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Citations sur La politique de la Terreur : Essai sur la violence révo.. (65)

L'absorption de la politique par la morale à laquelle aboutit, entre 1792 et 1794, le discours robespierriste sur la révolution, par ajustement, dévoilement et explicitation progressifs, constitue précisément le socle idéologique du système de pouvoir qui se met en place après la mort de Danton. Parce qu'elle est désormais mise au service de l'accomplissement des fins morales de la Révolution française, la Terreur reçoit un caractère indéfini. Elle n'a plus de fin convenable en termes de circonstances extérieurs ou objectives puisqu'il ne peut y avoir de fin à ce qui en justifie le déploiement : les passions, l'égoïsme des individus, les factions... ; seulement toujours plus de terreur, afin de « remplir les vœux de la nature, accomplir les destinées de l'humanité, tenir les promesses de la philosophie, absoudre la Providence du long règne du crime et de la tyrannie », et, un jour, substituer « toutes les vertus et tous les miracles de la république à tous les vices et tous les ridicules de la monarchie* ».

*Rapport du 5 février 1794, dans Robespierre, /Œuvres/ t.X, p.352.
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Les contre-révolutionnaires confondent le cours de la Révolution avec ses principes, tandis que les révolutionnaires les séparent trop rigoureusement. Toute la difficulté est de penser ensemble ce que la Terreur a eu de contingent et ce qu'elle a eu de nécessaire.
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En investissant la volonté du pouvoir engendrer l'histoire, et en faisant de la volonté un instrument au service de la construction du sociale par la raison, les hommes de 1789 ont inventé l'idée moderne de révolution.
Dès la fin de 1790, Burke donna l'alerte en mesurant, l'un des premiers, l'abîme de violence et de despotisme où pouvait conduire l'ambition purement volontariste visant à refaire une société à partit des droits abstraits d'individus soustraits à tout enracinement social ou historique.
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La terreur gît sans doute comme une virtualité inscrite au cœur de toute entreprise volontariste, sous la forme d'un recours à la violence pour dompter des choses ou des hommes. Elle constitue en cela un horizon possible dans tous les contextes. Mais sa probabilité augmente quand ce qui doit être déraciné — traditions, habitudes, inégalités, croyances, institutions — forme une réalité plus tangible. De ce point de vue, l'exception ne réside pas dans le cas français, mais dans le modèle américain de révolutions, qui résulte d'une conjonction de facteurs trop singulière pour être aisément reproductible. La révolution de 1776-1787 n'a pas eu d'héritiers, tandis que celle de 1789 trouva plus tard des émules dans d'autres vieilles nations historiques où le poids des obstacles nourrissait la passion révolutionnaire.
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La particularité de la Vendée réside cependant dans le caractère systématique du massacre perpétré par les colonnes infernales du général Turreau à partir de janvier 1794, et dans le fait que la destruction du pays et de ses habitants est intervenue après la fin des combats. Même si Barère avait parlé au mois d'août 1793 d' "exterminer cette race rebelle", le décret exclut a priori la mise à mort de la population et stipulait même que les Bleus dont les propriétés souffriraient de la dévastation seraient indemnisés. L'initiative d'un massacre général et systématique n'est donc pas le fait des résolutions prises par la Convention au mois d'août. C'est sur le terrain qu'est prise la décision d'en finir une fois pour toutes avec l'insurrection en exterminant non seulement ceux qui ont pris les armes, mais l'ensemble d'une population jugée complice, impossible à soumettre et pour tout dire irrécupérable. Mais la Convention ne doit pas être absoute pour autant : le Comité de salut public semble avoir donné en octobre une plus grande extension au décret du 1er août, et au début de février 1794 il approuvera l'extermination.
Les souffrances infligées à la population vendéenne après la fin des combats et sans aucune relation avec les nécessités militaires constituent un crime sans équivalent dans l'histoire de la Révolution française, crime que l'on peut à bon droit qualifier, aujourd'hui, de crime contre l'humanité et que la tradition républicaine, peu soucieuse de revendiquer cet épisode sans gloire de son moment inaugural, a longtemps occulté ou nié.
(Pages 257 et 258) .
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Jusqu'aux défaites décisives essuyées devant Luçon le 14 août 1793 et surtout devant Cholet le 17 octobre, la Vendée semblait inexpugnable. La Convention résolut d'employer de grands moyens et adopta le 1er août, sur la proposition de Barère, un décret qui ordonnait de détruire la Vendée, ordre qu'elle réitéra le 1er octobre suivant.
Le décret du 1er août 1793 s'inscrit dans une logique militaire. Il s'agit de procéder à l'évacuation forcée de la population (art. 8) et de détruire le pays rebelle (art. 6-7), afin d'isoler les insurgés que l'on entend exterminer et priver de toute possibilité de ravitaillement comme de toute protection.
(Page 255).
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Ce qui se produit dans la Convention et à Paris se reproduit partout, à tous les échelons, dès qu'il existe la moindre parcelle d'autorité à contrôler. La raison en est simple : là ou s'efface la loi, règne l'insécurité, si bien que seule la jouissance du pouvoir, si infime soit-il, offre un minimum de protection : comme le dira Barras, il fallait être guillotineur pour n'être point guillotiné.
(Page 254).
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Ni les circonstances ni l'idéologie révolutionnaire n'expliquent à elles seules la violence extrême de l'automne et de l'hiver de 1793, qu'il faut imputer d'abord aux luttes pour le pouvoir.
(Page 252).
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Le gouvernement centralisé auquel la Terreur a abouti au début de 1794 n'a pas été le résultat d'un projet préconçu. Les futurs instruments du gouvernement révolutionnaire de l'an II avaient été mis en place dès le printemps de 1793, mais comme autant de créations de circonstance que leurs concepteurs n'inscrivaient nullement dans un projet à long terme. Cependant, la création du Tribunal révolutionnaire (9 mars), du Comité de salut public (6 avril), des comités de surveillance chargés de surveiller étrangers et suspects (21 avril), et l'envoi dans les départements de représentants en mission (9 mars), ont produit des effets imprévus et durables.
(Page 248).
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Plus crucial par ses conséquences est le renversement, avec le trône, de la Constitution promulguée en septembre 1791, moins d'un an auparavant. C'est en effet la légalité péniblement instituée depuis 1789 que les insurgés du 10 août [1792] jettent bas avec la royauté.
Plus grave encore, ils détruisent l'idée même de légalité. Ils ne renversent pas seulement une Constitution, mais le principe de toute Constitution présente et à venir, à savoir l'idée que la loi oblige et qu'il ne peut y avoir de modification de la loi que par la loi. L'insurrection du 10 août substitue le règne de la force à celui de la loi et la dictature des minorités au gouvernement par la majorité. Renverser la Constitution par la violence, c'est en effet dévaluer par avance toute future légalité, poser comme principe que la volonté du peuple, ou plutôt de ceux qui prétendent parler en son nom, est supérieure à tout contrat comme à tout engagement : ce qui a été renversé aujourd'hui le sera demain par le même motif, puisqu'il n'existe d'engagement que momentané, toujours soumis à révision, non par une procédure réglée, mais par la force appuyée sur le "volonté du peuple". Après le 10 août, la Constitution et la loi ne sont plus que chiffons de papier.
(Pages 243 et 244).
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