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3,79

sur 611 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le connaissant vaguement à travers la série Bloqués diffusée il y a quelques années, Gringe, rappeur et comédien a décidément plusieurs cordes à son arc. Serait-il de cette espèce que l'on nomme artiste complet ? Certainement ! Point de jeux d'acteur ou de musique, le rappeur troque son micro contre le stylo, arme de répartie massive. Récit poétique et mélancolique, l'homme invite son frère Thibault à la confidence, enfant candide déchu de son piédestal depuis qu'un certain trouble nommé schizophrénie a décidé, dans un élan de surprise, de s'imposer dans sa vie.


Alors, que vaut la plume du comparse d'Orelsan ? Sa voix de papier est-elle fidèle à celle du rappeur ?

Ce récit est celui d'une bataille. D'une bataille d'un frère pour l'autre, d'une bataille contre soi-même, aussi. Guillaume Tranchant, alias Gringe, se revendique d'un esprit rageur et calculateur quand celui de Thibault, vit dans le risque et l'immédiateté. Si les deux frères sont opposables, le lien de la mélancolie se reflète, soufflant sa lente agonie.


A l'adolescence, le comportement du cadet intrigue pour inquiéter complétement. Thibault se laisse happer, cède aux sirènes que l'on pense être la dépression, se révélant finalement schizophrénie chronique. Gringe, lui, se blinde. de loin, fidèle à sa réserve, il observe le ballet familial sans pour autant rester insensible au sort du cadet.


Adultes, les cerveaux déraillent. Quand l'un est interné, l'autre fait une amnésie dissociative. Cet autre, c'est Gringe, bientôt sur le chemin du succès où le syndrome du survivant l'attend. C'est dans le regard des autres, changé, que commence son propre sabordage. D'une plume incendiaire, il raconte le tourbillon artistique, parfois mi conscient, toujours en recherche de l'existence immédiate, refusant catégoriquement d'imposer sa réussite à ce frère figé dans l'inertie.


Sincérité crachée sur le papier, il explique les instituts médicaux, le personnel, la rage et la frustration, prêtant parfois son stylo à ce frère poète, voyageur et photographe. Les deux voix s'entremêlent peu, mais assez pour se demander parfois qui raconte quoi, ébauche d'une schizophrénie fraternelle.


Témoignage de la culpabilité d'un frère, de son amour aussi, le récit subjugue par son honnêteté malgré une structure parfois défaillante.


Un énorme merci aux éditions HarperCollins France pour cette découverte !


Quelle est la pâtisserie associée à ce livre ? Réponse sur le blog !

