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Critique de Biblioroz


Difficile de revenir de ce voyage émotionnel auprès de cet homme qui n'existe pas administrativement mais qui, pourtant, sait certainement mieux que quiconque vivre Sa vie.
Les lieux de ce voyage ? Ils sont multiples mais je vous assure que celui dont il émane le plus de force, c'est le fourgon Citroën. C'est le domicile, le refuge qui recèle l'histoire, les secrets familiaux. Il est le cocon qui a abrité la belle relation père-fils subitement interrompue par le caractère éphémère de toute vie, emportant à tout jamais le papa.
Émouvants sont les mots que l'auteur pose sur le deuil de tous les moments qui ne seront plus jamais partagés.

Après avoir honoré les dernières volontés matérielles de son père, Tino se doit de réaliser la dernière, la plus importante, celle de réussir sa vie.
Son père lui donnait trois prénoms qu'il utilisait au gré de son humeur. Ceux-ci ouvriront trois facettes de sa vie à venir. Celle de vendeur sur les marchés pour s'alimenter et désaltérer le Citroën, celle d'écrivain pour combler l'envie et le besoin d'écrire, celle d'enquêteur pour percer ses origines, trou noir hérité de son père sans nom.
Eh oui, c'est une histoire où les prénoms et les patronymes se sont perdus ! Est-ce pour conjurer le sort que même le chien, dont la présence discrète n'en fait pas moins un compagnon omniprésent, a droit aussi à l'anonymat ?

Dans son Citroën, bercé par quelques chansons poignantes, Tino nous fera partager ses pleurs, ses peurs, ses élans de joie, d'amour et de colère, ses pensées, ses souvenirs des paroles paternelles. Perceront aussi ses craintes en l'avenir.
Les charmes du décor, en Italie, sur les côtes de nôtre hexagone, lors d'un passage éclair dans le pays flamand, restitués superbement, viennent s'équilibrer avec la narration. La mer, en particulier, est un décor vital. Elle suscite le souvenir du père, ouvre le champ des possibles et atténue les coups du sort.

Ce roman, d'une lucidité acérée sur la société contemporaine, pointe du doigt des comportements, des façons d'être et de consommer. Il montre que l'on peut atteindre l'épanouissement en sortant du lot, en suivant ses propres goûts et aspirations, au risque d'être à contre-courant. Toutefois l'histoire n'est pas moralisatrice, le héro fume, il se sait dépendant du système à son échelle.
Il a un humour débordant, sait tirer parti d'une situation difficile initiée par un fournisseur farfelu, le fameux John, un personnage détonnant à découvrir absolument ! Ses farces et attrapes son excellentes pour mettre à l'épreuve les talents de notre Tino.
Avec l'épisode du gant rose, j'ai aimé cette façon de mettre en lumière l'absurdité de l'humain, sa facilité à faire exploser un rien en phénomène de mode.

Mais, par-dessus tout, si vous désirez aller à la rencontre de très belles phrases qui soulignent l'importance de petits faits, de moments de partage, de la beauté de l'ouverture à l'autre, prenez place dans ce vieux Citroën et partez pour l'aventure. Cette émouvante quête d'identité ne pourra vous laisser indifférent.

Un grand merci à Laurent Grima pour la découverte de cet univers attachant.
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