Les émissions en direct, les fictions de tout nature et les programmes de téléréalité avaient disparu du réseau Com’vidéo depuis la Grande Elevation. Elles avaient jusqu’alors représenté un frein à l’émancipation spirituelle des individus, les enfermant dans une spirale de dégénérescence cérébrale et les conditionnant à un asservissement mercantile devenu néfaste.
La notion de destin avait ses avantages, dont le principal était de ne pas avoir à prendre de risques. Comme il fallait absolument obéir à la dictature de son Moi, on lui apportait une aide extérieure pour qu’il trouve les excuses qui le laisserait plus facilement exprimer pleinement sa triomphale intelligence. Le destin, c’était une solution pour égo paresseux. Et si ça ne suffisait pas, on le fournissait en solution ultime : Dieu. Le parfait alibi pour ne pas même avoir à s’excuser de soi-même.
Elle avait cru jusque-là qu’on pouvait vivre heureux sans nécessairement être Einstein, que la connaissance était quelque chose d’inutile pour parcourir un chemin honorable dans la vie. C’était un point de vu qui se défendait, pour celui qui n’avait pas d’ambition pour lui-même, pas de respect pour sa propre nature ni d’imagination assez grande pour se construire un avenir plus riche de sens que celui que proposait le modèle des société actuelles via la télévision qui débilitait et l’omniprésente publicité qui lobotomisait toute volonté.
Maintenant, elle se rendait compte que savoir et apprendre permettait d’avancer dans sa propre direction, de se libérer du chemin mortel que d’autres avaient tracé pour soi.
Pour le moment, elle était confortablement installée, occupée à se faire ouvrir les canaux, en musique.
- (...) Vous m'avez dit être professeur. Quelle est la matière que vous enseignez?
- La science. L'Histoire. Les Réalités. Les langues. L'assassinat. Et aussi l'Auto-Déplacement K.
Il était inconcevable d’accepter l’idée que d’autres mondes puissent être aussi réels que celui dans lequel elle avait vécu toute sa vie.
Apprendre commençait quand on posait ses propres questions et non quand on tentait de répondre à celles des autres.
Maintenant elle se rendait compte que savoir et apprendre permettait d'avancer dans sa propre direction, de se libérer du chemin mortel que d'autres avaient tracé pour soi. Apprendre commençait quand on posait ses propres questions et non quand on tentait de répondre à celles des autres. S'interroger sur soi, c'était le début du chemin, au cours duquel on se préparait à critiquer. La critique, celle de la chose apprise et surtout celle de soi même, c'était la clé qui rompt les chaînes qui entravent, c'était commencer à devenir libre. Et la liberté était bien plus importante à atteindre que le faux bonheur d'une vie sécurisée de prisonnier perpétuel.
Abigail n'arrivait toujours pas à se faire à l'idée que le voyage dans le temps était possible. Elle avait vu des films au cinéma qui traitaient du sujet, mettant en scène des appareillages totalement futuristes et des explications pseudo scientifiques alambiquées, quand bien sûr c'était expliqué. La plupart du temps, ce n'était que prétexte à des scènes d'actions, amenant toujours la réflexion du spectateur sur le même paradoxe ou sur les avantages -financiers- qu'on pouvait retirer de ces possibilités.