Que serait le monde sans imagination ? Que serait le monde sans la rêverie, sans la gourmandise, sans l'échange attentif ? Que serait le monde sans l'existence de terrasses bienveillantes ?
Il y a comme un joyeux paradoxe entre la simplicité du bloc de chocolat et la démesure des sensations créées par la dégustation. Comment ce jaillissement de parfums, de sensations, de plaisir peut-il naître d'une matière qui semble si sage ?
La lucidité, c'est savoir apprécier le sucre de la vie sans jamais sombrer dans l'amertume du désenchantement.
Le monde est ce qu'il est. Il nous appartient d'y faire face et de contribuer, en s'appuyant sur l'empathie et l'amour, à lui donner plus de sens. Ne pas aimer la vie serait donner raison aux infâmes, aux fatalistes, aux renonçants.
Nous sommes des cartes géographiques plus ou moins nettes, marquées par les chemins escarpés et jamais rectilignes de nos parcours biographiques. Les fleuves sont nos cortèges d'illusions perdues. Ou maintenues. Notre visage est l'expression de notre géographie intime.
Il faudrait que les économistes du bonheur étudient les effets de la disponibilité de plaquettes de chocolat de grande qualité, ou la densité d'artisans chocolatiers sur un territoire...
Serge Guérin cite Edgar Alan Poe :
" ceux qui rêvent éveillés ont connaissance de mille choses qui échappent à ceux qui ne rêvent qu'endormis"
Un monde peut tenir et se construire sans religion, mais pas sans spiritualité, ni sens de l'absurde.
Ensemble on déguste le temps, on prend plaisir au partage, on goûte des sensations communes, on ressent le poids de l'amitié...
Le bonheur est une donnée relative, évolutive et progressive.