J'ai beaucoup apprécié
Un garçon singulier de
Philippe Grimbert. Et j'ai adoré
Un secret.
J'y retrouve une belle et sobre écriture toute en nuances. Parfaite pour aborder le thème du secret. Un peu comme dans
Sobibor de
Jean Molla, l'existence de choses tues se répercutent sur une figure innocente, ici l'auteur lui-même, enfant.
On est juste à l'après-guerre et chacun de s'efforcer de panser les plaies laissées par le conflit, l'Occupation et la collaboration. le petit Philippe, fils unique et malingre de parents athlétiques et adulés, s'invente un grand frère à l'opposé de ce qu'il est.
Ce frère imaginaire, de protecteur, devient tyrannique. le narrateur en vient à étouffer dans l'ombre de cette ombre. Ses épaules chétives ploient sous le poids de cette présence imaginaire.
Jusqu'à ce que, alors âgé de 15 ans, il découvre par l'entremise de la voisine, le secret caché par sa famille. Et c'est une toute autre histoire de ses parents qui s'ouvre devant ses yeux dessillés.
Un magnifique roman d'une force incroyable qui nous ramène aux années noires du XXème siècle français. Au-delà du contexte de la Seconde Guerre Mondiale, l'auteur montre à quel point les secrets pèsent lourdement sur les vies. Celles des détenteurs du secret mais également celles d'innocents qui vivent dans le malaise, voire souffrent, sans en connaître la raison.
Et il arrive un moment où les cadavres dans le placard sortent. Un peu comme un abcès purulent qu'on incise ou qui éclate. Douloureux mais nécessaire et, au final, libérateur.
Un moment fort de lecture, fort en émotions et en réflexions sur la famille. Ce Secret me donne encore plus envie de découvrir le reste de l'oeuvre de
Philippe Grimbert.