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EAN : 9782262063986
400 pages
Perrin (09/02/2017)
4/5   34 notes
Résumé :
Héros préférés des Français, Napoléon Bonaparte et Charles de Gaulle incarnent la figure du sauveur. Si beaucoup les sépare, à commencer par le siècle où ils vécurent, ils ont en commun d'avoir élevé notre patrie au-dessus d'elle-même, dans une quête de la grandeur nourrie d'une certaine idée de sa mission et de sa vocation à éclairer le monde. Dans cet essai historique puissant, porté par une plume rare, Patrice Gueniffey croise leur existence et interroge leur des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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De tous les personnages célèbres de l'histoire de France, Napoléon et De Gaulle arrivent en tête dans les sondages des Français, devançant ainsi Louis XIV et les autres personnalités de notre histoire qui sont d'ailleurs de moins en moins connues de la jeunesse d'aujourd'hui.

Napoléon et De Gaulle servent ainsi de matière au dernier livre de Patrice Guéniffey : Napoléon et De Gaulle : deux héros français. L'auteur ne propose pas un regard croisé complet de leur parcours militaire et politique, mais s'arrête sur ce qui les rapproche ou les oppose.

C'est ainsi que dans le premier chapitre, l'auteur s'attarde sur la prise de pouvoir respective de nos deux héros en 1799 et en 1958. Bonaparte, à son retour d'Égypte, portait par ses victoires, n'a pas de mal à s'emparer du pouvoir, détenu par un Directoire qui s'y maintenait tant bien que mal, et à mettre en place de nouvelles institutions qui régiront le quotidien des Français pendant des décennies alors que le général De Gaulle, qui était certain de son destin, doit attendre la crise algérienne de 1958 pour accéder au pouvoir et instaurer un régime présidentiel fort rompant ainsi avec la tradition républicaine des IIIe et IVe République.

Après cette évocation, Patrice Guéniffey traite, dans un deuxième chapitre, de la place des grands hommes dans notre histoire. Ont-ils fait la France et son histoire ou l'histoire de France a-t-elle été façonnée par le peuple français ? En fait, la vision de notre histoire diffère selon l'époque considérée. Sous l'Ancien Régime, les historiens évoquent l'histoire des rois, alors qu'au XIXe siècle, l'histoire de notre pays devient plus anonyme. Il en est ainsi de l'Histoire de la Révolution française de Michelet. Au XXe siècle, l'école des Annales analyse l'histoire de plus haut et sur la longue durée, rendant les faits historiques ou les grands hommes insignifiants. Mais cette façon d'appréhender l'histoire est aujourd'hui remise en cause. Par ailleurs, les héros ou les grands hommes ne sont pas forcément bien perçus selon les périodes. Napoléon suscite toujours le débat, De Gaulle fut l'homme le plus haï de son époque et Louis XIV attendit trois siècles sa réhabilitation. Et encore, ne subsiste-t-il dans la mémoire collective que grâce au château de Versailles.

Napoléon et De Gaulle sont tous deux des militaires, mais seul le premier fut un grand homme de guerre, un génie militaire, adoré de ses soldats et qui s'épanouissait sur les champs de bataille. A l'inverse, De Gaulle n'est pas un grand chef militaire, il est plutôt un homme politique pour qui la grandeur doit caractériser la France. Mais tous les deux doivent réunir une France divisée par les factions pour la guider vers son destin qui ne peut être que grand.

Nos deux héros ont aussi en commun d'être écrivain, même si Napoléon dicte plus qu'il n'écrit. Dans le cas de ce dernier, c'est le Mémorial de Sainte-Hélène qui retient l'attention car on y découvre l'Empereur tel qu'il fut. Quant à De Gaulle, il n'aurait pas été lui-même s'il n'avait pas écrit. Depuis son ouvrage Vers l'armée de métier jusqu'à ses Mémoires d'espoir, il se veut écrivain, imposant parfois sa version des faits. Napoléon était certes plus grand écrivain que De Gaulle, mais jamais « ce qu'ils ont écrit ne fera oublier ce qu'ils ont fait ».

