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Critique de isanne


Ne vous fiez pas uniquement à la couverture légère et au titre énigmatique de ce recueil de nouvelles ou vous risqueriez de laisser de côté, pour une mauvaise raison, une lecture des plus poignantes.


Poignante parce que Simonetta Greggio sait comme personne évoquer le sentiment amoureux et ses paysages ensoleillés, ses orages, ses tempêtes, ses cataclysmes en narrant ses élans, ses transports, ses folies mais tout autant ses peines, ses larmes, ses chagrins et la solitude qu'il laisse quand la tornade est passée.

A l'opposé, cette écrivaine sait aussi parler de la mort, du passage que mourir représente, de cette mort qui nous entoure finalement à chaque moment, avec l'absence de ceux qui nous ont quittés, avec ceux qui sont en train de partir.
Qu'on décide de la fuir, qu'on l'accepte comme compagne de route, elle est toujours présente, ou qu'elle soit imposée par certains à d'autres comme un atroce miroir de l'avenir qui n'existe plus.

Et finalement, Amour et Mort ne sont-ils pas les deux piliers de nos existences : que faire sans amour, comment vivre sans aimer ou être aimé, quelles barrières ce sentiment permet-il d'abattre, quelle main fait-il se tendre, quel courage insuffle-t-il ? Et quand tout s'éteint, que l'Amour n'est plus, pour une raison ou une autre, dans quel état de délabrement, d'incertitude, de solitude laisse-t-il, quel abîme ouvre-t-il sous les pas ? "Une petite mort" qui présage de celle que tous les hommes croiseront, de celle que chacun côtoie en la refusant, en la niant, en l'idolâtrant ou en la craignant.


Ces nouvelles content tout cela : la mort et les animaux qui en sont messagers ou prédicateurs, qu'il s'agisse de la leur ou de celle à laquelle ils permettent d'échapper, la proximité de ceux qui ont disparu, du poids de leur souvenir et de la réalité de leur sépulture, le sentiment de sa propre fin, l'Amour incandescent qui n'est plus, celui qui efface les frontières de l'âge et la race, celui qui rend "grand" l'écrivain parce qu'il le vit et que ses mots en flamboient.
Sur une multitude de partitions, sur autant de modes, comme autant de voix qui s'élèvent, ce recueil parle finalement tout au long des pages de deux fondements primordiaux de l'existence. Et, en cela, c'est une lecture pénétrante qui interroge.



Pour citer un écrivain qui visite une de ces nouvelles, en conclusion, quelques mots qui s'adaptent à tout "être" aimé et à toute séparation :

"Lorsqu'on a aimé une femme de tous ses yeux, de tous ses matins, de toutes les forêts, champs, sources et oiseaux, on sait qu'on ne l'a pas encore aimée assez et que le monde n'est qu'un commencement de tout ce qui vous reste à faire."

Romain Gary, Clair de femme.


(Janvier 2022)
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