilité est la probabilité d’accéder ou de se maintenir dans l’emploi. Elle est conditionnée par des facteurs personnels objectifs et subjectifs (capacités fonctionnelles, aptitudes comportementales et relationnelles, compétences…) et/ou des facteurs situationnels (marché de l’emploi, accessibilités aux lieux et modalités de travail, adaptabilité des postes et des organisations, contraintes professionnelles…), est susceptible d’évoluer dans le temps et d’être améliorée par la mise en œuvre de moyens d’orientation, de formation, d’adaptation ou de compensation
Me rétablir de la stigmatisation que j’ai véhiculée en tant que professionnel est un processus de longue haleine et nécessite un effort continu. Nombre de personnes en voie de rétablissement remplissant toutes sortes de fonctions différentes m’ont inspiré, soutenu, amadoué tout au long de ce processus et/ou me l’ont enfoncé dans le crâne. Depuis des années, ce sont les usagers en santé mentale qui m’apprennent le plus. Mais il a fallu tout d’abord que je reconnaisse que j’avais une attitude stigmatisante et que je fasse quelque chose de mon côté pour pouvoir les entendre.
Dans ce contexte sociétal plus large, l’empowerment se réfère au niveau de choix, d’influence et de contrôle que l’usager peut exercer sur tous les événements de sa vie. Cette problématique est bien résumée par Wallerstein (2006, p. 18) : « La clé de l’empowerment est la suppression des barrières formelles ou informelles et la transformation des relations de pouvoir entre individus, groupes sociaux, services et gouvernements. Le pouvoir est au coeur de l’idée d’empowerment. »
Au lieu de donner un élan à d’autres relations interpersonnelles à l’extérieur du cadre thérapeutique comme elle était censée le faire, la relation soignant-soigné est devenue asymétrique et n’a d’autre effet que d’enfermer les patients dans le système de soins en psychiatrie, convaincus qu’ils ne sont pas des personnes à part entière et qu’ils n’ont rien à offrir aux autres. Un résultat connexe, quoique non prévu, de cette attitude a été l’instauration de toilettes séparées pour le personnel et pour les patients/clients, dans les services de jour, qui rappellent les toilettes et les fontaines réservées aux « Blancs » et aux « Noirs » dans le sud des États-Unis avant les années 1960.
Ceci renforce le message selon lequel les personnes vivant avec une maladie psychique sont fondamentalement différentes des autres personnes, et de moindre valeur qu’elles.
Anthony a donné l’une des définitions du rétablissement les plus communément admises, qui peut se résumer par « vivre sa vie au-delà de la maladie » :
« un processus profondément personnel et singulier de changement d’attitudes, de valeurs, de ressentis, d’objectifs, de compétences et/ou de rôles. C’est une manière de mener une vie satisfaisante, utile et sous le signe de l’optimisme, même avec les limites imposées par la maladie. Le rétablissement veut dire donner, peu à peu, un nouveau sens et un nouveau but à sa vie à mesure qu’on dépasse les effets désastreux de la maladie psychique » (Anthony, 1993).
Historiquement, l’empowerment peut être considéré comme se produisant à trois niveaux :
– au niveau individuel, psychologique, interactionnel ;
– au niveau des services ;
– au niveau sociétal.