Lien : https://bookncook.over-blog...
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Il y a des offres qui ne se refusent pas.
Quand un éditeur a proposé une jolie somme à Guillaume Tranchant, nom de scène : Gringe (prononcez Grainge, si vous ne voulez pas vous attirer l'ire de l'artiste), il a dit "banco" .
Écrire sur sa relation avec son frère Thibault.
Restait à convaincre le frangin à coopérer et apporter sa pierre à l'édifice.
Ainsi est né Ensemble, on aboie en silence.
Il y a des titres, comme ça, qui attirent.
Moi, j'adore celui-ci.
Gringe, habitué à tremper sa plume dans l'encrier du rap français, se livre, ici, à un tout autre exercice.
Il nous offre une confession sans tabou, intime (même si, par pudeur peut-être,  il n'en dit pas trop, certains ajouteraient sans doute qu'il ne s'est pas foulé) et émouvant.
Quelques bouts de vie partagés avec ce petit frère, qu'il se reproche de ne pas savoir aimer.
Et pourtant, c'est quand même une déclaration qu'il fait là.
On sous-entend, au travers du texte, tout l'amour fraternel qu'il prétend ne pas avoir su exprimer.
Guillaume jaloux de Thibault ?
Ce frère qui ne se refuse rien, qui tente, qui réussit.
Fragile.
Étrange, inquiétant, même.
Jusqu'à ce qu'on le diagnostique schizophrène.
Coup de massue sur la famille.
Commence une longue thérapie.
HP, traitement.
Comment l'aider.
Même s'il pense être maladroit, Guillaume, fait son possible.
Dans son court récit, il n'occulte rien, surtout pas les nombreux excès qui auraient pu les détruire.
Ils ont vécu des moments forts, partagé des émotions, voyagé, et si chacun mène, aujourd'hui,  sa vie, nul doute qu'au SOS de l'un, l'autre accourrait aussitôt.
Dans le milieu du RAP français, que je découvre grâce à mon fils, il y a des artistes qui méritent le détour, Gringe en fait partie.
Son texte ici le confirme. (Et celui de Thibault n'est pas en reste).
Je vous encourage à écouter l'un de ses morceaux, écrit à la suite de ce livre, et qui en porte le titre.
Derrière le micro, il y a un homme, qui se livre un peu, ici.
(P. S. Message à Gringe : moi aussi, j'ai fait le voyage en Roumanie, en train, par Vienne, Budapest et Bucarest, jusque dans le pays de Vlad l'empaleur, mais ceci, bien avant vous. Les quelques lignes consacrées à votre périple ont réveillé d'agréables souvenirs).
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Aujourd'hui je parle au fameux "Gringe" (aka Guillaume Tranchant) dans ton livre "Ensemble, on aboie en silence" (2020) Harper Colins Traversée, Wagram Livres... Donc, Gringe, tu nous as écris non pas comme on aurait pu s'y attendre sur ton binôme avec Orelsan. les fameux Casseurs Flowters que j'a beaucoup aimé! D'ailleurs la chanson "Inachevé" est la chanson de mon amitié avec mon meilleur ami. Mais tu nous écris sur ton frère schizophrène. Gringe, tu n'es ni mauvais ni bon comme auteur, tu es dans la moyenne. Peut-être légèrement au-dessus. Mais tu es meilleur en rap qu'en littérature;). On reconnait bien ton style "Bloqué". Dès que j'ai eu terminé ton ouvrage je suis allé écouté "Enfant Lune" (l'album) sur Deezer, c'est toujours en train de passer pendant que j'écris. Gringe, comme ton frère, je suis schizophrène. J'ai pas mal déconné moi aussi !! ... J'ai dormi sur un trottoir en Allemagne sans argent aha, je me suis caché dans des buissons à Strasbourg pour dormir x)... Mais globalement mes propos sont cohérents sur ces dernières années, je ne suis pas retourné à l'hosto depuis Décembre 2019. Donc déjà que ton livre était court, je connaissais déjà toutes les ficelles, des psys, HDT et médicaments. Est-ce qu'on ton frère a eu le délire de persécution? Ou le délire mystique? Tout ça aussi c'est des choses que je souhaite pas à mon pire ennemi. J'ai connu toutes les phases, délires complotistes, "les médicaments rendent malades", mais en fait je vois bien que les soignants et les cachets sont là pour être bien. Je recommande à ton frère d'avoir une hygiène de vie impeccable, ne pas fumer, ne pas boire, prendre ses cachets c'est que comme ça qu'il s'en sortira.x)
La sophrologie aussi peut vraiment aider, l'art de la respiration, mais pour cela il faut vraiment avoir des poumons cleans. Respirer/Dormir, des fois ne pas s'en vouloir quand on a la flemme de faire à manger... Voilà c'est pas jolijoli comme maladie, mais y a des solutions ;). Je ne sais pas quel âge à ton frère, mais c'est connu chez les psychiatres que ça se stabilise à trente ans.
Lien : https://allmylinks.com/charl..
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En commençant ce livre, je ne savais pas ce que j'allais lire. J'ai juste été attiré par le titre et la couverture, je ne me suis pas retrouvé face à un roman mais à un témoignage. Témoignage d'un homme et de son frère souffrant de schizophrénie.
C'est très bien écrit, c'est drôle et émouvant, instants de vie racontés avec honnêteté, de très courts chapitres, des épisodes, des souvenirs.
Ce n'est que lorsqu'il en a fait mention que j'ai réalisé que l'auteur est celui que j'ai écouté en duo avec Orelsan, normal que j'aime cette écriture.
Je ne peux que vous conseillez de lire ce livre que vous soyez concernés ou non par cette maladie qu'est la schizophrénie.
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J'en suis sortie bouleversée, je l'ai dévoré en 4 heures. Parmi mes amis, une personne « étiquetée » de la manière dont l'a été Thibault. Je l'ai reconnu, à travers les mots, les phrases, les idées si oniriques et si incompréhensibles prononcées ou écrites, telles qu'il faut parfois se reprendre à 10 fois avant de commencer à sentir le fin fond de sa pensée. L'auteur, comme Thibault, peuvent être fiers de mettre en mots ces maux qui traversent le parcours médical de ces personnes, incomprises, en décalage avec cette société malade. J'espère que cet ouvrage commun pourra faire changer les choses. Je vais faire passer ce livre de mains en mains, car c'est une pépite et qu'il est d'intérêt public, de lire ces lignes, ces témoignages, et surtout, la poésie de Thibault. Cette poésie est si précieuse, et c'est pour quoi il faut que la médecine avance, pour parfaire l'accueil et la compréhension profonde de tout les Thibault, Benoît, et j'en passe… Et arrêter la censure et cette tendance à cacher les personnes en dehors des limites.
J'ai connu l'auteur d'abord en tant que rappeur, et il n y a rien à redire, c'est une facette bouleversante qu'il laisse à voir ici… Mais avec la même rage que lors de ces concerts.
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Cette photo noir et blanc, un titre évocateur d'une douleur sourde et un sujet des plus touchants : le diagnostic de la schizophrénie... C'était un programme prometteur et alléchant pour moi mais j'ai été un peu déçue...

