Furtiva lagrima

Une larme furtive se glisse dans un roman sensible et bien écrit. Autour d'un secret de famille, une larme furtive traverse, rassemble, sépare et renoue les fils du passé. Un agréable moment de lecture.

[ Furtiva Lagrima ]
de Céline Guarneri .
Editions La Trace
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[ Quelle est cette larme furtive qui coule depuis des années dans le coeur de chacun des membres de la famille Maurand ?...]
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[ l'annonce de la disparition d'une personne laisse toujours planer une sorte de fraternité des mots et du silence. On mange d'abord les souvenirs, puis on avale la clé jusqu'à la prochaine visite de la mémoire assassine ]
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Un roman à la couverture juste sublime .
Une famille , les destins de quatre frères et soeurs, tous bien différents .
Un accident et une lettre qui bousculent tout et tous .
Entre les difficultés de communication, les déceptions, les rancoeurs, les non dits, les doutes, les attentes et les secrets . Tout en amertume mais avec amour .
Entre drame familial et comédie romantique .
Une lecture émouvante, entre ombre et lumière .
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Un superbe voyage, de secret de famille en île magique du sud de l'Italie, en passant par l'opéra et l'art contemporain ! Dans une langue riche et poétique, l'auteure nous emmène d'émotion en émotion jusqu'à la dernière lettre de ce bijou littéraire!

