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Critique de Lucilou


Je me souviens comme si c'était hier de ma première lecture de "Le Club des Incorrigibles optimistes" lors de sa sortie. C'était, je crois, en 2011. J'étais encore étudiante alors et il m'avait été offert par ma maman dans son édition aujourd'hui un peu vintage "France Loisirs": couverture jaune soleil et titres imprimé en capitales multicolores.
Je l'ai dévoré et je me rappelle l'avoir fini dans le TER qui me conduisait chez l'une de mes amies.
Tout, j'avais tout aimé dans ce roman foisonnant: le rythme soutenu, la fluidité de la langue, Paris et la fontaine Médicis (combien de fois ai-je pensé à Cécile et Michel lorsque mes flâneries parisiennes me menaient là-bas!), le Balto, les personnages secondaires aussi poignants que savoureux, le contexte sociétal, ces années 60 où le rock entrait dans la vie des adolescents en même temps que "la question algérienne"; cet air de fresque générationnelle et familiale mêlé à la mélodie d'un récit d'initiation un peu triste et à celle du temps qui passe, de la douleur de grandir...
"Le Cercles des Incorrigibles Optimistes" je l'ai relu. Souvent. Je l'ai offert. Beaucoup. J'avais espéré qu'il marquerait aussi ma rencontre avec Jean-Michel Guenassia dont je me suis procuré les ouvrages suivants avec une certaine fébrilité. La déception qui suivit ces achats n'en fut que plus amère: "La vie rêvée d'Ernesto G." m'a prodigieusement ennuyée (et pourtant...). Quant à "La Valse des Arbres et du Ciel", je me suis sentie roulée... Les autres, je n'ai même pas essayé de les lire... Et j'ai moins relu mes optimistes pourtant adorés.
Oui mais voilà, l'année dernière, j'apprends en parcourant les rayonnages de la librairie que Guenassia s'est fendu d'une suite au Cercle!
Bien sûr que j'ai hésité, mais pas longtemps! Il y a tant de questions en suspend dont je rêvais d'avoir les réponses...
Bien sûr que j'ai acheté "Les Terres Promises" mais avant de m'y rendre, il me fallait relire "Le Cercles des Incorrigibles Optimistes" et je me suis lancée, nerveuse comme pour un café qu'on prendrait avec un ami perdu de vue depuis très longtemps.
Bien m'en a pris car la magie et le plaisir sont intacts! J'ai adoré retrouvé Michel et la tribu des Marini a l'histoire familiale si lourde, si compliqué cette sensation triste de délitement, les années 50 et 60 et leurs bouillonnement, le Paris de ce temps-là, Paris qui ne cessera jamais de m'éblouir. Par dessus tout, j'ai adoré retrouvé Igor, Sacha, Pavel, Vladimir, Léonid, leur truculence et leurs destins tourmentés et vivre à travers leurs yeux la Guerre Froide et le bloc est...
Finalement, cela ne raconte pas grand chose "Le Cercle des Incorrigibles Optimistes", que l'apprentissage de la vie, de l'amour et de l'engagement d'un gamin de douze ans au coeur d'une famille déchirée et qui se trouve des amis inattendus dans l'arrière salle d'un café parisien... Cela n'a l'air de rien, mais c'est énorme pourtant. La Grande histoire se mêle avec une fausse légèreté aux petites histoires, la France Gaulliste se mâtine de Russie Stalinienne au creux de chapitres qui alternent: Michel et les siens puis les optimistes et c'est à la fois grave et réjouissant, pétillant et profond. On ne s'ennuie pas une seconde, on vibre, on dévore...
Bien sûr que la langue est sans doute un brin trop classique mais l'ouvrage a cette douce amertume qui le rend si ambitieux, car oui, il est ambitieux ce pavé aux allures de fresque! Pour moi, c'est un peu le parangon du grand roman populaire qui n'est cependant pas dépourvu d'ambitions, le genre de roman qui concilie le plaisir totale et l'exigence... C'est à la fois beau et audacieux et cela me rappelle un peu le cycle des "Enfants de Longbridge" de Jonathan Coe. Mieux encore, cela m'a rappelé les films de François Truffaut, ceux qui racontent Antoine Doinel, sourires et larmes mêlés. Et moi quand je pense à Truffaut...

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