Ce récit autobiographique est le résultat de la collaboration de 2 frères : Gringe, alias Guillaume Tranchant et Thibault, atteint de schizophrénie : un beau projet. Plus qu'un récit construit, ce texte m'est apparu comme un ensemble de flashes parmi lesquels j'ai lu quelques belles pages pour raconter les moments sombres liés à la séparation des frères. J'ai parfois eu le sentiment d'y être perdue.
Malgré tout, Gringe lève le voile sur la maladie qui a parfois entraîné son errance, le déchirement de sa famille suite au diagnostic. Il aborde la culpabilité... la complicité...l'amour inconditionnel malgré les conflits et les incompréhensions. C'est un livre qui sonne un peu comme une réconciliation après les tempêtes parsemées de moments de grâce. Il se conclut par une belle déclaration d'amour de Thibault.
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Un récit fort, certes parfois un peu brouillon, mais finalement, qu'importe !

Il m'a permis d'en savoir plus sur la schizophrénie et de découvrir l'histoire forte qui unit ces deux frères.

Il confirme une fois de plus que la santé mentale est un sujet qui devrait être beaucoup plus abordé, pour lutter contre les clichés, stigmatisations et autres jugements de valeur.
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J'aime les gueules cassées et les âmes torturées.

Ne cherchez pas un livre linéaire, vous êtes embarqué dans un monde agité, plein de colère, de violence devant l'incapacité d'un grand frère a aider son petit dans les méandres de son monde intérieur.

Nous sommes tous, plus ou moins, en lutte avec nous même.
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Situé au carrefour de l'autofiction, du livre-témoignage, du récit de voyage, du roman, du carnet de route, « Ensemble, on aboie en silence » est un objet littéraire singulier. de tous les genres, cela dit, c'est au portrait qu'il s'apparente le plus. Ce collage d'anecdotes servies dans le désordre chronologique, de réflexions, de morceaux de vie dont on ne sait pas toujours lequel des deux frangins les a écrits, sert principalement à mettre en scène un personnage, même si ce n'est pas nécessairement celui que l'on attend.

Plus que de Thibault, ce livre parle de Guillaume (Gringe, donc), de la manière dont il a vécu à travers les années cette relation tortueuse avec un frère atteint dans sa santé mentale, et comment cela l'a affecté personnellement.

On découvre un personnage souvent en conflit avec lui-même, souvent narcissique, souvent généreux. Il n'a pas toujours le beau rôle, il n'a pas que de nobles pensées, il commet des erreurs de jugement et même ses actes les plus louables se terminent souvent par des naufrages. Un vrai, un beau personnage de roman, donc, dont on viendrait presque à oublier qu'il se donne vie à lui-même.

On retient deux constats de tout ça. le premier, c'est qu'il ne doit pas toujours être simple de vivre dans l'orbite de Gringe, qui apparaît comme un individu hanté, perpétuellement déraciné et pas toujours agréable avec ceux qui l'entourent. Mais au fond, qu'en sait-on réellement ? A quel point le Gringe reconstruit dans le texte est fidèle à la réalité, et à quel point le trait est-il noirci ou embelli ? Cette ambiguité est assumée avec élégance par un texte toujours sincère mais, on le devine, pas toujours beau joueur.

La seconde leçon, c'est que Gringe est un putain d'auteur. On s'en doutait en découvrant ses textes en tant que rappeur, mais un livre, c'est un exercice différent, dont il se tire admirablement. Qualité rare, il apparaît capable d'enchaîner des métaphores élaborées et des figures de style complexes sans jamais paraître pédant. Chaque phrase est à sa place, et même les plus travaillées sonnent de manière naturelle, ce qui est considérablement plus facile à dire qu'à faire.

Quant à la structure de l'ouvrage, qui paraît aléatoire, elle parvient toujours à nous amener à l'émotion ou à la compréhension par l'accumulation de petites bribes d'informations placées avec justesse. Cela donne envie que Gringe signe, un jour peut-être, un roman ou un récit de voyage.
Lien : https://julienhirtauteur.com..
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Ce livre fait partie de ceux que j'avais hâte de découvrir, car celui-ci aborde la schizophrénie, mais aussi les liens fraternels puissants qui unis Gringe et son frère Thibault. Cette lecture, c'est aborder la maladie de l'intérieur, c'est comprendre ce monde à part et les failles d'une famille parfois dysfonctionnelle. Bien que parfois je trouve des passages brouillons/décousu, Gringe offre de l'émotion, met en lumière ce qui ronge son frère. Les passages que Thibault écrits sont remplit de fragments intéressants. Finalement, ce livre est une belle preuve d'amour entre frères
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