La fée assassine

Le scénario explore le cheminement d'une femme toujours hantée par les blessures de son passé, qui l'auront tellement affectée psychologiquement, qu'elle commet l'irréparable dans un accès de violence inouïe qui ne lui ressemble pas. Ce thriller psychologique est prenant, saisissant, et nous assemblons en même temps que l'avocat, les différentes pièces du puzzle. L'influence de l'enfance de Fanny dans sa vie actuelle est finement abordée à travers le prisme des contes, qui vont rythmer sa jeunesse, et qui parsèmeront le récit. Les illustrations sont dans des tons assez froids et pastel, comme si un filtre du passé se greffait sur ces souvenirs, avec quelques touches de rouge qui montrent l'origine de cette souffrance, sa présence de l'enfance à l'âge adulte. Un roman graphique bouleversant, dans lequel la tension va monter progressivement, en nous tenant en haleine jusqu'à la dernière page.

Une bande-dessinée qui prend le temps d'installer tous les éléments d'une tragédie annoncée. Elle nous fait voir la dérive psychologique d'une mère abandonnée qui ne peut supporter l'amour fusionnel qui lie ses jumelles. le dessin soigné aux tons pastels croque les scènes réelles ou imaginaires des fillettes, et fige les détails, objets ou expressions du visage, qui marquent chacun des moments traumatiques de leur vie. Nous assistons, horrifiés, au sacrifice de l'amour inconditionnel qui devrait lier un parent à des enfants. Une bande-dessinée qui fait apparaitre l'escalade de la violence née d'un impossible deuil. Une sensibilisation malheureusement encore nécessaire pour analyser certains conflits familiaux.

Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux, regardez les s'envoler, c'est beau. Les enfants si vous voyez des p'tits oiseaux prisonniers, ouvrez leur la porte vers la liberté 🎵🎵 (p73)
Plus qu'une métaphore, cette chanson poussée à l'unisson dans une Peugeot au départ des vacances d'été résume presque à elle seule toute la psychologie du scénario.

🎵🎵 Y avait Tonton, Y avait Paulie, Y avait Tania et puis Y avait moi Fanny, on chantait, on riait, c'étaient les jours heureux. Nous avions 9, 10, 11 ans avec Tonton, avec Paulie, et loin, loin de maman

Guérit-on jamais de son enfance ?
Peut-on en garder uniquement les souvenirs heureux ?

En couple dans la vie comme sur les planches (de BD)
Dessin et couleur : Olivier Grenson
Scénario : Sylvie Roge, dont c'est le premier (!)

Contraste clairement entre l'esthétisme, les couleurs d'Olivier 'joli, joli colibri' et la violence du récit de Sylvie 'noir noir désespoir'.
D'un côté la douceur, la tendresse, la joliesse de l'enfance, celle des rires heureux, de la complicité, des bobos partagés toujours à deux et de l'autre une descente aux enfers programmée dès la naissance et même avant par une mère qu'on ne pourrait imaginer même dans ses pires cauchemars (qui sont illustrés clairement par quelques planches reprenant les classiques de notre enfance: Bambi, Blanche-Neige, la vilaine reine,___)

Et puis l'histoire terrible: celle d'une naissance non désirée, non programmée de deux petites oizelles, Tania et Fanny et de secrets

C'est Fanny qui nous raconte son histoire: elle se confie à nous par le biais de son avocat et remonte pas à pas le chemin à l'envers, celui de ce soir de Noël où seule, elle accueille sa soeur et sa mère pendant que son mari est de garde à l'hôpital jusqu'au moment de sa naissance. Là nous comprenons et je vous laisse là, à la porte
pcq cette histoire en bulles se savoure, se découvre --
--- jolie surprise,
et sacré ---
---- sacré choc certainement, car si polar il y a, ce sont surtout les douleurs de l'enfance, de la gémellité, de la difficulté de trouver sa place face au miroir posé devant soi, celui qui renvoie l'image à chaque fois de sa propre vie, de son propre destin, de ses peurs, de ses pleurs, de ses rires et puis celui qui broie aussi à jamais son petit coeur, incarné par la mère, terrible, malheureuse amoureuse, reine déchue castratrice.

La fée assassine est un récit fait de contrastes, de contraires, d'ombres et de lumières via Le Lombard, 11 février 2021 par Olivier Grenson et Sylvie Roge


Scénario original:
Une jeune femme, en apparence calme et sans histoire, vient d'être arrêtée pour meurtre. Pour son mari, c'est la stupéfaction.
Par l'entremise de l'avocat choisi pour la défendre, elle nous livre peu à peu l'histoire de sa vie. C'est l'histoire deux soeurs jumelles, d'un père absent et d'une mère abusive. C'est l'histoire d'un terrible secret de famille... Et celle d'une tragédie annoncée.

# Rentrée 2021 # Plaisir Bulles # Duo
# Enfance # Secrets # Polar # Noir
# éditions Le Lombard # Fée assassine
# Olivier Grenson # Sylvie Roge

- achat février 2021 -

Fanny et Tania sont jumelles, leur enfance ne s'est pas déroulé facilement : leur père est parti avant leur naissance et leur mère, follement amoureuse, le leur a fait payé. Heureusement il y avait Pauly, la tendre Pauly, leur tante qui leur a donné toute la tendresse qu'elle pouvait.
Fusionnelles, leur mère, toxique, n'a pas réussi à les séparer. Que s'est il passé lors de ce repas de Noel qui les réunissaient la mère et ses deux filles pour que Fanny se retrouve inculpé et couverte de sang? Qui est mort? et pourquoi ce déchainement de violence. Histoire de vies brisées, celles de Fanny et Tania, mais aussi celle de mère, mauvaise femme et mère abusive, ainsi que celles de Pauly et de son mari.
C'est Fanny qui raconte sa version lors de l'interrogatoire menée par le policier chargé de l'enquête. On a sa voix te celle de son oncle au travers d'un carnet écrit lors des premières années des jumelles. Est ce assez?
Il manque la voix de Tania qui manifestement avait une autre vision de leur propre histoire...
Graphisme doux empreint de nostalgie parfois trop compte tenu de la violence de certaines images.
Il y a quelques maladresses, ainsi le personnage de la mère est dans la caricature sauf un bref moment quand son frère raconte sa jeunesse, mais cette histoire est prenante et difficile à lacher avant la fin...