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Critique de LiliDPG


Ca n'est pas de la grande littérature, c'est une gourmandise que ce livre de Greco de 339 pages, écrit gros. On le lit en quelques heures. On l'avale même et ainsi l'on se promène dans tout le XXe. de la guerre de 39 qui emporte sa soeur et sa mère dans les camps et qui fait vivre à Greco un épisode douloureux qui forgea sans doute son caractère (et régit toute sa vie) jusqu'à son dernier album dont les chansons ont été écrites par Nothomb, Sollers, Abd al Malik, entre autres ; en passant par les années Saint-Germain-des-Près, la scène, les rencontres, les amours ; Juliette Greco écrit court, sec, vif, comme elle.
A travers de petits chapitres construits comme des saynètes, on traverse avec elle les décennies. le livre est justement sous-titré Mémoires, parce qu'ici, on n'a pas affaire à une autobiographie : Juliette ne se livre pas, ou si peu. Non, on entre dans le siècle, on sent son odeur, ses révoltes, son atmosphère. Malheureusement, on ne fait que sentir. Greco n'approfondit pas. Elle frôle sa vie. Et nous avec. Ca va vite, trop peut-être. On reste sur sa faim en refermant ce bouquin et on aurait aimé, sans doute, qu'elle aille plus loin dans les anecdotes, qu'elle raconte davantage les gens : Boris Vian, Sartre, Miles Davis, Beauvoir, Sagan. Et Paris aussi. Ce Paris perdu qu'on aurait aussi voulu palper davantage à travers ces pages.

Pourtant, elle dit malgré tout beaucoup, en filigrane. Son histoire d'amitié amoureuse, passionnelle, avec Françoise Sagan et la raison de leur séparation : l'auto-destruction de la romancière qui agaçait l'interprète. Ses aventures africaines, lorsqu'elle tournait sous la direction de Zanuck. Leur amour fou, qui dérangeait. Sa rencontre avec Gainsbourg et les circonstances de rédaction de la Javanaise. Sartre, dont elle dit avec justesse que l'image qu'on lui colle aujourd'hui n'est pas la bonne : « Non, il ne s'est pas trompé sur tout ». Ses musiciens, la scène et sa fameuse robe noire. Elle évoque son cancer, la maladie, rapidement, furtivement. Son amour avec Picolli. Son besoin de fuir l'ennui, tout le temps.



Le livre se clôt par un abécédaire, celui de Greco, qui reflète sa personnalité intacte, belle et forte. Car c'est ce que l'on retient surtout de ces « mémoires » : une personnalité hors du commun, une femme debout, même lorsqu'elle était couchée. La force de Greco, c'est elle qui le dit, c'est qu'elle a toujours choisi. Tout, tout le temps, partout. Ce qui reste à la lecture du dernier mot de la dernière page, c'est un sentiment d'admiration fort, et d'envie aussi, pour cette vie surréaliste, et qui n'est même pas finie !
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