Si le Panthéon est réservé aux grands hommes, il ne peut servir de sépulture à nos deux héros. Napoléon se devait de trouver un lieu moins froid et plus approprié à sa grandeur et le général De Gaulle voulait reposer auprès de sa fille à Colombey-les-Deux-Eglises. Ils se démarquèrent là aussi des autres célébrités de notre histoire nationale.

Patrice Guéniffey, qui connaît bien la période de la Révolution française et du Premier Empire et qui semble bien connaître également l'histoire du général De Gaulle, nous offre un ouvrage d'une grande qualité littéraire et historique, truffé de références à de nombreux auteurs de toute période et de toute confession politique. Un livre qui nous en apprend beaucoup sur le parcours des deux héros présentés, mais aussi sur la manière dont notre histoire est perçue au fil des siècles et des régimes politiques.

Napoléon et De Gaulle, deux héros qui personnifient aujourd'hui la France ou plutôt une certaine grandeur de la France.
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Trois grands hommes dominent notre panthéon national : Louis XIV, Napoléon et De Gaulle. Patrice Gueniffey s'intéresse dans son ouvrage à ces deux derniers.

Cet essai, opérant une comparaison entre Napoléon et De Gaulle peut s'inscrire dans la lignée d'un ouvrage fort ancien Les Vies parallèles de Plutarque.

L'auteur nous rappelle le culte bien français pour le sauveur, l'homme providentiel. Les deux hommes se hissèrent à ce niveau et sauront saisir le moment historique qui leur permettra d'atteindre le sommet de l'État (le 18 Brumaire, le 18 juin 1940 et mai 1958). Napoléon et De Gaulle à un moment critique de notre histoire nationale ont permis à la France de reprendre confiance en elle-même.
Ces deux grands hommes n'étaient pas des esprits radicaux mais des pères de la Nation ayant le sens de la mesure, aimant l'État et refusant son affaiblissement, cherchant à fédérer les camps adversaires.

De nombreux points communs sont mis en évidence. Une oeuvre commune : l'Empire et la Vème République avec un riche héritage, le Code civil et la dissuasion nucléaire. La mise en scène de leur retour, l'île d'Elbe et Colombey les deux Églises. le récit de leur épopée, pour Napoléon avec le mémorial de Las Cases, pour le général De Gaulle avec ses Mémoires de guerre. Les deux hommes eurent leur écrivain culte, chantre de leur politique, Chateaubriand et Malraux. Ils échappèrent tous les deux à un attentat, Cadoudal et Bastien-Thiry.
Puis ce fut la chute et l'exil, Waterloo et l'île de Saint-Hélène et le référendum de 1969 et la Boisserie.

Napoléon et De Gaulle n'auront pas de successeurs car ils s'étaient hissés à un tel niveau, tutoyant les cimes, que personne ne pourra l'atteindre.

Je remercie Babelio à travers l'opération masse critique et les éditions Perrin de m'avoir offert ce livre qui m'a donné un grand plaisir de lecture. C'est un essai pétillant et plein de verve.