"Le chagrin est une oeuvre d'art comme les autres" annonce Céline Guarneri en exergue de son dernier roman, Furtiva Lagrima (éd. La Trace). Il est vrai que son récit commence comme un drame que l'auteure va élégamment et avec justesse déployer sur quelques jours.
Ce drame est annoncé par le premier chapitre consacré à Louis Maurand, un critique et collectionneur d'art contemporain lyonnais qui a imposé son autorité sur sa famille, une épouse qui s'est volontairement effacée (et que le lecteur ne croise qu'épisodiquement) et surtout leurs quatre enfants avec qui les relations n'ont jamais été simples. Il y a les deux jumeaux, Maxime et Stanislas, la soeur Béatrice et Hadrien.
Stanislas est devenu violoniste international reconnu. C'est "le fils parfait, le fils préféré", coulant un amour a priori parfait avec sa fiancée, Salomé, une danseuse de tango argentine (un domaine que l'auteure connaît bien).
Maxime, qui est artisan ébéniste, cache de son côté deux secrets qu'il ne parvient pas à révéler à un père qui l'a toujours impressionné.
Béatrice, elle, s'est installée non loin de ses parents dans une vie triste, bourgeoise et frustrante, avec un mari qui a fini par l'insupporter et deux enfants, deux filles un poil têtes à claques ("Elle avait parfois une envie furieuse de claquer la porte, de monter ans un avion et de fuir son rôle de maman à plein temps").
Quant à Hadrien, sur lequel Céline Guarneri concentre peu à peu tout son récit, c'est un fils à la réussite éclatante : il est trader à Paris et coule le grand amour avec Daphné, une brillante et irrésistible intellectuelle parisienne. Il est aussi celui qui a pu rompre tout lien avec son père, à telle enseigne que lorsqu'il apprend son accident de voiture, il hésite à se rendre à son chevet, malgré l'insistance de sa petite amie.
Dans cette famille lyonnaise déchirée et aux lourds secrets, voilà donc la fratrie réunie à l'occasion d'un drame qui concerne une figure paternelle écrasante, suscitant tour à tour l'admiration, le respect, la colère, mais aussi la fuite, comme le devine d'instinct Salomé ("Décidément, les frères Maurand étaient tous porteurs du gène de la fuite"). La fuite est du reste ce qui semble l'emporter chez ces quatre rejetons qui ont toujours été en attente d'une forme de reconnaissance, à l'instar de l'ébéniste et artiste contrarié, Maxime.
Louis Maraud, personnage omniprésent, est singulièrement le grand absent de ces retrouvailles qui, des quais de la gare Lyon Part-Dieu aux couloirs d'un hôpital en passant par la luxueuse maison de Béatrice, font figure de "sinistre corrida des émotions."
Grâce à son écriture précise et sensible, Céline Garneri observe en entomologiste patiente cette famille dont la souffrance semble se transmettre inexorablement de père à enfants. de Paris à Lyon, en passant par Budapest et l'île italienne d'Ischia, l'auteure trace des points de fuite qui ramènent toutes à une figure paternelle à la fois incontournable, impressionnante et mystérieuse. La soeur et les trois frères, à commencer par Hadrien, s'interrogent sur la reconnaissance qu'ils n'ont souvent jamais eue et sur un amour paternel qui semble faire surface au cours de cette semaine tragique : "La mort nous jette sur une plage inconnue et austère où se côtoient souvent tristesse et colère, désespoir et culpabilité et cette terrible sensation d'abandon."
Cette période crépusculaire, Céline Guarneri la décrit aussi comme le moment-clé où des destins mais aussi des amours se jouent. Ce qui était une réunion familiale douloureuse se révèle finalement comme une catharsis salutaire, au risque de bousculer les vies et les couples : "Les émotions, c'est fait pour sortir. Les cornichons aussi sortent du bocal un jour."
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Magnétique, passionnant « Furtiva Lagrima » est une aube salvatrice. La préface d'Antoine Sire, explicite et fidèle est l'inauguration d'un roman de riche contemporanéité. La porte grince subrepticement. On pénètre alors dans un antre familial. Celui des Maurand. Une famille écartelée, épouvantail tremblant dans un champs sombre de rancoeurs. Les courants d'air glacés attisent les aigreurs, les non-dits, les faux-semblants. L'atmosphère est lourde comme du plomb. Marche après marche, crescendo âpre, les verres vont voler en éclats. Les regards se figer dans cette ampleur intestine. Que se passe t'il dans cette fratrie trop conventionnelle, où les larmes enfouies sont pliées au carré dans les tiroirs figés ? Souffrances, rivière dont les courants tourbillonnent et frappent les aspérités et n'aspirent qu'à la fuite. Et pourtant ! « Furtiva Lagrima » est de l'autre côté de la rive ravageuse. Les protagonistes sont nos semblables. On assite à la rupture de la corde trop tendue. Pas tout de suite, pas maintenant. Ce qui libère, se modèle, se façonne se trouve dans cette trame lumineuse. Céline Guarneri déploie un évènement implacable, celui de la mort de Louis Maurand (j'ai nommé le père). L'inaltérable oeuvre pourtant dans cette profondeur qui rapproche la finitude au désir neuf d'une volonté de métamorphose. Et, c'est là, la magnificence emblématique de « Furtiva Lagrima » « Romance pour ténor, issue de l'opéra. L'Elixir d'amour de Gaetano Donizitti » (Ecoutez cette merveille). Céline Guarneri sème dans un filigrane un vivifiant musical, des astres picturaux, des thérapies qui s'élèvent dans le contre-jour. Un pas de côté qui se risque et dont le mystère va octroyer la clé des issues existentialistes. Louis Maurand a écrit une lettre pour chacun de ses enfants. Pas de pathos. Ses confidences sont glaises, testament de pardon, dans cette orée des cendres qui labourent les confusions. Semer un regain d'amour et de résilience. Les choix sont des cartographies qui détournent les destinées trompeuses et glissent un Carpe Diem d'essence et de volonté. Le courage d'aller au risque des vents contraires. Suive la larme furtive, vivre et affronter de plein fouet le conventionnel. « Furtiva Lagrima » est une musique à étreindre. Saisir cette chance de l'heure des possibilités. Bandeau sur le visage des craintes. Vivre l'émancipation glorieuse. Ce beau livre d'un monde neuf, prêt à éclore est la réponse aux silences meurtris. A cette gestuelle, ombre cachée dans les murailles qui encerclent. Il est mot de passe et espoir. Caresse libérée et réponse au mystère des secrets de famille. Emouvant, larme de dualité, c'est la vie ici qui est vérité. Publié par les majeures Editions La Trace.

Furtiva Lagrima n'est pas le thriller familial introduit dans la préface, c'est un printemps sentimental qui pétille quand on l'ouvre au soleil !
Des personnages aux exigences dévorantes et sans compromis ... Une mémoire ombrageuse pour héritage … Les passions qui zèbrent ce roman tortueux auront du mal à vous laisser au Spitzberg.
Ce n'est pas un roman social : ses personnages sont bien nés, beaux, intelligents … Plus si jeunes, Ils sont pressés d'embarquer sur un chemin de vie idéal ...
Heureusement, ils sont aussi calculateurs, jaloux, possessifs, excessifs et beaucoup trop émotifs pour ne pas les retrouver plus tard sur d'autres chemins !
Plongez dans ce livre champagne !..