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Deux "poids-lourds" dans notre histoire : Napoléon Bonaparte et Charles de Gaulle.
A travers leurs points communs et leurs différences, Patrice Gueniffey nous livre deux portraits puissants, mais sans concession, de ces deux personnages. Il évoque leurs petitesses (preuve de leur état de simples mortels) et leurs grandeurs (preuve de leur génie), ce qui nous les rend touchants. Et c'est tout à l'honneur de ce brillant historien de ne rien nous cacher de l'émotion qu'il ressent pour ces deux hommes.
Il insiste sur ce fait typiquement français : l'homme providentiel. Tous deux ont suscité l'unité nationale.
Tous deux sont arrivés à un moment où la France était dans une impasse. La différence résidant dans le fait que lorsque Napoléon prend le pouvoir, la France est lasse de dix ans de révolution et de l'incapacité du Directoire à régler les problèmes du pays. Mais la France avait toute sa vigueur, ce qu'elle allait prouver, d'une manière époustouflante, de 1800 à 1815.
Lorsque de Gaulle se fait connaître, la France a subi la plus grosse défaite de son histoire et il va lui redonner, face à des problèmes ardus, sa place parmi les vainqueurs de la barbarie nazie. Et ce grâce au dévouement de concitoyens qui n'ont pas admis cette défaite.
Napoléon a donc été porté par la France, alors que De Gaulle a tiré la France vers le haut.
L'auteur nous démontre que ces deux militaires étaient également des littéraires, reconnaissant tout de même à Napoléon un style plein de force et un souffle dans ses écrits.
Patrice Gueniffey déplore la disparition de l'étude des biographies des "grands hommes" et des "héros".
Il décode, avec humour la novalangue du "politiquement correct" qui préside à l'élaboration des programmes d'Histoire...Sobrement, mais clairement, il nous décrit le nivellement qui se traduit par la disparition de tous les grands hommes qui ont fait notre pays.
L'auteur compare les coupes effectuées dans notre histoire à la pratique des autorités soviétiques qui supprimaient les photos les personnages devenus des ennemis du Parti. A travers plusieurs exemples bien choisis, il nous démontre la médiocrité contemporaine, notamment celle du personnel politique.
Ce livre est puissant, plein de science tout en en étant profondément humain dans l'analyse des défauts et qualités de Napoléon et de de Gaulle.
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« Napoléon et De Gaulle, deux héros français » de Patrice Guenniffey est un livre remarquable. le titre cingle comme un défi, il enserre deux figures historiques incontournables dans un parallèle insaisissable. L'auteur questionne la mémoire collective, il façonne une définition du héros, personnage hors du commun qui saisit une occasion pour porter haut le destin d'une nation.
Le livre n'est pas un ouvrage biographique. Il explore le genre biographique pour répondre à la thématique ouverte par le titre. Au-delà du débat sur l'histoire nationale centrée sur nos grands personnages, l'auteur développe un questionnement sur les faits, en relation avec la mémoire collective et les témoignages des contemporains.
Les « retours croisés » permettent d'appréhender les conditions d'accès au pouvoir. le sens politique exceptionnel se double d'une farouche détermination et d'une redoutable organisation. L'homme providentiel noue un rapport particulier avec la nation.
Patrice Guenniffey cerne la notion de héros au cours des temps, il reprend les études des historiens (sous l'Ancien Régime, au XIX siècle avec Michelet, Taine … au XXème siècle avec l'Ecole des Annales…). Il appréhende la place du héros dans l'histoire nationale et les évolutions dans les analyses que font les historiens. le thème « la plume et l'épée » permet un parallèle sur les parcours militaires, leurs oeuvres politiques, et leur volonté de transmettre à l'écrit leurs idées et leurs parcours. « le cimetière des héros » aborde la chute et l'abandon du pouvoir. Les choix des deux hommes divergent quant à leurs dernières volontés.
Patrice Guenniffey est un historien spécialiste de la Révolution Française et du Premier Empire. Les notes et références sont nombreuses (53 pages), la liste des livres cités (sur 19 pages) montre une grande érudition. L'auteur glisse quelques commentaires personnels sur le monde politique contemporain, sur les évolutions des études historiques récentes .Ce ton personnel actualise l'ouvrage, et relance quelques débats avec intérêt. le style est soigné, l'emploi du subjonctif imparfait est remarqué avec « bonheur » à la lecture.. Bref, un livre dense, d'une grande culture à recommander.
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Cet essai, en faisant le parallèle entre Napoléon et De Gaulle, nous questionne sur la définition d'un grand Homme, d'un héros, d'un sauveur. L'auteur ne nous fournit pas une biographie de ces 2 grands personnages. Mais il fait des focus sur ce qui les rapproche.
Napoléon et De Gaulle ont tous les deux incarnés la grandeur d'une nation, peu importe les « moins » du bilan. Ils ont bâti une oeuvre durable : administration et lois civiles pour Napoléon et les institutions politiques pour De Gaulle.
Plusieurs thèmes sont abordés, comme l'art du retour, leur relation à l'histoire et à la France, leur exercice du pouvoir, l'art de la guerre, l'écriture de leurs Mémoires ainsi que leur fin politique.
Auparavant je ne me suis très peu intéressée à ces personnages. Ce livre est fort intéressant. Cela me remet en mémoire les grandes dates de leur épopée. de plus, l'auteur parle aussi de la place de l'Histoire dans la mémoire collective, la place des historiens, leurs différents points de vue. Il parle aussi des contemporains de Napoléon et De Gaulle, que ce soient leurs collaborateurs, les écrivains biographe ou parents.
Je suis ravie d'avoir lu ce livre et remercie Babelio au travers de l'opération Masse Critique et aussi les éditions Perrin de me l'avoir envoyé. Cela m'a donné envie d'en savoir plus et d'avoir d'autres points de vue, en piochant dans les nombreux ouvrages listés par Patrice Guéniffey dans ses annotations.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Napoléon avait fait croire aux Français qu’ils pouvaient renouer avec la suprématie qui avait été la leur au temps de Louis XIV et qu’ils avaient irrémédiablement perdue durant la guerre des sept ans tandis que de Gaulle rallongea de quelques années le pacte de la France avec l’universel, en effaçant fictivement les conséquences inéluctables du désastre de 1940.
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Napoléon n'était pas une tête brûlée comme Murat qui se lancerait à l'aveugle à la reconquête de son royaume de Naples et y laisserait la vie . Il s'accommodait de tout mais seulement jusqu'à ce qu'une occasion de faire mieux se présentât. L'important pour lui était de jouer la partie jusqu'au bout .
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De Gaulle allait fêter ses cinquante ans en 1940 à cet âge, Napoléon avait depuis longtemps conquis puis perdu l'Europe. Général à 24 ans, chef de l'armée d Italie à 27, premier consul à. 30, empereur à 35, vaincu à 45 et mort à 51 ans
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Retomber de Bonaparte et de l'Empire à ce qui les a suivis, c'est tomber de la réalité dans le néant, du sommet d'une montagne dans un gouffre. Tout n'est-il pas terminé avec Napoléon ?
Quel personnage peut intéresser en dehors de lui ? De qui et de quoi peut-il être question, après un pareil homme ?
Comment louer Louis XVIII en place de l'Empereur ? Je rougis en pensant qu'il me faut nasillonner à cette heure d'une foule d'infimes créatures dont je fais partie, êtres douteux et nocturnes que nous fûmes d'une scène dont le large soleil avait disparu.
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Chez Napoléon, la mansuétude n'est pas l'effet de la bienveillance mais de l'indifférence et de la misanthropie. Ce n'est pas parce qu'il aime ses contemporains qu'il leur pardonne mais parce qu'il les méprise. D'eux jamais il n'attend rien. La véritable colère qui suit souvent la déception ou la trahison lui est inconnue 149
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Videos de Patrice Gueniffey (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrice Gueniffey
Storia Voce • 8 avr. 2021 1789 : l’instant où le peuple devient citoyen?
Notre invité: Patrice Gueniffey est directeur d’études à l’EHESS et membre du Centre d’études sociologiques et politiques Raymond-Aron, grand spécialiste de la Révolution et de l'Empire. Le nombre et la raison, la Révolution française et les élections est le titre de la thèse de Patrice Gueniffey, réédité au éditions du Cerf (novembre 2020,588 pages, 24,00€).
Peu d’historiens maintiennent encore aujourd’hui que la Révolution française fut un mouvement d’émancipation du peuple à l’égard d’un roi et d’une élite corrompue. En effet, une bonne partie du peuple reste absente des décisions politiques prises par une minorité. Force aussi est de constater que la Révolution française est en partie un phénomène particulièrement violent de l’histoire de France: 1793 est-il donc la continuité ou le débordement de 1789? Cette violence n'était-elle pas le prix nécessaire pour connaître la liberté, l'égalité et la fraternité ? Là où sous l’Ancien Régime ces principes renvoyaient plutôt à des vérités philosophiques ou des principes moraux hérités du christianisme, ils deviennent les fondements de la nouvelle forme de régime : la république et la démocratie. Le suffrage est-il donc le symbole et l’heureuse conciliation des trois principes qui fondent la république ? Qu’en est-il réellement de son application pendant la Révolution ? Le 29 décembre 1789, un décret convoque les assemblées primaires de toutes leurs communes pour élire leur municipalité. En dix ans, on verra dix régimes de suffrage se succéder. Comment cette méthode politique s’est-elle mise en place ? Comment a-t-elle permis au peuple de s’exprimer concrètement ? Pourquoi le suffrage est-il un objet d’histoire ? Quelques historiens y ont consacré des travaux. Hippolyte Taine, Augustin Cochin et plus récemment Patrice Gueniffey, reçu ici par Mari-Gwenn Carichon.
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